Pour améliorer sa relation aux autres, bas les masques !

Examiner ses croyances⁽¹⁾ et les détruire si nécessaire ne procède pas d’un simple nettoyage de printemps. Cela touche à l’identité. Nos croyances, même si elles ne nous rendent pas toujours heureux, nous permettent de vivre. La prise de conscience de leur inexactitude peut être douloureuse. Dans un premier temps, il faut accepter que le cerveau soit un filtre qui fonctionne à partir des croyances. Il a donc le pouvoir de rendre heureux ou malheureux selon son décryptage des situations. Douter de ses croyances revient ainsi à mettre en cause son système d’évaluation.

L’attachement aux croyances empêche de ressentir et de vivre la réalité. Il suffit que quelque chose ne se passe pas comme nous nous y attendions (ou plutôt comme nous le croyions) pour que surviennent la déception et la douleur. Cette dernière provient de l’émotion, véritable source de changement, qui peut faire souffrir. Le schéma est toujours le même. Après l’effondrement survient le deuil, qui comprend cinq étapes : le déni, puis la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Le danger reste la reconstruction trop rapide, car l’objectif est alors de stopper la souffrance en se forgeant une carapace, en s’enfermant pour éviter qu’elle ne revienne. La distance et l’arrogance ne sont que des masques. La reconstruction ne peut que se faire “contre”. Nous craignions en fait que la souffrance nous fasse apparaître comme vulnérables. La plupart des individus considèrent l’exposition de leurs sentiments et de leur être profond comme un danger, révélant leur fragilité. Il faut donc “composer”.

Casser la carapace est le premier pas vers le changement

Prenons l’exemple d’une personne qui travaille quotidiennement avec un psychorigide. Pour maintenir une certaine harmonie, elle fait des efforts et se force à plus de souplesse, accumulant ainsi frustrations et tensions. Un différend survient et elle décide de changer de stratégie. Elle lui signifie que ce qu’il vient d’affirmer (il convient de citer un fait précis) l’a heurtée. Pour que le psychorigide, qui campait sur ses positions, protégé par sa carapace, expérimente à son tour la souffrance, elle grossit le trait, assénant : « Vous n’avez aucune considération pour moi, vous affichez du mépris. Pourquoi me prenez-vous pour un moins que rien ? » Ce transfert de souffrance se traduit par des signes qui vont du lourd silence aux larmes. Le psychorigide souhaite tout, sauf vivre le doute. Or c’est ce qui lui est inoculé. Son attitude va changer. Il va se justifier, mais sera en même temps contraint à un bel exercice d’introspection (« pourquoi mon attitude a-t-elle été perçue de cette façon ? »). Les rapports des protagonistes seront totalement modifiés. Une croyance aura été cassée.

Cesser de privilégier le masque au détriment du visage

Se remettre en cause peut se révéler douloureux, du moins au début du processus de transformation. Ensuite, nous existons vraiment et c’est le commencement du bonheur. Une période de doute conduit à renoncer à la stratégie bien commode de l’évitement et de la carapace. Mais la note à payer est lourde et pousse à entretenir un cercle vicieux. Pour chaque situation, la croyance induit une protection qui empêche d’être heureux. Il faut cesser de privilégier le masque au détriment du visage. La solution est dans la prise de conscience. Il n’y a alors plus rien à cacher ou à “vendre”, ce qui produit des changements extraordinaires dans la façon de vivre et, plus modestement, dans la relation aux autres. Le choix est à faire entre une vie qui se rétrécit au fur et à mesure des épreuves ou, au contraire, qui s’élargit. Etre à l’écoute en étant conscient du moment présent, du fait quand il survient, c’est troquer de la douleur contre de la liberté.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1375 du 9/10/2009 en page 50 et n° 1376 du 16/10/2009 en page 46.