L’aromathérapie est indiquée lors d’infections respiratoires profondes à P. aeruginosa - La Semaine Vétérinaire n° 1374 du 02/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1374 du 02/10/2009

Biothérapie. Journée de formation de l’Afvac

Actualité

Auteur(s) : François Jacquet

La réalisation d’un aromatogramme avant la mise en place du traitement est souvent préférable.

L’aromathérapie, en particulier son intérêt dans la gestion des antibiorésistances, a fait l’objet d’une journée de formation organisée par le Groupe d’étude en biothérapies (Geb) de l’Afvac, le 12 septembre dernier à Paris.

L’aromathérapie repose sur l’utilisation d’huiles essentielles extraites de plantes aromatiques pour la prévention ou le traitement de maladies physiques et psychosomatiques. Les composés chimiques mis en jeu sont des terpénoïdes. Les huiles essentielles ne représentent qu’une fraction de la plante, contrairement aux extraits végétaux employés en phytothérapie, qui contiennent l’ensemble de ses composés chimiques. Elles ne contiennent généralement que quelques dizaines de principes actifs. Il s’agit surtout d’une complémentarité d’actions sur plusieurs systèmes.

Des propriétés bactéricides, mais non antibiotiques

Les huiles essentielles possèdent des propriétés antiseptiques (antibactériennes, antivirales, antifongiques et antiparasitaires), spasmolytiques, sédatives et cicatrisantes. Elles présentent un tropisme d’organe et exercent une influence régulatrice sur les systèmes nerveux et immunitaire, la douleur et l’inflammation. « Leur action antibactérienne est démontrée scientifiquement », a indiqué Pierre Franchomme, chercheur et auteur de L’aromathérapie exactement. Elles sont bactéricides, mais non antibiotiques. Sans effet sur le matériel génétique, elles n’entraînent aucune apparition de résistances. En revanche, ce mode d’action peut les rendre dermo-caustiques et irritantes pour les muqueuses.

Les concentrations des huiles essentielles en principes actifs varient selon le cycle végétatif de la plante, la saison, l’environnement et le mode de culture. Cette notion de chémotype, ou race chimique, permet de désigner, au sein d’une même espèce de plantes, des populations qui présentent des compositions chimiques particulières suivant les écosystèmes dans lesquels elles vivent, sans que leur morphologie ou leur génétique soit sensiblement différente.

Les huiles essentielles sont volatiles, sensibles à la lumière et à l’oxydation. Elles doivent donc être conservées dans l’obscurité. Une fois le flacon ouvert, l’instillation de vapeur d’azote avant la fermeture chasse l’air et protège le produit de son action oxydante. Elles sont généralement liquides et lipophiles, non solubles dans l’eau, ce qui a une influence sur les modes d’administration.

Plusieurs voies d’administration sont possibles

Les huiles essentielles sont utilisées en préparations magistrales, en mélangeant 1 ml de chaque huile (quatre au maximum) à 15 ml d’huile végétale (Macadamia, de nature sèche et non irritante pour la peau ou les muqueuses), a expliqué notre confrère Claude Faivre. Pierre Franchomme conseille, quant à lui, de ne pas dépasser le seuil de 5 % d’huiles essentielles. La posologie classique est d’une goutte pour 10 kg.

La voie buccale, indiquée en cas d’affection digestive, doit être proscrite chez les individus sensibles de l’estomac. Pour les huiles essentielles agressives (contenant des phénols ou des cétones), il est possible de faire préparer des gélules au tixosil. L’aérosolisation est indiquée lors d’affection de l’appareil respiratoire supérieur. Quant à la voie transcutanée, elle est utilisée pour les affections dermatologiques ou de l’appareil respiratoire profond (creux axillaire ou inguinal, zone péri-ombilicale, oreille). La voie intrarectale est particulièrement efficace, mais souvent mal acceptée par les propriétaires.

Aromathérapie et antibiothérapie présentent des actions synergiques

La mise en œuvre d’une aromathérapie lors d’infection, par exemple pulmonaire, se justifie d’autant plus que les huiles essentielles présentent également des propriétés expectorantes (α-pinène de Pinus sylvestris), mucolytiques (carvone de Mentha spicata) et immunostimulantes (Β-glucanes de Wolfiporia extensa). L’aromathérapie n’est pas contre-indiquée lors d’antibiothérapie, car les deux actions sont synergiques.

L’aromathérapie trouve une indication dans le traitement des infections respiratoires profondes à Pseudomonas aeruginosa, qui présente une résistance naturelle à de nombreux antibiotiques. Par ailleurs, ce type d’infection révèle souvent une immunodépression. Il est important de traiter le tube digestif de façon concomitante, car ce germe a fréquemment une origine digestive. Les huiles essentielles utilisables sont Hyssopus officinalis ssp. decumbens, Perilla frutescens ou Mentha spicata. Les voies d’administration sont les voies percutanée et intrarectale.

Un traitement de plusieurs semaines à plusieurs mois est souvent nécessaire, mais une amélioration en une semaine au maximum doit être observée. Pseudomonas aeruginosa se révèle souvent sensible uniquement à des huiles essentielles habituellement considérées comme non antibactériennes. La réalisation d’un aromatogramme avant la mise en place du traitement est donc préférable. « L’aromatogramme est une analyse similaire à l’antibiogramme », a expliqué notre consœur Christille Médaille, du laboratoire Vébiotel. Il permet d’évaluer l’action de la molécule majoritaire d’une huile essentielle sur une bactérie. Bien que cette technique ne soit pas l’objet d’une validation scientifique, ce laboratoire a mis au point un protocole qui permet de comparer l’action antibactérienne des différentes huiles essentielles entre elles, mais non de conclure si le germe en question est ou non sensible.

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