Que pensez-vous de la directive “services” ? - La Semaine Vétérinaire n° 1376 du 16/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1376 du 16/10/2009

Entre nous

FORUM

Je veux encore croire en mon idéal

Christine Emo, praticienne à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

La directive ne sera pas appliquée tout de suite, et si j’ai bien compris, chaque Etat pourra y apporter des aménagements. Globalement, cela reste un peu flou. Je suis étonnée et je trouve un peu étrange que notre profession y soit considérée comme une activité de services et non comme un acteur de la santé “humaine”, au même titre que les médecins. Pourtant, nous faisons de la médecine !

Je m’interroge aussi sur l’ouverture du capital des structures à des non-vétérinaires. Jusqu’à quelle hauteur pourront-ils participer ? Tout cela doit être rigoureusement encadré, faute de quoi la profession ne sera plus qu’une question d’argent. Logiquement, celui qui investit dans une affaire compte en tirer un bénéfice. Si les intervenants extérieurs obtiennent la majorité, les vétérinaires conserveront-ils leur indépendance ou seront-ils poussés à faire toujours plus de chiffre ? Je crains que des investisseurs non-vétérinaires conduisent à une certaine dérive.

En ce qui concerne l’information des clients, nous n’avons pas trop le temps dans notre clinique qui fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, presque exclusivement pour des urgences. Je ne pense pas que les gens sont réceptifs à notre discours lorsqu’ils nous amènent un animal mal en point ou mourant.

Quoi qu’il en soit, il est trop tard pour être pour ou contre la directive. Nous n’avons pas le choix. Il faut nous adapter ou… croiser les doigts. Mais je tiens surtout à ce que le vétérinaire puisse demeurer majoritaire pour rester décisionnaire. Je veux encore croire en mon idéal…

C’est comme le plombier polonais…

Boris Boubet, praticien à Aubusson (Creuse).

Je consulte souvent les forums à propos de la directive “services”. Nombre de mes confrères ignorent de quoi il s’agit. Pourtant, elle remettra sans doute en cause beaucoup de choses. La canine devrait être bien plus concernée que la rurale. Il est possible que nous assistions à la formation de chaînes à l’anglaise. Cela dit, je ne suis pas certain que la profession ait à y perdre. En effet, en affichant des objectifs de profit, ces structures devront se pencher sur la rentabilité horaire de la profession, qui est déplorable. Aujourd’hui, les actes chirurgicaux, les gardes et les urgences ne sont pas rémunérés à leur juste valeur. Si nous facturions toutes nos heures, les éleveurs ne pourraient pas payer et nous ne verrions personne. Mais si quelqu’un voulait racheter ma structure pour la transformer en franchise, je serais le premier à accepter !

En fait, la directive “services”, c’est un peu loin pour nous. Cela me fait penser aux plombiers polonais qui devaient déferler sur la France…

Bienvenue dans le monde réel !

Laurent Sochat, praticien à Limoges (Haute-Vienne).

La directive “services”, c’est comme la sexualité… Nous sommes dans le fantasme le plus complet. Beaucoup de gens jouent à se faire peur et veulent faire peur aux autres. Or c’est une énorme chance pour la profession. Le libéralisme économique a toujours apporté du positif. Nous vivons mieux qu’il y a vingt ans, bien mieux qu’il y a quarante ans. Il n’est pas souhaitable que la profession reste dans la situation actuelle. Nous ne pouvons pas vivre en 2010 avec des règles des années 50. Alors, entrons dans le monde réel. Comme d’autres avant le nôtre, notre métier va se normaliser en appliquant les règles du libéralisme. Il faudra s’adapter. De nouvelles règles de concurrence et de transparence seront à respecter. C’est très bien.

Il m’arrive d’aborder ce sujet avec des confrères, mais pas fréquemment. Il ne suscite pas d’angoisse. Il y a des dangers plus importants pour la profession. A partir du moment où il y a un service à vendre, et bien nous le vendons. Craindre le rachat de structures est aussi un pur fantasme, parce qu’il faudra d’abord trouver qui a les moyens de reprendre une dizaine de cabinets vétérinaires, pour ensuite les rentabiliser. Des chaînes vont certainement se créer, mais je doute qu’un grand groupe accepte de payer des salariés pour aller faire un vêlage à deux heures du matin ! Si l’on doit vivre avec des cliniques low cost à proximité, d’accord. Mais la gestion de ces entités ne se fera pas en claquant des doigts. Il faudra réunir des moyens, des compétences, des savoir-faire. Malgré tout, l’exercice vétérinaire reste un métier d’indépendant. Ce n’est pas parce que des groupes de plomberie sont créés qu’il n’y a plus de plombiers. En tout cas, cela permettra d’objectiver la valeur de notre secteur d’activité et nous tirera vers le haut, nous obligera à faire de la qualité. L’économie de marché, ce n’est pas seulement Wall Street. Alors, bienvenue dans le monde réel !

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