L’action contre les maladies infectieuses équines doit être internationale

Se protéger des maladies équines dans un environnement international qui évolue, tel était le thème du séminaire organisé par Fort-Dodge du 10 au 12 juin à Padoue (Italie). Un panel des spécialistes mondiaux sur le sujet était réuni à cette occasion.

Tous les acteurs ont reconnu que la propagation des affections peut aujourd’hui être rapide et n’épargne potentiellement aucun pays, même pour des maladies infectieuses qu’il aurait été tentant de qualifier de “dépassées”. Il convient de prendre en compte les échanges internationaux. Gideon Brückner (OIE) a ainsi souligné « l’importance des règles du commerce international, afin de combler le fossé entre les pays développés et les autres, sans pour autant accepter les compromis ». Selon lui, « il faut considérer la santé animale comme un bien public mondial ».

Une harmonisation du diagnostic et de la vaccination parfois difficile pour la grippe

Ann Cullinane (Irish Equine Centre, Irlande) est venue rappeler la possibilité pour le virus grippal de traverser la barrière d’espèce. « Chez les chevaux, deux lignages se sont adaptés : H7N7 et H3N8. » Le virus H3N8 est celui qui importe le plus dans la mesure où il est une cause majeure de maladie respiratoire chez le cheval. « Nous avons de la chance en équine actuellement, car le réassortiment génétique est peu probable. » L’exemple australien récent montre que, sur une population “naïve”, la période d’incubation est courte et la propagation du virus dans les effectifs peut être fulgurante (plus de quarante-cinq mille chevaux infestés en Australie en 2007). Le virus de la grippe – une affection citée en priorité par miles maladies infectieuses équines lors d’un sondage effectué auprès de l’auditoire – place les pays face à un challenge en raison de sa forte contagiosité, des conséquences économiques de sa gestion (annulations d’événements) et des risques de mutation ou de dérive antigénique.

En outre, une demande de plus en plus forte, soulevée à plusieurs occasions lors du séminaire, concerne une nécessaire « harmonisation des tests » entre les sociétés de courses, les Etats. Il est également important, en termes de diagnostic, qu’il existe une coordination au niveau de l’exportation des chevaux et lors des rassemblements. « En Irlande, nous avons adopté une politique de vaccination obligatoire depuis 1980 et nous n’avons annulé aucune course depuis. Nous recommandons des rappels tous les six mois pour les chevaux de course. » Ann Cullinane a aussi insisté sur la biosécurité, pour « que ceux qui s’occupent des chevaux infectés ne transmettent pas le virus ».

La latence et le portage sont à l’origine de la propagation virale

Le rôle central de la latence des herpès virus équins a été abordé par Kees van Maanen (université d’Utrecht). « L’idée d’un vaccin intranasal est intéressante à étudier. » Un accent particulier est à mettre sur la compréhension de la pathogenèse, de la latence, des facteurs de réactivation.

Concernantl’artériteviraleéquine, Peter Timoney (université du Kentucky, Etats-Unis) a rappelé que le virus peut se répandre avec la même facilité que celui de la grippe : « Il est nécessaire aujourd’hui de sensibiliser davantage à la signalisation de la maladie et il faut harmoniser et moderniser les tests de diagnostic. » D’après lui, « le portage est probablement le réservoir principal du virus entre les poussées de la maladie ». Outre les mesures de surveillance (dépister les semences, les étalons, etc.), Peter Timoney a souligné l’intérêt de la vaccination : « Dans des situations de gestion intensive de juments, il est fortement conseillé de vacciner tous les animaux à risque. »

L’actualité en France est venue rappeler que l’anémie infectieuse équine n’était pas forcément étrangère à l’Europe. « En Italie, nous avons dû faire face à une grave menace en 2006, à la suite de l’utilisation illégale de plasmas infectés », a détaillé Gian Luca Autorino (IZS delle Regioni Lazio,Toscane). Une autre problématique concerne « le risque de portage inapparent, qui peut être imprévisible et entraîner l’infection d’autres chevaux ».

La peste équine d’Afrique connaît également une forte actualité. Selon Alan Guthrie (université de Prétoria, Afrique du Sud), elle est mortelle chez 70 à 95 % des chevaux naïfs. « Les praticiens doivent être en mesure de reconnaître les signes cliniques de ce qui pourrait ressembler à une maladie exotique. » Souvent, elle est associée à une mort soudaine.

De son côté, le virus West Nile est à l’origine d’un risque réel. « La maladie est maintenant endémique en Italie », a expliqué Rocky Bigbie (Fort-Dodge). En raison du changement climatique, il existe un risque accru de portage du virus par les vecteurs. Un vaccin est disponible ce mois-ci en France. L’auditoire, qui a été interrogé à ce sujet, a en effet placé la vaccination en tête des mesures les plus importantes de contrôle de la maladie de West Nile (avec 46 % des réponses), devant la surveillance des vecteurs (22 %) et de l’environnement.