« Bon nombre de confrères sont intéressés par une approche entrepreunariale vétérinaire »

La Semaine Vétérinaire : La directive “services” relance des débats sur l’entreprise vétérinaire. Y voyez-vous une perspective ou un rêve éphémère ?

Arnaud Duet (L 82) : Cette directive s’impose à nous, nous n’avons pas le choix et avons donc intérêt à nous l’approprier. Nous sommes encore dans le domaine de la perception, avec de nombreuses questions en suspens sur ses modalités d’application et la façon dont les Etats vont la traduire. Au niveau d’Ergone⁽¹⁾, nous retenons la volonté que les clients finaux soient mieux servis. Cela va dans le sens du développement de l’entreprise, avec la notion de satisfaction du client. Nous retenons aussi la simplification administrative, ce qui est aussi un point positif. En dernier lieu, la concrétisation de la directive peut notamment conduire à des regroupements de cliniques.

Pour autant tout n’est pas positif. Et lorsque les règles du jeu changent, des craintes sont toujours fondées. Que penser, par exemple, de la concurrence de chaînes de cliniques low cost, déjà créées dans d’autres pays ?

En outre, en productions animales, l’année écoulée a été rude. Dans les périodes d’incertitude, les acteurs ont tendance à être plus agressifs et à tutoyer les lignes. Nous avons notamment constaté l’émergence de systèmes de distribution du médicament particulièrement agressifs.

S. V. : Ergone a lancé une enquête “Perspectives” au sein de la profession et au-delà. Elle organise par ailleurs un forum (2). Ces initiatives vont-elles dans le sens de plus d’esprit d’entreprise de la part des vétérinaires ?

A. D. : L’enquête s’est faite sur un mode déclaratif. Il convient donc de garder un peu de distance dans son interprétation. De grandes tendances émergent : le ressenti global pour 2010 est un « optimisme prudent », la profession ne semble pas favorable à l’ouverture du capital. Il y a en revanche une adhésion aux regroupements. Les moyens de développement qui apparaissent sont la diversification et l’offre de nouveaux services. Quant à la participation aux SPFPL, aucune tendance ne se dégage.

Un fait marquant apparaît : moins d’un tiers des confrères disposent d’outils de contrôle de leur activité, ce qui témoigne d’un balbutiement en termes de structuration d’entreprise. Leur perception est du domaine du ressenti (en productions animales, les structures qui disposent d’indicateurs de gestion sont d’ailleurs plutôt prudentes). Je retiens l’intérêt réel de bon nombre de confrères envers notre approche de l’entreprise vétérinaire, et je suis convaincu des besoins (en connaissances et en outils) de nos structures pour accéder à un mode de fonctionnement optimisé.

• (1) Le but de cette association est de rassembler les praticiens, quel que soit leur cœur de métier, autour d’une vision entrepreunariale “vétérinaire”.

• (2) Forum du développement vétérinaire organisé par l’association Ergone les 4 et 5/2/2010 à Maisons-Alfort (voir le programme sur WK-Vet.fr).