Parasitisme ovin
Formation continue
RURALE
Auteur(s) : Catherine Cavarait
Un nouveau protocole de traitement préventif, plus court, a été testé par l’Inra de Nouzilly.
Sur le terrain, les praticiens sont confrontés à la grande sensibilité des agneaux et des chevreaux à Cryptosporidium parvum et à la forte prévalence des exploitations infestées par le parasite. Une enquête épidémiologique, menée entre octobre 2003 et avril 2004 par sept structures vétérinaires des Pyrénées-Atlantiques, atteste d’une prévalence des élevages ovins infestés de 90 %. Le protozoaire a été retrouvé dans dix-neuf des vingt et une exploitations où des prélèvements ont été réalisés chez des agneaux atteints de diarrhée, âgés de quatre à vingt et un jours. L’analyse des échantillons de matière fécale montre une prévalence moyenne d’infestation de 91 % de ces animaux. La littérature indique une morbidité comprise entre 80 et 100 % des agneaux et une mortalité qui peut toucher 10 à 15 % des nouveau-nés. Dans les élevages caprins, la morbidité des chevreaux peut atteindre 100 %, la mortalité varie de 2 à 80 %. « Selon une étude épidémiologique menée dans le département des Deux-Sèvres en 2003, des chevreaux excréteurs de C. parvum ont été identifiés dans 53 % des fermes caprines, et 16 % des chevreaux qui ont fait l’objet de prélèvements présentaient des fèces positives », a indiqué Carine Paraud, de l’Afssa de Niort, lors de l’atelier “petits ruminants” organisé dans le cadre des Journées nationales des Groupements techniques vétérinaires, le 14 mai dernier à Nantes. La prévention et la maîtrise de cette maladie sont délicates en raison de la non-spécificité des signes cliniques, de l’absence de facteurs de risque clairement identifiés et d’un arsenal thérapeutique réduit.
Le diagnostic de certitude d’une cryptosporidiose passe par la mise en évidence des oocystes de C. parvum dans les matières fécales. Au cabinet, la technique de choix est celle de flottation au sucrose (voir encadré). « La sensibilité de cette méthode est équivalente à celle de l’Elisa et de l’immunofluorescence, et supérieure à celle des colorations de Ziehl-Neelsen et de Heine », a souligné la chercheuse. Dans la fiche ovine consacrée à la cryptosporidiose, notre confrère Jean-Louis Poncelet recommande également l’emploi du kit Speed® V-Diar. Ce test, utilisable au chevet de l’animal, permet de détecter en quinze minutes Cryptosporidium parvum, Escherichia coli K99 et CS31A, ainsi que les rotavirus et les coronavirus. Sa sensibilité s’échelonne de 80 à 85 %.
En matière de traitement, les publications sur les chevreaux concernent essentiellement deux molécules, le lactate d’halofuginone et le sulfate de paromomycine. Ce dernier n’est pas disponible en France et son emploi est interdit. En raison de son AMM pour le veau(1), le premier peut être prescrit dans le cadre de la cascade. « L’efficacité préventive du protocole “AMM veau” du lactate d’halofuginone fait l’unanimité, tant chez les chevreaux que chez les agneaux(2) », a indiqué l’intervenante. Mais les modalités de son administration sont contraignantes. La distribution individuelle aux chevreaux après la tétée complique le travail. Dans les élevages ovins de grande taille qui organisent des mises bas regroupées, la durée de traitement des agneaux est rarement respectée.
L’efficacité et l’innocuité de deux nouveaux protocoles de traitement de la cryptosporidiose des agneaux avec du lactate d’halofuginone pendant une durée réduite ont été testées au sein des sections expérimentales de l’unité de recherche “infectiologie animale et santé publique” de l’Inra de Nouzilly. En multipliant la dose par deux et demi, la durée d’administration de sept jours peut être réduite à trois jours chez l’agneau. Les drogages seront espacés de quarante-huit heures, soit 250 µg/kg/j per os de lactate d’halofuginone à J2, J4 et J6. L’expérimentation montre que l’excrétion des oocystes est réduite et retardée dans les trois lots traités, avec toutefois une supériorité pour le protocole de “l’AMM veau” (voir ci-contre). Ce protocole n’a pas été testé chez le chevreau.
Les mesures hygiéniques recommandées pour la maîtrise de la cryptosporidiose des agneaux et des chevreaux sont celles proposées pour la maîtrise des diarrhées néonatales. En matière de désinfection, les résultats des essais avec le dioxyde de chlore semblent prometteurs.
(1) Dose de 100 µg/kg/j per os administrée pendant sept jours consécutifs, dès la naissance.
(2) Le Point Vétérinaire, 2002, n° 231, pp. 14-15.
• En raison des excrétions élevées, aucune concentration des fèces n’est nécessaire.
• Mélanger sur une lame une goutte de solution sucrée, composée de 500 g de sucre, de 320 ml d’eau et de 0,2 g/l d’azide de sodium, avec une goutte de fèces.
• Poser une lamelle.
• Observer au microscope : les oocystes mesurent entre 4 et 5 µm. Au grossissement x 200 et x 250, ils apparaissent rosâtres. Au grossissement x 400 et x 500, des granulations sombres sont visibles : ce sont les sporozoïtes. A ces grossissements, la coloration rosâtre n’est pas visible.
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