Des colos pour futurs vétos

Une colonie de vacances où l’on ausculte les vaches, où l’on dissèque des poissons, où l’on opère les ours… en peluche ! L’idée est originale et séduit de plus en plus d’enfants. Depuis 2007, la société Telligo, spécialisée dans l’organisation de séjours thématiques (chimie, astronomie, aéronautique, etc.), propose des initiations à la profession vétérinaire. Ces séjours d’une à deux semaines, destinés à des enfants âgés de neuf à quatorze ans, sont encadrés par des étudiants vétérinaires. Muriel Cordier, vingt-quatre ans, qui vient d’achever ses études à l’ENV de Lyon et présentera bientôt sa thèse sur les lapins de garenne, anime régulièrement ces colonies Graine de véto.

« Je peux ainsi concilier deux passions : la médecine vétérinaire et l’enseignement. Et en plus, je découvre moi aussi des choses, comme cet été les compétitions canines, le pistage et le questage. »

Les journées se décomposent en trois phases : ateliers le matin, jeux l’après-midi et veillées le soir. Toutes gravitent autour de l’animal et de la profession vétérinaire. « Les enfants, jamais plus de huit à dix par groupe, choisissent leur atelier pédagogique du matin, qui comprend toujours une partie théorique et une autre pratique et ludique. Il peut s’agir des points de suture, avec des travaux pratiques sur Nounours, de la dissection de poissons, de la fabrication de mangeoires pour oiseaux, de l’étude des différentes races de chiens, de chats ou encore de vaches, de l’auscultation des animaux du lieu d’accueil, etc. » Les colonies sont en effet installées dans des lycées agricoles partenaires qui mettent leur animalerie à leur disposition. « Cette année, une animatrice était venue avec son chien. Nous avons donc abordé le dressage. »

« Donner une visibilité de la profession à des jeunes en construction »

Les jeux de l’après-midi ou les veillées ont toujours un lien avec la thématique vétérinaire. Ainsi, « la chasse aux trésors, c’est la recherche du médicament miracle qui va sauver le petit chien ! ». L’un des moments forts des séjours est la rencontre des enfants avec le vétérinaire du secteur, sollicité par les animateurs pour leur expliquer le métier. « J’ai fait une intervention d’une demi-journée, explique Sébastien Chevalier, praticien à Tulle (Corrèze). Je leur ai expliqué les interventions de routine sur les gros animaux (vêlage, fouille, césarienne, etc.). Je leur ai montré la voiture et les instruments, les médicaments que nous utilisons, la façon de faire une piqûre à une vache, les raisons pour lesquelles on lui fait avaler un aimant, etc. C’était interactif, car ils posaient des questions. » Tout en regrettant de ne pas avoir été contacté plus tôt, ce qui lui aurait permis de mieux organiser son intervention et de proposer notamment une visite de sa clinique ou d’un centre d’allotement, Sébastien Chevalier estime que ce type d’actions est particulièrement positif. « C’est une communication grand public. La profession est en manque de reconnaissance sociale, le statut de vétérinaire a évolué et nous n’avons plus la même respectabilité qu’avant. Intervenir dans un tel cadre, c’est donner une visibilité, une image de la profession à ces jeunes qui sont en phase de construction. C’est aussi un moyen de faire naître des vocations. »

Un avis partagé par Muriel Cordier : « Il est surprenant de constater ce que les enfants savent déjà de la biologie et de la médecine ! Etonnant aussi de découvrir combien ces jeunes, issus de milieux urbains, ont peur des gros animaux lorsqu’ils arrivent, et sont parfaitement à l’aise à la fin du séjour. » Les anecdotes, forcément, sont nombreuses. Par exemple, lors de la mort par arrêt cardiaque d’un lapin de l’animalerie : « Je croyais qu’ils allaient pleurer. Pas du tout, ils ont bien compris. De vrais pros ! » Le seul regret de Muriel Cordier : que ces colonies n’aient pas existé lorsqu’elle était enfant.