Une arche gelée s’applique à préserver le patrimoine génétique des espèces menacées - La Semaine Vétérinaire n° 1370 du 04/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1370 du 04/09/2009

Conservation

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

L’ADN des animaux en danger est recueilli dans un but de conservation de la diversité biologique.

La Terre traverse une crise d’extinction d’espèces sans précédent. Son ampleur est comparable à celles des crises survenues à l’occasion des grands changements subis par la planète aux cours de ses milliards d’années d’existence (glaciation, météorite, etc.). Cependant, elle diffère des précédentes en ce qu’elle est principalement provoquée par les activités humaines et leurs conséquences. Ainsi, les espèces sauvages, aussi bien végétales qu’animales, disparaissent à grande vitesse. Leur taux d’extinction est plus de cent fois supérieur au taux normal de disparition des espèces dû à l’évolution par la sélection naturelle. Il pourrait encore progresser d’un facteur 10, voire 100 au cours des décennies à venir.

Faute de sauver l’espèce, un projet s’attache à sauver ses gènes

Ce constat conduit à de nombreuses initiatives qui visent à préserver la diversité biologique de la planète. Pour cela, différentes approches sont possibles, dont beaucoup se concentrent sur la conservation des espèces sauvages in situ, voire ex situ, ce qui est le propre des réserves naturelles et des parcs zoologiques. D’autres s’intéressent plus à la conservation du matériel génétique qu’à celle de l’individu dans son intégralité. Ces projets se fondent sur l’impossibilité de protéger toutes les espèces en même temps, même en cas de succès de la majorité des efforts de conservation. En effet, le déclin observé est tel que certaines espèces sont appelées à s’éteindre malgré les mesures mises en place.

C’est ainsi qu’est né le projet Arche gelée (Frozen Ark) en 2004, qui a pour but de coordonner les efforts en matière de conservation du matériel génétique des espèces en voie de disparition, en organisant une banque de données, mais également en rassemblant un maximum d’échantillons contenant l’ADN d’espèces menacées au sein d’une seule et même structure. Cette initiative apparaît comme une solution de secours pour les espèces qui n’auront pu être sauvées. Même si cela peut sembler une maigre consolation, leur information génétique perdurera.

L’ADN contient des informations essentielles sur les espèces

La conservation de l’ADN dans une forme qui permet le séquençage donne accès à des informations essentielles sur la phylogénie, l’organisation, le métabolisme et la physiologie de l’espèce. Pour cela, un petit morceau de tissu, un peu de sang ou encore quelques cellules sexuelles conservés dans de bonnes conditions (à - 70 °C ou à la température de l’azote liquide, par exemple) peuvent rester intacts, ainsi que l’information qu’ils contiennent, pendant plusieurs milliers d’années. Si la congélation à des températures aussi basses n’est pas accessible dans tous les pays, il existe un certain nombre d’autres techniques de conservation du matériel biologique qui peuvent fournir des solutions satisfaisantes, bien que plus temporaires. Il s’agit notamment de la conservation dans l’éthanol pur ou de l’utilisation de buvards.

L’Arche gelée protège actuellement l’information génétique de plus de deux cents espèces animales, dont trente sont éteintes dans la nature. Le succès de cette opération de sauvegarde du patrimoine génétique dépend essentiellement de la participation des parcs zoologiques et des aquariums, susceptibles de collecter des échantillons de tissus, voire des cellules sur les animaux qu’ils possèdent. L’un des objectifs du projet est de recueillir, d’ici à trois ans, des échantillons concernant cinq cents espèces d’animaux considérés comme menacés par la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), aujourd’hui détenues dans les zoos et les aquariums de Grande-Bretagne.

Une nouvelle fois, la conservation de la diversité biologique est au centre d’une controverse. Préserver l’information génétique d’une espèce ne revient malheureusement pas à la sauver. Une espèce est certes définie par son patrimoine génétique, mais également par l’écosystème qu’elle occupe et les relations qu’elle entretient avec les autres. Sauvegarder seulement l’ADN d’une espèce n’est qu’une maigre consolation face à sa disparition.

  • Source : A.G. Clarke : « The frozen ark project : the role of zoos and aquariums in preserving the genetic material of threatened animals », International Zoo Yearbook, 2009, vol. 43, n° 1, pp. 222-230.

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