Quelles évolutions ont marqué l’enseignement durant les vingt dernières années ?

Les disciplines se sont multipliées

Auparavant, notre domaine d’enseignement était plus vaste. Une partie de la zoologie est maintenant devenue un enseignement de spécialité, comme en témoigne la santé des abeilles. La dermatologie et la pathologie des NAC, autrefois enseignées par les parasitologues, sont désormais des spécialités à part entière. La parasitologie reste une discipline au sein de laquelle la morphologie tient une grande place. Les ouvrages du début du XX^e siècle y ont encore leur place, mais ils côtoient la biologie moléculaire, qui a bouleversé le diagnostic parasitologique. L’évolution des résistances aux antiparasitaires, la réémergences de parasitoses en lien avec le changement climatique, l’évolution sociétale ajoutent de nouveaux sens à notre discipline. L’enseignement de chaque parasitose se conclut par son impact sur la santé publique et ses conséquences sur l’environnement.

Pour chacune des disciplines vétérinaires, notre enseignement est devenu de plus en plus paraclinique et préclinique. Au cours des vingt dernières années, notre façon d’enseigner et la posture des étudiants ont été profondément modifiées par l’informatique. En outre, les changements du cursus, malgré les phénomènes erratiques associés, permettent à la réflexion engagée il y a plus de vingt ans d’aboutir, avec la préspécialisation en 5^e année et la possibilité de suivre un parcours de formation plus différencié.

Moins de cours magistraux, plus de TP et de TD

Depuis la dernière réforme, notre enseignement s’appuie avant tout sur des objectifs en lien avec un référentiel de formation et un référentiel professionnel. Nous avons augmenté les travaux dirigés et pratiques, et travaillons davantage en petits groupes sur des cas cliniques. Comme le temps de présence des étudiants est resté inchangé, nous avons réduit les cours théoriques, d’où la remise de polycopiés. Ainsi, les deux UV de pharmacie, de pharmacologie et de toxicologie ne comprennent plus qu’un tiers de cours. Parallèlement, nous avons dû bien cibler les savoirs, savoir-faire et savoir-être à acquérir en formation initiale, à la suite de l’inflation des connaissances durant les vingt dernières années et de l’apparition de nouveaux champs disciplinaires.

La plate-forme d’enseignement à distance, mise en place il y a trois ans sur le site de l’école de Nantes, accompagne bien notre pédagogie par objectifs et est très utilisée par les étudiants. Ils y trouvent l’intégralité des polycopiés, tous les supports de travaux dirigés et pratiques, des questionnaires d’auto-évaluation et un forum. Par cet intermédiaire, ils peuvent poser des questions, lesquelles sont transmises sur notre boîte mail. Par ailleurs, nous les encourageons à se rendre en stage à l’étranger. Cette année, cent quatre sont partis.

L’enseignement s’est professionnalisé au détriment de la recherche

Les trois réformes de l’enseignement vétérinaire, dont une n’a duré qu’un an, ont été lourdes à gérer. La troisième réforme, qui concentre les apports théoriques sur les trois premières années d’études, nous a obligés à refondre une grande partie de notre enseignement, au lieu de toujours surajouter les nouvelles connaissances ou disciplines. A Lyon, le choix de ne dispenser aucun cours théorique pendant la 4^e année, dite “tout clinique”, démultiplie nos temps de préparation et accroît les besoins d’encadrement, d’où le recrutement de praticiens hospitaliers contractuels. Or ces derniers n’ont, de fait, aucun statut, donc aucun avenir.

En termes de productions animales, l’achat d’une clientèle rurale par l’ENVL en 2001 a été un événement majeur pour dynamiser notre enseignement. Récemment, profitant de la refonte, nous avons aussi mis en place un enseignement de médecine des populations, réparti sur les 3^e, 4^e et future 5^e années. En outre, le regroupement de l’école de Lyon avec l’Enita de Clermont-Ferrand, le 1^er janvier prochain, nous offrira l’occasion de développer une synergie extraordinaire pour les productions animales. Tout cela est motivant, mais en raison du manque de moyens humains supplémentaires, se fait au détriment de notre activité de chercheur.