Les troubles digestifs chroniques nécessitent une démarche diagnostique rigoureuse

Les troubles digestifs chroniques regroupent les vomissements qui apparaissent sous forme de crises fréquentes progressant sur plus d’une semaine, ainsi que les diarrhées qui évoluent depuis plus de trois semaines. Chez les chats, ces dernières sont souvent précédées par des périodes de vomissements et de troubles de la défécation, qui passent généralement inaperçus des propriétaires.

Les vomissements sont le motif de consultation le plus fréquent chez le chat lors d’atteinte du tractus digestif.

Les symptômes digestifs ne sont pas spécifiques et ne permettent pas d’établir le territoire atteint, ni de confirmer leur origine digestive. Etablir leur cause nécessite donc une approche diagnostique rigoureuse.

Pancréatite et cholangite peuvent être associées à une Mici

Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (Mici) constituent une cause habituelle de troubles digestifs chroniques chez les félins. Les dysfonctionnements qui motivent la consultation durent alors souvent depuis plusieurs mois, voire des années. Ils se manifestent initialement par des épisodes de vomissements associés à une anorexie. La récupération de l’animal entre chaque crise est rapide et complète. Il n’est pas rare de constater la présence concomitante d’une pancréatite et d’une cholangite. Le diagnostic différentiel avec un lymphome intestinal se révèle parfois délicat.

L’observation de vomissements alimentaires, retardés par rapport à la prise alimentaire, oriente vers un trouble de la motricité gastrique ou la présence d’un obstacle à la vidange gastrique (sténose pylorique, tumeur, hypomotilité gastrique idiopathique ou secondaire).

Lors de diarrhée chronique, les affections extra-digestives (métaboliques, endocriniennes, neurologiques ou infectieuses) doivent être préalablement écartées, même si les causes digestives se révèlent les plus fréquentes.

Des troubles digestifs fonctionnels sont décrits chez le chat. L’amélioration clinique est rapide et persistante si l’alimentation distribuée est enrichie en fibres.

Les causes parasitaires ou alimentaires sont plus probables chez le jeune

Le mode de vie extérieur des félins rend délicat le recueil des commémoratifs et de l’anamnèse, qui est pourtant indispensable. Il est important d’établir la provenance du chat (élevage, animalerie, particulier, refuge), son environnement, son mode de vie, son alimentation, la prise éventuelle de médicament et son âge. Les causes parasitaires ou alimentaires sont plus probables chez un animal jeune, et les affections systémiques chez un animal âgé.

L’appétit, la prise de boisson et le comportement sont évoqués. La distinction entre vomissement et régurgitation est importante. L’aspect des vomitas, leur survenue par rapport à la prise alimentaire et leur fréquence sont à préciser.

La palpation de l’abdomen et de la thyroïde est minutieuse

L’examen clinique a deux objectifs : rechercher les conséquences sur l’état général et les signes évocateurs d’une affection extradigestive.

L’examen buccal peut mettre en évidence un ictère ou un corps étranger. La thyroïde est palpée avec soin. La palpation abdominale peut révéler la présence d’une rigidité intestinale, d’une hypertrophie d’un ganglion mésentérique, d’une masse ou d’une hépatomégalie. L’aspect souillé de la zone périanale peut mettre le praticien sur la piste d’une diarrhée inconnue du propriétaire. La procidence de la troisième paupière est un indice supplémentaire. Ce signe peut persister plusieurs semaines à plusieurs mois et s’observe durant les phases apparentes de rémission de la maladie. Il est intéressant d’objectiver l’aspect des selles (sang, mucus), ce qui peut nécessiter une hospitalisation. Une coproscopie suit alors l’examen visuel. Les examens de laboratoire complètent nécessairement l’examen clinique (voir encadré en page 34).

Cytoponctions et biopsies permettent de préciser l’affection digestive en cause

Une échographie de l’ensemble de l’abdomen est ensuite effectuée. Des cytoponctions de la vésicule biliaire ou des ganglions hypertrophiés sont réalisées au besoin. Un examen endoscopique haut et bas, associé à des biopsies, permet de préciser l’affection digestive en cause (Mici le plus fréquemment), une fois les causes extradigestives écartées. Une laparotomie exploratrice peut se révéler nécessaire. Elle ne doit pas s’achever sans que des biopsies du foie, du pancréas, du tube digestif, ainsi qu’une ponction de la vésicule biliaire ne soient réalisées.