L’échographie révolutionne le diagnostic des épanchements pleuraux - La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010

Pathologie respiratoire féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Amélie Camart

Elle permet de visualiser des épanchements de moins de 50 ml et ne présente pas de risques liés à la contention.

L’espace pleural est le siège d’échanges liquidiens entre les vaisseaux capillaires des plèvres pariétale et viscérale et les vaisseaux lymphatiques, fruits de l’équilibre entre les pressions hydrostatique et oncotique. Ils assurent le renouvellement du liquide présent physiologiquement en petite quantité (3 ml) entre les plèvres. Un épanchement pleural est une accumulation anormale de liquide ou de gaz entre les deux plèvres. La capacité respiratoire est alors diminuée. L’espèce féline est particulièrement concernée et une démarche diagnostique rigoureuse est indispensable. Contrairement au chien, le chat atteint d’épanchement pleural ne tousse pas. Les seuls commémoratifs rapportés par le propriétaire sont en général une fatigue et un essoufflement. L’animal présente une dyspnée de type restrictif avec une polypnée, une discordance et parfois une orthopnée lors d’une atteinte importante de la fonction respiratoire. Les muqueuses peuvent être cyanosées. A l’auscultation, les bruits cardiaques et respiratoires sont assourdis, principalement en région ventrale.

Des radiographies thoraciques sont nécessaires pour confirmer un épanchement pleural. Cependant, la contention n’est pas sans risque pour l’animal. Il est souvent indispensable de stabiliser son état dans un premier temps (oxygénation, ponction, diurétiques, etc.). Un cliché de profil (droit ou gauche) et un cliché de face (de préférence ventro-dorsal), en fin d’inspiration, sont réalisés. Lors d’épanchement peu volumineux, le liquide se répartit entre les lobes pulmonaires et des scissures interlobaires sont identifiables. Lors d’épanchement plus volumineux, les angles costo-diaphragmatiques s’arrondissent et le bord ventral du cœur peut être masqué. La densification liquidienne se généralise et les structures pulmonaires et cardiaques sont masquées par l’épanchement. La taille du champ thoracique augmente et le diaphragme est repoussé caudalement. Sur le cliché de profil, la trachée peut être déviée dorsalement (ne pas confondre avec une cardiomégalie). Le cliché de face est indispensable pour localiser l’épanchement.

L’échographie est plus sensible et plus sûre que la radiographie

L’ultrasonographie est la technique idéale pour confirmer la présence d’un épanchement, puisqu’elle est plus sensible (des épanchements de moins de 50 ml peuvent être visualisés) et moins dangereuse pour l’animal que la radiographie. L’espace pleural est normalement invisible. Néanmoins, la présence de liquide entre les plèvres permet de voir les feuillets médiastinaux. En effet, les mouvements respiratoires et cardiaques mobilisent ces feuillets, qui donnent l’impression de “danser” dans le liquide. Dans certains cas, un épanchement péricardique est associé (zones anéchogènes ou hypoéchogènes autour du cœur).

L’échographie permet également de quantifier l’épanchement, de le caractériser (homogénéité, densité), de le ponctionner assez aisément et, dans certains cas, d’identifier sa cause (tumeur, cardiopathie, etc.).

L’analyse du liquide d’épanchement constitue une étape décisive dans l’identification de sa nature (transsudat, exsudat, etc.) et la recherche de son origine. La thoracocentèse est réalisée, après une désinfection, dans le tiers inférieur des 8e et 9e espaces intercostaux à gauche et à droite, juste au-dessous de la jonction chondro-costale.

La ponction est effectuée de préférence sous contrôle échographique et peut nécessiter une tranquillisation de l’animal. Le liquide d’épanchement est conservé pour une analyse physique (aspect, densité, etc.), biochimique (dosage des protéines, du cholestérol, des triglycérides, etc.), cytologique, bactériologique et sérologique (péritonite infectieuse féline, PIF). Lors d’épanchement volumineux, une ponction évacuatrice permet de soulager rapidement l’animal.

La première cause d’épanchement pleural chez le chat est une néoplasie

Chez le chat, 28 à 37 % des épanchements sont d’origine néoplasique (lymphome, en particulier, plus rarement carcinomes primitifs ou métastatiques et sarcomes). Le liquide ponctionné est alors un transsudat modifié, un exsudat, voire du chyle. Les examens cytologique et échographique peuvent être complétés par une radiographie réalisée après une ponction, un scanner ou une thoracoscopie pour explorer les poumons. 18 % des épanchements sont liés à un pyothorax secondaire à un abcès, un corps étranger, une complication de bronchopneumonie infectieuse ou au parasitisme. La péritonite infectieuse féline est impliquée dans 18 % des épanchements. Le liquide est en général jaune citrin et une analyse sérologique peut être réalisée à la clinique (kit Elisa rapide). 11 % des épanchements sont d’origine cardia­que (liés à une insuffisance cardiaque gauche). Le liquide est en général un transsudat pur ou modifié (du chyle est parfois observé). Une origine traumatique (hernie diaphragmatique, rupture vasculaire ou lymphatique) est aussi possible. Le liquide est alors un transsudat, un transsudat modifié, du sang ou du chyle. D’autres causes d’épanchement, plus rares, peuvent intervenir : un toxique (hémothorax lors d’intoxication aux antivitamines K), une maladie métabolique (néphropathie, pancréatite, hépatite, etc.).

Enfin, 23 % des épanchements chez le chat sont d’origine inconnue (chylothorax idiopathique). D’autres examens sont parfois nécessaires afin de compléter le diagnostic : biochimie sanguine (protéines, albumine, urée, créatinine, PAL, SGPT), analyse urinaire (protéinurie), sérologie (dirofilariose, PIF), test FIV/FeLV, électrophorèse des protéines sériques, temps de coagulation, etc.

CONFÉRENCIER

Eric Bomassi, CHV des Cordeliers (Meaux, Seine-et-Marne).

Article rédigé d’après la conférence : « Epanchement pleural : étiologie et diagnostic », présentée au congrès 2009 de la Fecava (Lille).

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