La peste bovine bientôt éradiquée

La peste bovine, appelée également rinderpest ou cattle plague, sera officiellement éradiquée d’ici à dix-huit mois⁽¹⁾. Ce sera alors la seconde maladie dont l’homme aura débarrassé le monde, après la variole humaine, déclarée vaincue en 1980. « La peste bovine est la maladie animale la plus grave, car elle est la championne des destructrices de bétail », estime Juan Lubroth, vétérinaire en chef au sein de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome. La maladie, toujours venue de l’Est, de l’Asie à l’Europe, s’est d’abord étendue à la faveur des invasions barbares subies par l’Empire romain entre 376 et 386 avant J.-C. Elle a causé la mort de millions de bovins et a provoqué des famines. Son taux de morbidité est proche de 100 %. Jusqu’à 90 % des sujets infectés meurent, et cela en dix jours. L’affection est due à un morbillivirus, voisin de celui de la rougeole chez l’homme. Les symptômes comportent de la fièvre, un écoulement oculaire et nasal et de la diarrhée accompagnée de déshydratation.

En 1994, un effort considérable a été fait en vue de l’éradication de la peste bovine, conduit par la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Sur le terrain, il s’est traduit par la coordination des tentatives régionales de lutte et la mise au point de vastes programmes de vaccination du bétail et des ruminants sauvages sensibles au virus. Depuis dix ans, le combat contre la maladie s’est renforcé, grâce à un vaccin à virus atténué capable de supporter – sans perdre de son efficacité – un réchauffement au cours de son transport. La dernière épizootie date de 2001 au Kenya.

Les ultimes refuges de la maladie se situaient au Pakistan, au Soudan et dans la grande région de la Somalie (qui inclut l’Ethiopie et le Kenya). La prolifération du virus « dans des régions perpétuellement en état de guerre, comme la Somalie, a fait de cette lutte une tâche immense », remarque Juan Lubroth.

Pour confirmer l’éradication du virus, les campagnes de vaccination doivent être arrêtées depuis au moins deux ans et les veaux de moins de deux ans testés. Douze régions du monde n’ont pas encore subi les tests définitifs. Lorsque la maladie aura été déclarée éteinte sur toute la surface du globe, quelques laboratoires garderont un stock du virus.

• (1) N. Gilbert : « Cattle disease faces total wipeout », Nature, 2009, vol. 462, p. 709.