Contrôle du risque infectieux
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde
Elle fait partie d’un standard de soins au sein de toute écurie ou élevage, comme dans un hôpital vétérinaire.
La biosécurité est un concept relativement vaste qui s’applique à de nombreux secteurs d’activité et qui aboutit à la rédaction et à la mise en place de mesures de sécurité visant à protéger la santé humaine et l’environnement. Appliquée à la pratique vétérinaire, elle concerne essentiellement le contrôle du risque infectieux.
Il existe des exemples récents, au niveau mondial, de crises sanitaires au sein d’hôpitaux vétérinaires (rhinopneumonie de forme nerveuse aux Etats-Unis, anémie infectieuse en Irlande, etc.). Ils ont été à l’origine de la mort ou de l’euthanasie de chevaux, occasionnant des frais considérables et des pertes financières conséquentes. En 2009, l’épizootie d’anémie infectieuse des équidés qui a touché une clinique et un hippodrome à Cagnes-sur-Mer montre que ces événements sont possibles en France. Les maladies dramatiques et peu fréquentes ne sont pas les seules concernées. Les affections contagieuses comme la gourme, la grippe ou la salmonellose, bien que moins graves, représentent un risque plus important. Par exemple, la salmonellose s’est plusieurs fois illustrée aux Etats-Unis, touchant des hôpitaux universitaires qui ont subi des pertes économiques élevées et ont dû fermer pendant plusieurs semaines. Sans oublier le risque de zoonose, d’infections nosocomiales ou à germes multirésistants.
Il n’existe pas de méthode ou de protocole standard. Toutefois, la méthode HACCP (analyse des dangers, maîtrise des points critiques) peut servir de trame et aider à la rédaction de “bonnes pratiques”. La réflexion doit inclure les spécificités de chaque structure, l’évaluation du risque et le niveau d’exigence souhaité. Il s’agit de mettre en place un protocole réalisable, auquel tout le monde peut adhérer. Toutes les personnes de la structure doivent être responsabilisées sans se sentir contraintes. Une signalétique adaptée permet d’informer et de rappeler les procédures à suivre. Le coût supplémentaire occasionné par le respect de ces bonnes pratiques est à intégrer dans le prix des consultations et des soins globaux.
La phase de diagnostic passe par une évaluation du contexte épidémiologique et par la mise en place d’un système de surveillance des infections nosocomiales. L’évaluation du risque comprend l’identification des zones et des processus à risque. Les zones à risque correspondent aux endroits où les animaux sont les plus fragiles (néonatalogie, chirurgie, etc.). Les animaux à risque sont ceux placés en soins intensifs ou en isolement. Trois types d’infections (gastro-intestinales, respiratoires et chirurgicales) sont à prendre en compte. La surveillance mise en œuvre est permanente et comprend :
– un test pour des maladies spécifiques (salmonellose, gourme, etc.) sur tous ou certains animaux sélectionnés à l’admission ;
– un test des surfaces et des équipements pour détecter des maladies spécifiques, mais aussi connaître le degré de contamination bactérienne ;
– un registre qui rassemble toutes les infections nosocomiales et les antibiosensibilités ;
– un registre qui répertorie les examens bactériologiques de toutes les bactéries isolées à la clinique et en ambulatoire.
Le risque de développement de bactéries multirésistantes concerne essentiellement le staphylocoque doré résistant à la méthicilline (Sarm), mais aussi des entérobactéries (salmonelles, E. coli, entérocoques). Pour le Sarm et les salmonelles, il existe un risque de zoonose et l’homme peut être un porteur sain. Une bonne pratique de l’antibiothérapie et le suivi du protocole de biosécurité sont les mesures préventives à adopter.
Les mesures préventives comprennent des procédures d’hygiène, de nettoyage et désinfection, d’isolement et de zonage de la clinique. L’hygiène des mains, par lavage ou emploi d’un gel hydro-alcoolique entre chaque cheval, est un moyen de prévention efficace. Le port de gants est préconisé au moindre doute et est obligatoire en box d’isolement. L’utilisation de chaussures faciles à nettoyer et à désinfecter est une règle. Les vêtements protecteurs et les surbottes doivent être disponibles dans le zonage de la structure et il convient de faire attention aux contaminations possibles lors de leur retrait. Rien ne sert de désinfecter si le nettoyage n’a pas supprimé les matières organiques. L’élimination de ces dernières, par un nettoyage efficace, est en effet incontournable pour assurer l’efficacité des désinfectants appliqués par la suite. Des procédures doivent exister, avec le remplissage d’une fiche de contrôle aussi bien pour les locaux que pour les instruments, sans oublier les objets de la vie quotidienne.
Les chevaux à risque sont à isoler. En théorie, il s’agit de tous les poulains de moins de quatre mois, des cas de coliques, de diarrhée, d’infection, de plaies béantes et des chevaux atteints de teigne ou immunodéprimés.
Les mêmes pratiques sont à appliquer en ambulatoire, mais aussi dans tout type d’établissements équins, car le vétérinaire, via ses mains, ses habits, ses chaussures et son matériel, peut être un vecteur de transmission.
Xavier d’Ablon, praticien à Deauville (Calvados).
« La biosécurité en pratique équine », conférence présentée aux journées annuelles de l’Avef 2009 à Deauville.
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