La vermifugation gagne en efficacité avec une approche mixte - La Semaine Vétérinaire n° 1371 du 11/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1371 du 11/09/2009

Parasitisme chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Le traitement animal par animal ne tient pas compte de l’épidémiologie relative aux infestations.

En termes de gestion du parasitisme équin, la démarche est essentiellement individuelle. Or il devient primordial d’opter pour une approche mixte : individuelle d’une part, selon la santé et l’utilisation des chevaux concernés, et collective d’autre part, par une bonne gestion de la dynamique parasitaire. Certains pays d’Europe du Nord ont déjà intégré cette démarche : la prescription des antiparasitaires équins ne se fait qu’après un diagnostic coprologique et épidémiologique.

Les cycles parasitaires sont dépendants de la température et de l’humidité

La source primaire de parasites au printemps est principalement constituée par les œufs pondus et hébergés par les chevaux, qui reprennent leur développement à la suite de la levée de l’hypobiose larvaire. Sous des conditions climatiques océaniques, les excrétions sont les plus faibles en hiver, augmentent au printemps pour atteindre leur maximum en été et régresser ensuite. Ce profil d’excrétion parasitaire est lié à l’exposition des chevaux aux larves infestantes et à la durée du cycle des cyathostomes. La période prépatente est plus longue en hiver, avec la reprise du développement larvaire au printemps, et également chez les chevaux plus âgés, en raison de l’installation d’une certaine immunité.

L’éclosion des œufs, le développement (et la durée de survie) des larves sont étroitement dépendants de la température et de l’humidité et n’ont lieu qu’entre mars et octobre, avec des conditions optimales au printemps et en été. Des conditions météorologiques propices peuvent transformer en quelques jours une pâture infestée en pâture dangereuse, les crottins agissant comme des réservoirs parasitaires.

Une fois les larves 3 absorbées (voir photo ci-dessous), elles pénètrent dans la muqueuse digestive, perdent leur gaine et, au sein d’un kyste, se transforment en EL3 (early larvae 3) qui soit continuent leur évolution en LL3 (late larvae 3) puis EL4, soit entrent en hypobiose. Cette survie en hypobiose peut durer jusqu’à trois ans chez les adultes, un an chez les jeunes.

Les phénomènes qui président à l’hypobiose ne sont pas encore complètement élucidés. Dans les conditions naturelles, il existe donc un équilibre entre la charge parasitaire, l’absorption de nouvelles larves et l’expulsion des parasites luminaux, équilibre régulé par la compétence immunitaire des hôtes.

En l’absence de surpâturage (plus d’un cheval à l’hectare), le risque parasitaire est faible en première partie de saison, la contamination augmentant essentiellement en automne.

En l’absence de traitements antiparasitaires, les coproscopies peuvent révéler des excrétions importantes, jusqu’à plusieurs milliers d’œufs par gramme de crottins (opg). Leur répartition au sein d’un troupeau de chevaux n’est pas homogène, quelques individus seulement excrétant beaucoup d’œufs. Par exemple, les chevaux qui excrètent plus de 500 opg représentent 30 % de l’effectif, mais sont responsables de 80 % des œufs émis.

Rechercher le juste équilibre entre anéantir et sous-maîtriser

Comme les cyathostomes adultes sont réputés peu pathogènes, les actions de maîtrise devront cibler essentiellement les larves, qu’elles soient sur la pâture ou dans le tube digestif.

S’il existe peu de différences de charge parasitaire entre les âges, la sensibilité à l’expression clinique est plus accusée chez les jeunes chevaux. La compétence immunitaire y joue un grand rôle. Elle est accrue par l’exposition régulière aux parasites et, au contraire, amoindrie à la suite d’un traitement antiparasitaire.

En permanence, dans la mise en place d’un traitement, il importera donc de rechercher le juste équilibre entre anéantir et sous-maîtriser le parasitisme, tout en préservant l’immunité naturelle des chevaux face aux parasites.

L’approche individuelle doit concerner les animaux les plus fragiles, comme les jeunes en croissance, les vieux chevaux, ainsi que les nouveaux arrivants dans un groupe. L’approche collective qui doit y être associée comprend a minima un traitement larvicide de tous les animaux, instauré en début de saison de pâturage, pour réduire le recyclage parasitaire printanier et l’excrétion d’œufs issus des parasites qui ont repris leur développement. Puis, en cours de saison de pâture, il convient de traiter sélectivement les animaux qui excrètent plus de 100 à 200 opg (repérés grâce à des coproscopies systématiques tous les deux à quatre mois). Enfin, le traitement d’automne doit cibler les parasites entrés en hypobiose qui seront à l’origine, à la suite de leur reprise de développement, d’une recontamination du pâturage l’année suivante.

La prévention des résistances aux anthelminthiques repose sur le respect de refuges parasitaires, qui conservent intacte ou presque la population sauvage initiale avec sa diversité génétique. Cette prévention est fondée sur les mesures hygiéniques – ramassage des crottins deux fois par semaine, séparation des populations équines (juments suitées, poulains de moins de deux ans, chevaux de plus de deux ans, chevaux âgés), évitement du surpâturage et des petits paddocks – et sur la bonne utilisation des antiparasitaires. Il convient ainsi de ne traiter que les chevaux les plus excréteurs, sauf lors du traitement initial de début de printemps qui concerne tous les animaux.

  • Source : Ph. Camuset, A. Couroucé-Malblanc : « Les cyathostomoses : impact du parasitisme sur la santé individuelle des équidés et sur la getion du troupeau, objectivation du risque », journées nationales des GTV à Nantes, mai 2009.

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