« Lancez-vous dans le bilan sanitaire d’élevage » - La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009

Filière équine. Réunion de l’Avef le 8 juin

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Pour l’Avef, au-delà de l’aspect réglementaire, le bilan sanitaire constitue une démarche d’amélioration et un outil au service de l’éleveur.

Il faut être proactif et aller vers les clients », a souligné Jean-Yves Gauchot, président de l’Association vétérinaire équine française (Avef), lors d’une réunion organisée à Argentan (Orne), le 8 juin dernier. Pour cela, pourquoi ne pas profiter des bilans sanitaires d’élevage ? Ils ont en effet été largement évoqués devant la quarantaine de confrères rassemblés pour l’occasion. Ces bilans s’intègrent dans le cadre du décret du 24 avril 2007, qui instaure notamment la notion de prescription hors de l’examen clinique de l’animal, par un vétérinaire auquel est confiée la responsabilité du suivi sanitaire permanent de l’élevage. Déjà pratiqués en médecine rurale, ces bilans s’organisent dans le secteur équin, accompagnés de leur lot inévitable d’interrogations. La réunion de l’Avef a permis d’en débattre et d’apporter des conseils pratiques via un échange qui se poursuivra ultérieurement en régions. Le bilan sanitaire est souvent perçu comme une disposition réglementaire contraignante. Pour Jean-Yves Gauchot, au contraire, il constitue une formidable opportunité pour le praticien, amené à se positionner comme le partenaire, l’expert et le conseiller privilégié de la filière équine. Il lui permet par ailleurs de dépasser le stade de la médecine équine individuelle pour aborder la notion de groupe. « Au départ, cela a beaucoup grincé. Mais au final, le bilan sanitaire se révèle un moment de communication privilégié et il est souvent l’occasion de donner des conseils que, traditionnellement, nous n’avions pas le temps de formuler  », a ainsi témoigné Jean-Marc Betsch, praticien à Ecouché (Orne). Et de poursuivre : « C’est une formidable occasion de se replacer dans la médecine sportive et de ne plus être seulement le vétérinaire pompier ! »

Des réunions internes pour planifier et assurer un suivi

« La prescription et la délivrance constituent un véritable parcours d’obstacles ! », a témoigné Xavier d’Ablon, praticien à Deauville (Calvados). Le premier écueil est interne à la structure. « La mise en place des bilans doit s’inscrire dans une dynamique d’équipe  », a insisté notre confrère, qui reconnaît que l’emploi du temps est certainement la principale difficulté. Pour favoriser l’échange et la communication, il organise d’ailleurs des réunions de formation auprès du personnel de sa clinique. « Des points réguliers sont nécessaires pour réaliser un suivi et anticiper des cas pratiques. » Pour ceux qui ne peuvent pas mettre en place ces rendez-vous internes ou souhaitent aller plus loin, des formations sont également dispensées par le Gipsa, l’organisme de formation des auxiliaires.

Une actualisation au minimum annuelle et un enjeu majeur pour le praticien

Le bilan sanitaire d’élevage constitue une photographie sanitaire de l’exploitation et permet d’identifier les affections sur lesquelles il convient de faire porter les efforts. Contrairement au secteur rural, il n’est pas destiné à l’ensemble de la clientèle équine, mais concerne les chevaux « élevés à des fins commerciales », stipule le décret. Interrogé par l’Avef sur l’interprétation de ces termes, le ministère de l’Agriculture les a éclaircis, indiquant qu’il s’agit des chevaux « détenus à des fins commerciales », par exemple ceux des centres équestres, même si ces derniers n’en sont pas les propriétaires.

Le suivi sanitaire s’accompagne de la rédaction obligatoire d’un rapport de synthèse, dont notre consœur Laurence Lajou, consultante au sein de la société Something Else, a détaillé les modalités pratiques (voir l’article ci-dessous). Une actualisation régulière, au minimum annuelle, est nécessaire, via au moins une visite de suivi chaque année. Le compte rendu est consigné dans le registre d’élevage et dans les dossiers médicaux du vétérinaire. Il est d’autant plus important de respecter ces obligations que « l’enjeu du bilan sanitaire est quadruple pour le praticien, a insisté Laurence Lajou. Il permet de préserver la délivrance du médicament, de facturer et de valoriser les visites en se positionnant comme un conseiller de la filière équine, mais aussi de renouer des relations positives et de confiance avec les éleveurs, afin de reprendre la main sur un marché où la consommation du médicament [comme la concurrence] est anarchique ». « La mise en place des bilans sanitaires nécessite une bonne préparation, a poursuivi Laurence Lajou. Il faut se rassembler autour d’une table pour établir la procédure, puis la mettre en œuvre. En outre, le sérieux de ce suivi et sa réalisation dans les délais impartis sont liés à la rémunération. » Il revient au praticien de se départir d’un contrat qui serait perdant-perdant en proposant un bilan “pas cher, vite fait” ou en le considérant seulement comme une contrainte réglementaire de plus. L’essai doit être transformé auprès de l’éleveur. Pour cela, il faut aussi « penser à aplanir les différends entre les confrères pour offrir une position et un discours communs au sein de la clinique ! ».

Une communication essentielle pour faire passer le message aux clients

Après la théorie, la pratique. Les praticiens se sont notamment interrogés sur le rôle de l’auxiliaire à l’accueil. La vigilance est en effet de mise, car si le bilan sanitaire d’élevage autorise une prescription hors de l’examen clinique de l’animal, il ne permet pas pour autant la délivrance par l’auxiliaire sans ordonnance.

Concernant la rédaction des protocoles de soins, « n’indiquez pas de nom déposé de médicament, a expliqué Xavier d’Ablon. Si vous précisez qu’un principe actif est donné comme antibiotique, vous ne pourrez pas en donner d’autre ». La question à se poser n’est pas « le médicament X est-il inscrit dans le protocole de soins ? », mais « les affections respiratoires, par exemple, y figurent-elles ? ».

Il reste ensuite à faire passer le message de l’intérêt du bilan sanitaire auprès de la clientèle, ce qui est parfois malaisé avec certains propriétaires pour lesquels les médicaments s’apparentent à des Smarties, et alors que certains pharmaciens et confrères voisins ne jouent pas toujours le jeu… La communication au quotidien est donc un enjeu essentiel.

Pas plus de 2 000 chevaux

Le législateur fixe à deux mille le nombre maximal de chevaux suivis par un vétérinaire exerçant en équine à temps plein. Pour un exercice équin à mi-temps, le bilan sanitaire d’élevage ne peut donc concerner que mille équidés.

M. N.
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