Au menu des dernières JRP, la santé animale était plutôt au régime sec…

Seulement deux communications orales et cinq posters ont agrémenté la session “santé animale” stricto sensu lors des 42^e journées de la recherche porcine (JRP), organisées à Paris les 2 et 3 février derniers. Une première étude, présentée par Sylvianne Boulot (Institut du porc), portait sur l’analyse des paramètres physiologiques et métaboliques durant la période péripartum, associés aux mises bas longues ou difficiles chez la truie. Réalisée dans quatre élevages, elle inclut vingt-huit mises bas de jeunes truies, spontanées et non assistées (fouilles interdites pendant les deux premières heures, sauf en cas d’intervalle supérieur à quarante-cinq minutes entre les naissances) et sans injection d’ocytocine. Des prélèvements sanguins sont effectués avant (J-3 et J0 une fois par jour) et pendant la mise bas (toutes les heures). La cinétique de parturition, la présence ou l’absence de mort-nés, et la réalisation ou non de fouilles permettent de former et de comparer deux groupes de truies, selon que les mises bas sont faciles ou difficiles. Les analyses sanguines révèlent des écarts faibles, mais significatifs entre les deux groupes pour les protéines totales, la créatine phosphokinase, le calcium, le magnésium et la progestérone. Selon les auteurs, l’analyse de certains résultats évoque des différences d’efficacité du muscle utérin qui restent à valider par des explorations directes des contractions utérines.

Henri Salmon (Inra) a présenté une synthèse sur l’immunité maternelle colostrale et lactée transmise aux porcelets. Il a rappelé que l’amélioration de l’immunité colostrale dépend de la stimulation de l’immunité systémique de la truie (qui implique surtout les IgG). Pour sa part, l’amélioration de l’immunité lactée dépend de l’immunité maternelle muqueuse, qui comprend les IgA sécrétoires. Ces dernières sont produites en réponse aux antigènes intestinaux et respiratoires. Pour le chercheur, l’immunitélactée constitue donc un domaine de recherche passionnant pour le développement de vaccins ayant pour cibles les sites inducteurs et produisant une immunité muqueuse sécrétoire.

L’influence de l’anémie sur la carrière reproductrice des truies reste à approfondir

Vincent Auvigne (Ekipaj) a commenté un poster relatif à l’anémie observée chez les truies hyperprolifiques. Dans cette étude menée en 2009 (sept élevages, cinq cent dix truies), le niveau d’anémie est évalué via l’hémoglobinémie. Dans chaque bande, sept semaines avant la mise bas, les truies sont réparties en deux groupes, selon le rang de portée et le taux d’hémoglobine : un groupe témoin et un groupe recevant du gleptoferron (fer injectable), à raison de deux injections de 10 ml sept et quatre semaines avant la mise bas. Les résultats montrent d’une part que l’hémoglobinémie chute en fin de gestation et baisse tout au long de la carrière reproductrice de la truie. D’autre part, un effet positif de l’injection de fer est observé quatre semaines avant la mise bas (soit trois semaines après la première injection). Toutefois, l’effet n’est significatif que chez les truies de rangs de gestation 2 et 3. L’efficacité partielle du gleptoferron peut s’expliquer par l’insuffisance de la quantité administrée, souligne notre confrère. L’influence de l’anémie sur la carrière des truies reste à approfondir, ajoute-t-il. Par ailleurs, l’hémoglo­binémie est un indicateur plutôt tardif de l’anémie. L’étude d’autres paramètres hématologiques serait à considérer.

Des critères comportementaux et morphologiques pour identifier l’immaturité

Leposterconsacréàla caractérisation de l’immaturité des porcelets à la naissance a été commenté par Audrey Sacy (société Lallemand). Depuis une dizaine d’années, la sélection de truies hyperprolifiques a généré une plus grande hétérogénéité des porcelets à la naissance (poids, morphologie, vitalité). Cela mérite de s’intéresser au critère de maturité des porcelets à la naissance. Les porcelets immatures (qui présentent un retard de croissance intra-utérin, mais qui peuvent avoir un poids ou une taille identiques à ceux des porcelets matures) ont en effet un coût économique non négligeable (mortalité, soins, etc.) au regard de leur devenir. Le poids n’est donc pas le seul critère à prendre en considération. Pour caractériser l’immaturité, un essai a été mis en place dans un élevage du Finistère en 2008, incluant neuf cent vingt-quatre porcelets nés vivants ou mort-nés. Il a permis de fournir des critères morphologiques et comportementaux chez les animaux vivants. Les porcelets immatures ont une grosse tête ovale, des yeux exorbités, un museau très cylindrique, un front droit et un crâne bombé marquant une nuque franche et ne présentent pas de plis buccaux.

La vitalité est un autre critère de caractérisation. Elle est évaluée sur les quinze premières secondes de vie (vitalité minimale de note 1 : le porcelet ne bouge pas, vitalité maximale de note 3 : le porcelet tente de se mettre debout). La note moyenne de vitalité des immatures est de 1,12 au lieu de 1,40 chez les porcelets normaux de même poids. En outre, les porcelets immatures sont souvent seuls, couchés sur le côté avec des mouvements de contraction-étirement et ils vocalisent. A l’autopsie, le ratio du poids cerveau/foie permet par ailleurs de préciser le stade de développement. Plus le porcelet est immature, plus ce ratio est élevé (le cerveau atteint sa maturité en premier, le foie plus tardivement).