La mortalité néonatale des agneaux n’est pas une fatalité - La Semaine Vétérinaire n° 1372 du 18/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1372 du 18/09/2009

Elevage ovin

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Cavarait

Une prévention précoce des facteurs de risque permet de diminuer le taux de mortalité des nouveau-nés.

Un agneau sur dix meurt avant l’âge de dix jours dans les élevages ovins français. Pour chaque agneau perdu, le manque à gagner est compris entre 45 et 80 €, d’où une perte économique nationale comprise entre 27 et 48 millions d’euros. « Mieux vaut prévenir tôt qu’espérer guérir plus tard », estimait en 2006 notre confrère québécois Richard Bourassa. Toutes les variables de la conduite du troupeau ont un impact sur la mortalité néonatale : la conduite hygiénique et la gestion du microbisme, le renouvellement et la taille du troupeau, la conduite alimentaire, les choix génétiques, l’organisation de la bergerie, les conditions d’ambiance.

Le 14 mai dernier, Bernard Leterrier, praticien à Embrun (Hautes-Alpes), a exposé les facteurs de risque associés à la mortalité néonatale lors de l’atelier “petits ruminants” organisé dans le cadre des Journées nationales des Groupements techniques vétérinaires. Au non-respect des recommandations liées à l’ambiance (voir encadré), à la désinfection du cordon ombilical et à celle des bâtiments (voir tableau), à une répartition homogène des brebis selon leur âge, s’ajoutent des facteurs de risque plus spécifiques de la production ovine(1).

L’intégrité du pis est à contrôler lors de la mise à la reproduction

Pour que l’agneau puisse ingérer du colostrum, encore faut-il qu’il y ait du lait dans le pis ! Le contrôle de l’intégrité des mamelles des mères par palpation montre un nombre conséquent de quartiers improductifs ou dont la capacité de production est diminuée. « C’est avant la lutte qu’il faut réformer les brebis qui ont eu des mammites, a indiqué notre confrère. Au moment de l’agnelage, c’est trop tard. » En plus d’avoir un effet sur la transmission d’anticorps, le colostrum remplit un rôle essentiel dans la production de chaleur par le nouveau-né. L’agneau produit sa chaleur à partir des dépôts gras bruns formés durant la dernière moitié de la gestation, par l’intermédiaire du placenta. Initié par un constituant du colostrum, la transformation de ces graisses en énergie et en chaleur se réalise sous l’effet de l’oxygène de la respiration. L’agneau qui ne consomme pas de colostrum souffrira d’hypothermie accompagnée d’hypoglycémie, responsable du syndrome inanition hypothermie hypoglycémie (SIHH) qui apparaît au cours des cinq premières heures de vie. La quantité de colostrum recommandée pour un agneau de 4 kg est de 1,5 l le premier jour. A ce titre, les nouveau-nés de faible poids(2) doivent faire l’objet d’une attention particulière et d’une assistance à l’abreuvement. Le passage des agneaux doubles en case d’agnelage, associé au respect des normes d’hygiène (voir encadré) et du contrôle de la tétée, réduit le taux de mortalité. « Le colostrum peut être une source de contamination importante du jeune par des salmonelles. Il constitue donc un facteur de mortalité, induisant diarrhée et pneumonies », a rappelé Bernard Leterrier.

La qualité de la nutrition est associée au respect de la hiérarchie du troupeau

L’alimentation des brebis gestantes est un élément clé de la bonne santé des nouveau-nés. Si l’impact de la qualité de la nutrition pendant le dernier tiers de la gestation sur la viabilité des agneaux est bien connu, « tout amaigrissement au cours de la première moitié de la gestation se solde par une augmentation du taux de mortalité néonatale », a précisé notre confrère. Hormis le respect des recommandations nutritionnelles, de la place à table et du contrôle du parasitisme gastro-intestinal, celui de la hiérarchie des brebis est une composante importante du “savoir élever”. « L’introduction de nouvelles brebis perturbe l’équilibre du troupeau, la sociologie et la hiérarchie entre les individus, avec des conséquences sur le comportement qui entraînent une sous-alimentation de certaines brebis », a expliqué Bernard Leterrier. En outre, tous les stress de type drogage, vaccination, etc., sont à bannir en fin de gestation. Lors de flambée de colibacillose et d’entérotoxémie, une réduction du niveau alimentaire (passer les brebis sur une pâture pauvre) doit impérativement accompagner les mesures thérapeutiques. « Un agneau vendu, c’est toujours cela en plus des primes », a conclu l’intervenant.

  • (1) Cet article ne traite pas des causes infectieuses de la mortalité des agneaux nouveau-nés.

  • (2) Voir la Semaine Vétérinaire n° 1367 du 3/7/2009 en page 34.

Normes recommandées pour une bergerie

• Température d’agnelage : 10 °C au minimum sur une litière sèche.

• Volume d’air : 6 m3 par brebis, ventilation.

• Température mesurée à 10 cm de la litière : inférieure à 35 °C.

• 1 m2 par brebis et 0,35 m2 par agneau.

• Paillage : 0,5 kg par brebis et par jour.

• Longueur d’auge : 1 m linéaire pour 3 brebis.

C. C.
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