Le climat tropical est propice aux parasites et maladies vectorielles

L’élevage dans les départements et les collectivités d’outre-mer montre de grandes disparités, en relation avec les milieux naturels ou le contexte historique ou ethnique. La tradition d’élevage bovin des départements français d’Amérique remonte à la colonisation espagnole, aux XVI^e et XVII^e siècles. Ces ruminants créoles ont ensuite été métissés par des apports d’Afrique ou d’Europe. Les animaux croisés et le bovin créole sont les plus fréquents, avec le mouton martinik en Martinique et le cabri créole (Martinique et Guadeloupe). Le zébu (brahman) est répandu en Martinique et en Guyane. En Nouvelle-Calédonie, le cerf est aussi un animal d’élevage en développement.

Les conduites d’élevage outre-mer sont contrastées

Les systèmes de polyculture-élevage avec peu d’animaux, peu de terrain et peu de notion de rentabilité prédominent. En Guadeloupe et en Nouvelle-Calédonie, il s’agit souvent d’un élevage à vocation familiale, en complément d’autres revenus ou par tradition. Les bovins ou les caprins, en Guadeloupe, sont fréquemment gardés à l’attache sur un bout de terrain, par des éleveurs sans objectif de rentabilité. L’animal est alors un placement en vif plus qu’un outil de production et, souvent, les vaches ne sont pas mises à la reproduction tant qu’elles ont leur veau. A Mayotte, l’identification des bovins a commencé en 2007 et plus de 80 % des animaux sont désormais considérés comme identifiés.

La Réunion, en revanche, possède une filière bovine laitière (^{voir tableau}) qui se développe et un élevage allaitant comparable à ce qui existe dans le Massif central.

L’insularité a un impact important sur le statut sanitaire

Tout ce qui n’existe pas initialement sur l’île est forcément importé. Les apports successifs d’animaux d’Europe, d’Afrique ou de Madagascar ont conduit à des situations sanitaires variées. Les affections endémiques dans les pays d’origine se sont étendues aux îles et continuent d’évoluer, malgré des formalités douanières strictes, trop aisément contournées en toute illégalité. Taiwan qui, en 1997, a été contaminée par la fièvre aphteuse via l’utilisation des eaux grasses d’un bateau coréen pour nourrir les cochons, est un exemple évident des risques encourus par les lieux touristiques dans des zones où les contrôles ne sont pas toujours faciles à imposer.

Les climats tropicaux favorisent de nombreuses affections parasitaires ou vectorielles⁽¹⁾. En route pour la départementalisation, Mayotte s’est dotée d’un réseau d’épidémiosurveillance (le Sesam), en partenariat avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), afin de surveiller l’évolution ou l’apparition de maladies. Outre un bilan sur les tiques et les affections qu’elles transmettent, l’une des maladies visées est la fièvre de la vallée du Rift, apparue sur l’île en 2008 à la suite d’importations illégales. Deux syndromes sont également étudiés : un syndrome abortif (fièvre de la vallée du Rift, brucellose, leptospirose) et un autre lors de mortalité brutale et massive dans un élevage (le charbon symptomatique y fait toujours l’objet d’une vaccination).

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 6/2/2009 en page 23.