Auvergne. Fièvre charbonneuse
Actualité
Auteur(s) : Serge Trouillet
Depuis l’ouverture de son cabinet vétérinaire à La Tour d’Auvergne, au pied du puy de Sancy (Puy-de-Dôme), il y a trente ans, René Jal n’avait jamais été confronté directement à la fièvre charbonneuse. Pourtant, au début du mois de juin, lorsque son plus important client l’informe de deux cas de morts subites dans son cheptel de montbéliardes laitières, sur une petite parcelle de la commune de Picherande, il y pense tout de suite : « Une telle mort subite chez un producteur de fromage qui suit aussi bien ses bêtes, cela pouvait être le charbon symptomatique, la fièvre charbonneuse ou une intoxication. Plutôt le charbon d’ailleurs, car les morts étaient espacées et foudroyantes. Les analyses effectuées sur le troisième cadavre par le laboratoire départemental ont vite rendu leur verdict : suspicion de fièvre charbonneuse, confirmée huit jours plus tard par l’unité des zoonoses bactériennes de l’Afssa, à Maisons-Alfort. »
Entre-temps, le quatrième jour, quatre autres vaches sont touchées, mais avec une symptomatologie différente pour chacune : troubles nerveux pour l’une, digestifs pour une autre, locomoteurs pour la troisième, et la dernière présente une cyanose des tétines. Grâce à l’intervention de René Jal, qui les soigne d’instinct à la pénicilline, trois d’entre elles sont sauvées. L’alerte sanitaire est alors générale : Direction des services vétérinaires, Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, mairie, gendarmerie, etc. Il s’agit d’entrer en contact avec toutes les personnes qui ont approché les animaux, car cette maladie est transmissible à l’homme : « Il existe une forme cutanée relativement bénigne qui se soigne bien et qui apparaît dans les sept jours, mais il y a aussi une forme pulmonaire qui peut survenir dans les soixante jours et qui, elle, est mortelle ! »
Les vaccins, fabriqués en Uruguay mais disponibles immédiatement chez Merial, à Lyon, ont permis d’enrayer rapidement l’épidémie qui, au final, a entraîné la mort de huit vaches sur les dix-huit de la parcelle contaminée, dont une après la première injection. Les premiers cadavres ayant été ramenés à l’exploitation principale, où se fait la traite, tout le cheptel de trois cents bêtes a finalement été vacciné, ainsi que celles des parcelles voisines.
Mais que s’est-il passé ? La maladie est généralement d’origine tellurique et le sol, contaminé par les spores charbonneuses, constitue le véritable réservoir de l’affection. Une excavation ou un ravinement peuvent expliquer la remontée de ces spores, particulièrement résistantes, comme ce fut le cas à quelques kilomètres, à Egliseneuve-d’Entraigues. « C’était lors de la canicule de 2003, se souvient René Jal. Le terrain humide avait été creusé pour récupérer de l’eau, probablement à un endroit où, jadis, avaient été enterrés des cadavres de bêtes mortes de la fièvre charbonneuse. On appelait ces lieux les champs maudits. »
Celui de Picherande en est-il un ? Les vaches ayant été vaccinées, tout danger est dorénavant écarté, comme l’indique l’arrêté préfectoral du 27 août, qui abroge le précédent, du 16 juin, qui portait déclaration d’infection de l’exploitation. Il lève ainsi le black-out sur cet épisode, tu par les services vétérinaires et préfectoraux. Une psychose collective aurait pu en effet se révéler fort préjudiciable à toute la filière locale du saint-nectaire. Le coup aura quand même été dur pour le producteur qui a perdu huit vaches, toutes prêtes à vêler, et qui a déboursé 1 000 € pour les analyses sur les fromages, heureusement négatives. Les frais de vaccination ont été pris en charge par le Groupement de défense sanitaire local.
La sécheresse estivale a ravivé plusieurs foyers de fièvre charbonneuse dans l’Hexagone. En Aveyron, cinq cents bovins et caprins ont été vaccinés. Dans les départements contigus de l’Isère et de la Savoie, les services vétérinaires ont étendu un périmètre de confinement et de vaccination à dix-sept communes.
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