Nutrition et cancer
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Gwenaël Outters
L’alimentation pèse pour 35 % dans la balance de l’apparition des cancers.
Le cancer est la cause de mortalité la plus fréquente chez le chien et le chat en France et aux Etats-Unis. Parmi les éléments d’apparition étudiés, l’alimentation est évaluée à 35 % des cas, ce qui représente un réel potentiel en termes de prévention.
Les acides gras poly-insaturés oméga-6 (acides linoléique, gamma-linolénique, arachidonique, etc.) auraient un puissant impact dans l’augmentation des cancers, tandis que les acides gras poly-insaturés oméga-3 (acides alpha-linolénique, éicosapentaénoïque, docosahexaénoïque ou DHA) seraient des inhibiteurs de leur apparition. Les premiers sont principalement présents dans les huiles alimentaires végétales (celles de pépins de raisin et de tournesol en premier lieu), la chair des animaux, certains poissons et abats. Les seconds sont présents dans certains poissons gras sauvages (saumon, flétan, hareng, maquereau), la noix, le colza, mais surtout les algues, ce qui explique la plus grande richesse en acides oméga-3 des poissons sauvages, qui ingèrent les algues, contrairement à ceux d’élevage. Chez l’homme, il est prouvé que les acides gras poly-insaturés oméga-6 augmentent le risque de cancer du sein, alors que les oméga-3 diminuent les risques de cancer. Le régime alimentaire peut ainsi influer sur l’éventualité de développer ce type d’affection. Un apport limité en acides gras poly-insaturés oméga-6, mais important en oméga-3, particulièrement en DHA, est donc nécessaire. Les recommandations européennes chez l’homme sont un rapport oméga-6/oméga-3 de 5.
Les acides gras oméga-3 réduisent la prolifération des cellules tumorales, induisent la différenciation des cellules, l’apoptose et l’anti-angiogenèse, ainsi que la péroxydation des lipides. Ils sont ainsi susceptibles d’inhiber le développement des tumeurs mammaires chez le chat, le chien et l’homme. Ils auraient également un effet protecteur sur le risque de reprise de la croissance tumorale et le développement de métastases. Par ailleurs, chez les chiennes atteintes d’un hémangiosarcome ou d’un lymphome, les médianes de survie et les durées de rémission sont augmentées lors d’utilisation de DHA (à la dose de 10 mg/kg/j en prévention et de 32 mg/kg/j en traitement), en association avec des interventions chirurgicales et des chimiothérapies.
En outre, l’effet bénéfique des acides gras oméga-3 a été révélé lors de chimiothérapie et de radiothérapie. Chez l’homme, l’administration de DHA conjointement à certains protocoles de chimiothérapie dans le traitement du cancer du sein augmente la réponse thérapeutique. Chez les rates, la supplémentation en DHA accroît également la sensibilité des tumeurs mammaires à la radiothérapie.
Le régime alimentaire doit être frais et de haute qualité. Il est nécessaire de limiter les hydrates de carbone et de fournir des protéines de haute qualité.
Une étude(1) s’est intéressée à l’évolution de deux groupes de chiens de lignées identiques, l’un nourri ad libidum, l’autre rationné. La médiane de survie est plus longue de deux ans dans le second lot. Chez les animaux nourris sans restriction, l’apparition des cancers est plus précoce. Il faut donc réduire les hydrates de carbone simples pour diminuer les risques d’obésité, de diabète, d’arthrose et de cancer.
Chez l’animal cancéreux, certaines anomalies métaboliques, comme l’acidose lactique et la résistance à l’insuline, précèdent le développement du cancer. En effet, les chiens qui souffrent d’affections malignes affichent des concentrations plasmatiques élevées en insuline et en lactates. Ces anomalies ne semblent pas se réduire une fois le cancer traité.
De même, des études récentes montrent que le chien et le chat cancéreux présentent des modifications du métabolisme protéique. Ces changements métaboliques se produisent au cours de la cancérogenèse et provoquent une diminution du système immunitaire, du fonctionnement du tube digestif et de la cicatrisation. La complémentation alimentaire en arginine et en glutamine, des acides aminés qui stimulent ces fonctions, améliore la survie des animaux cancéreux et diminue l’apparition des cancers chez les individus à haut risque.
Les antioxydants (vitamine E) préviennent la formation des radicaux libres et protègent ainsi les cellules. Ces radicaux libres détruisent les protéines, les lipides et l’ADN. Sur des cellules normales, la vitamine E prévient la cancérogenèse.
Cependant, une association délétère entre les acides gras oméga-3 et la vitamine E dans la croissance des tumeurs mammaires chez la rate a été mise en évidence. Les antioxydants apparaissent donc néfastes à dose pharmacologique lors de tumeur établie.
De même, l’ajout de vitamine E diminue l’efficacité de la chimiothérapie et de la radiothérapie en inhibant l’action destructrice de l’oxygène radicalaire dirigée contre les cellules cancéreuses. Les antioxydants sont donc particulièrement importants pour la prévention des cancers, mais réduisent l’efficacité des traitements.
(1) D.F. Lawler., R.H. Evans, B.T. Larson, E.L. Spitznagel, M.R. Ellersiek, R.D. Kealy : « Influence of lifetime food restriction on causes, time and predictors of death in dogs », Javma, 2005, n° 226, pp. 225-231.
Greg Ogilvie, praticien en Californie, diplomate de l’American College of Veterinary Internal Medicine (oncology) et de l’European College of Veterinary Internal (oncology). Article tiré de la conférence « Nutrition et cancer : du plan d’accompagnement nutritionnel à la diététique préventive », présentée au congrès Afvac 2008.
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