L’examen des appareils génitaux n’est qu’un des trois temps du suivi de la reproduction

La visite de reproduction proprement dite d’un cheptel de vaches laitières est un véritable suivi de troupeau⁽¹⁾ qui comprend trois temps : « un examen de groupe, l’examen des vaches sélectionnées, ainsi que les commentaires et l’analyse des bilans de situation », a exposé Marc Ennuyer, vétérinaire à Mailly-Maillet (Somme), lors de la session du cycle de formation Repro’Session organisée à la Roche-sur-Yon par le laboratoire Ceva Santé animale, le 19 mars dernier. L’examen du troupeau permet d’objectiver les indicateurs de suivi, de les comparer aux objectifs fixés avec l’éleveur et de repérer ceux qui atteignent les seuils d’alerte⁽¹⁾. Les notes d’état corporel, d’aplombs et de remplissage du rumen, ainsi que la structure des bouses et le comportement à l’auge sont passés en revue (^{voir photos 1}, ², ³).

Les notes d’état (^{voir figure 1}) sont attribuées à quelques vaches à différents stades de lactation (début, milieu et fin). En revanche, « les vaches en post-partum sont examinées individuellement et leur état corporel est systématiquement noté », a précisé l’intervenant.

L’examen individuel comprend celui de l’involution utérine, le dépistage des métrites, le diagnostic de gestation et le diagnostic de l’activité ovarienne par échographie. « J’examine l’involution utérine de tous les animaux sélectionnés pour la visite. Les vaches qui ne sont pas à risque m’intéressent particulièrement, elles sont de véritables indicateurs de troupeau. »

Pour celles qui nécessitent un traitement d’induction des chaleurs, Marc Ennuyer prescrit en première intention deux injections de PGF2α. « Je privilégie l’insémination sur chaleurs observées. » En cas d’échec, il utilise le protocole GnRH-PGF2α-GnRH, mais uniquement quand l’échographie permet d’observer un follicule d’un diamètre supérieur à 10 mm sur l’ovaire (^{voir photo 4 en page 42}). « Le délai optimal entre la deuxième injection de GnRH et l’insémination artificielle est de seize heures. » Si un diagnostic d’anœstrus vrai (rarement observé en élevage laitier) est établi, un traitement progestatif de neuf jours, associé à une injection de prostaglandine, est prescrit.

L’analyse du rapport TB/TP permet de s’affranchir de la dilution

« Nous sommes là pour repérer les dérapages, c’est prioritaire, a insisté notre confrère. Il m’est arrivé de laisser tomber les examens des appareils génitaux pour trouver les raisons pour lesquelles les vaches d’un troupeau maigrissaient. » Le bilan de situation (^{voir figure 2 en page 42}), les résultats mensuels du contrôle laitier (lait standard, mois moyen, niveau d’étable, TP objectif, urée, etc.) et les taux individuels doivent être systématiquement passés en revue. L’examen des taux individuels permet au vétérinaire de repérer les éléments qui paraissent déraper. Ainsi, les documents présentés par Marc Ennuyer ont permis aux praticiens de détecter des animaux présentant des taux anormaux, par exemple sept vaches ayant respectivement un taux butyreux (TB) égal à 31,3, 29, 30, 32, 31,8, 33,3 et 19 g/kg et cinq autres prim’holstein produisant du lait avec un taux protéique (TP) égal à 27, 26,7, 26,3 et 27,4 g/kg. Un taux est une quantité de matière divisée par une quantité de lait. Son interprétation nécessite donc de vérifier qu’une chute concomitante de la production de lait ne perturbe pas l’interprétation de l’évolution du TB et du TP. L’analyse du rapport TB/TP permet de s’affranchir de la dilution. Les vaches qui sont en acidose ou en début d’acidose présentent un rapport TB/TP inférieur à 1, celles qui sont en acétonémie ont un rapport TB/TP supérieur à 1,5 (^{voir graphique 3}). Lorsque le rapport TB/TP est anormal chez une ou deux vaches laitières seulement, « il est toujours important d’identifier ces individus. Le vétérinaire proposera un traitement individuel pour les aider ».

Veto’Expert permet notamment de comparer aisément deux populations de vaches

Marc Ennuyer utilise le logiciel Veto’Expert pour éditer le bilan de situation, l’ensemble des paramètres de reproduction (nombre de retours à six semaines, de diagnostics de gestation négatifs, de fausses chaleurs, d’inséminations artificielles efficaces si une insémination est réalisée par jour, deux, ou plus), identifier les animaux à problèmes et “mouliner” tous les indicateurs nécessaires à l’analyse approfondie du trouble de la reproduction. Ainsi, la répartition mois par mois des inséminations permet de diagnostiquer à quel moment la fertilité s’est dégradée.

La représentation graphique des TB, TP et des rapports TB/TP indique non seulement les taux déviants, mais également le coefficient de corrélation entre les taux et la production et les taux déviants (^{voir graphique 3}). Par ailleurs, cet outil permet de comparer aisément deux populations de vaches au sein d’un troupeau, celles à problème versus celles sans problème.

Notre confrère a illustré la méthodologie employée en s’appuyant sur l’exemple de la dégradation du taux de réussite en première insémination dans un troupeau de quarante-huit vaches laitières, démontrant ainsi la performance du logiciel Veto’Expert en tant qu’outil d’aide au diagnostic d’un trouble de la reproduction en élevage laitier.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 9/4/2009 en pages 36 à 38.