Quel usage professionnel faites-vous de l'Internet ?

Une relation constante avec les confrères

Je suis un internaute convaincu. Pour un vétérinaire rural comme moi, installé au fond du Cantal, où il n'est pas toujours possible de se déplacer pour assister à des réunions, l'Internet est devenu un outil indispensable. Au prix d'un peu de temps passé sur l'ordinateur, je suis en relation constante avec mes confrères ou avec l'administration. La crise de la fièvre catarrhale ovine a montré, par exemple, l'importance des courriers électroniques des services vétérinaires. L'été dernier, cela a permis de connaître l'évolution de l'épizootie presque en temps réel. Toutes les informations n'étaient pas adaptées à notre activité, mais il était vraiment utile d'en suivre le fil, sous peine que d'autres professionnels concernés soient mieux renseignés que nous.

Si je lis souvent en diagonale les newsletters que je reçois de la presse professionnelle ou celle, pertinente, de l'Ordre des vétérinaires, il est rassurant de se savoir en permanence informé. Je suis d'ailleurs également abonné aux listes de diffusion de Vetonet que je consulte régulièrement et qui me permettent de discuter avec d'autres vétérinaires ruraux de cas cliniques, mais aussi de sujets plus généraux. Le site Vetofocus est également richement illustré et d'un excellent niveau technique.

Dans l'avenir, je souhaite que le cabinet ait accès au réseau Sigal qui regroupe les informations administratives de chaque cheptel et même, rêvons un peu, que les exploitants s'équipent pour que nous puissions travailler sur des carnets sanitaires et des registres d'élevage informatisés (ce n'est pas le cas dans notre région).

Nous avons opté pour un site personnalisé

L'Internet est actuellement l'outil de communication le plus utilisé par les ménages. Il est plus facile de consulter Google pour trouver un vétérinaire que d'ouvrir les Pages jaunes.

Mais il constitue aussi une source de désinformation. Ainsi, de nombreux sites non vétérinaires et des forums discréditent régulièrement notre profession. C'est dans un objectif d'information et de communication que nous avons voulu créer notre site. Nous avons donc fait appel à un informaticien pour la conception d'un site personnalisé, pour son hébergement et son référencement, tout en restant conformes à la déontologie (certaines rubriques sont verrouillées par des codes d'accès). Nous souhaitions un site évolutif, avec la possibilité de créer de nouvelles rubriques selon la diversification des services proposés. Pour rester attractif, le site doit être “vivant”, donc régulièrement réactualisé, ce qui est chronophage mais indispensable. Il permet de présenter aux clients le personnel, le plateau technique et les moyens à la disposition des animaux, souvent ignorés. Nombreuses sont les personnes qui ne se doutent pas que les vétérinaires disposent d'un laboratoire, de matériels d'imagerie, d'appareils de monitoring, de blocs chirurgicaux, etc. Grâce aux photos et bientôt aux vidéos, accompagnées de fiches explicatives, les informations techniques apparaissent plus claires, les propriétaires sont mis en confiance et deviennent demandeurs de soins lourds.

Le site permet par ailleurs de communiquer plus efficacement entre confrères, le téléchargement des dossiers médicaux va plus vite que la voie postale.

Les vétérinaires ne sont pas assez présents sur la toile

Dans la panoplie des outils, j'utilise les courriels en remplacement des télécopies. Je suis aussi consommateur de contenu. J'apprécie de trouver rapidement une information précise, quitte à croiser les sources.

Depuis dix ans, je suis passé de l'autre côté de l'écran, puisque j'anime le site Portail-vétérinaire.com, ouvert aux propriétaires d'animaux et aux praticiens. Devant la carence criante de la profession sur le Web, faire acte de présence m'avait alors semblé indispensable. Aujourd'hui encore, l'espace abandonné par les vétérinaires reste trop grand, ce qui laisse des sites ou des forums animaliers approximatifs ou des sites de pharmaciens affairistes s'installer. J'espérais que mon initiative serait reprise par des confrères plus nombreux. Rares ont été les aventuriers. La faute à l'assistanat qui taraude la profession et à la crainte du cerbère ordinal. Si les maîtres trouvent toujours sur mon site les conseils d'un professionnel, les rubriques destinées aux praticiens (toxicologie, comportement, formulaires à télécharger, etc.) sont momentanément fermées faute de partenariat.

L'avenir de l'Internet vétérinaire passe, je l'espère encore, par une révision drastique de la communication professionnelle à l'initiative de confrères illuminés, désintéressés et intéressants, qui s'uniront pour animer un site animalier de référence (conseils pour toutes les espèces et renvoi au vétérinaire local), que les praticiens pourront recommander à leurs clients. La liberté de communication promise en fin d'année fait plutôt craindre un charivari de sites personnels mal maîtrisés.