Spécificités comportementales félines
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Lauren Figueres
Il est possible de réaliser un examen clinique sans avoir recours à la tranquillisation.
Le chat présente des caractéristiques comportementales importantes à comprendre pour mieux le soigner. Prédateur dans la nature, il n’en demeure pas moins une proie, ce qui affecte la manière dont il répond aux gestes de l’équipe vétérinaire. Lors d’une confrontation, il a tendance à fuir les situations dangereuses. Or, chez le vétérinaire, il se sent en danger et ne peut pas s’échapper. Il tente alors d’éviter le face-à-face par l’intimidation (sons, postures). Dans une clinique, tout est inquiétant pour un chat : lumière vive, atmosphère bruyante, odeurs désagréables. Le propriétaire culpabilise souvent d’être à l’origine d’un tel stress et finit par hésiter à amener l’animal en consultation. Il est donc utile de remettre en question la manière d’accueillir les chats et de veiller à chaque visite à ce qu’ils repartent avec le moins de souvenirs désagréables possible. Certaines structures d’Amérique du Nord invitent les propriétaires à des visites de courtoisie avec leur chat pour l’habituer au lieu et au personnel ! Sans aller jusque-là, il existe quelques astuces pour améliorer la prise en charge des félins.
La visite débute dès l’entrée dans la cage de transport. C’est souvent un moment difficile pour le propriétaire, car le chat l’associe rapidement au vétérinaire. Il faut conseiller au maître de laisser la cage ouverte à la maison pour que le chat dépose des phéromones. Ses jouets favoris peuvent être disposés à l’intérieur pour l’inciter à y entrer régulièrement. Pour que le voyage en voiture ne se transforme pas en calvaire, l’animal doit être habitué à faire des petits trajets, si possible l’estomac vide. Il peut aussi être conduit à la clinique de temps en temps, juste pour monter sur la balance. Le renforcement positif en rentrant au domicile est particulièrement important.
L’arrivée dans la clinique est la deuxième étape sur laquelle intervenir. Idéalement, elle dispose d’une salle séparée pour accueillir les chats. Un diffuseur de Feliway® peut aider à la détente. L’attente doit être la plus brève possible et se faire dans un calme relatif. Dans la salle de consultation, il faut laisser le chat s’habituer aux odeurs et éventuellement le laisser sortir de lui-même de sa cage. Si des prélèvements doivent être réalisés, la présence du propriétaire est souhaitable, car il constitue un repère apaisant.
Manipuler un chat terrorisé représente un véritable challenge. Mais en adaptant ses méthodes à la psychologie de l’animal, la réalisation d’un examen clinique et de prélèvements sans tranquillisation est possible. Il s’agit de minimiser les signaux qu’il interprète comme des menaces (par exemple, dire « chut » crée un sifflement inquiétant). La contention d’un chat peu coopératif est facilitée par l’utilisation d’une serviette éponge comme barrière de protection. Il convient de lui laisser autant de contact que possible avec le sol (ou la table) et de garder sa tête à l’opposé de celle du praticien. L’idéal est de s’asseoir par terre et de le maintenir enveloppé dans une serviette entre ses jambes, ce qui procure une étreinte ferme et rassurante. Pour réaliser une prise de sang, le meilleur compromis pour le chat et l’assistant est d’envelopper la tête, le tronc et les membres antérieurs dans une serviette et de prélever le sang dans la veine saphène médiale, l’animal étant placé en décubitus latéral. Cette veine peut aussi aisément être utilisée pour poser un cathéter ou effectuer des injections intraveineuses. Une cystocentèse latérale peut également être réalisée dans cette position (agiter la vessie juste avant le prélèvement pour remettre les sédiments en suspension).
L’hospitalisation, qui s’effectue rarement dans des conditions idéales, est souvent éprouvante pour les chats. La plupart ne tolèrent pas plus de trois jours ces conditions de vie. Un bon aménagement des boxes peut augmenter significativement la qualité de la convalescence. L’idéal est de disposer de chenils distincts pour accueillir les chats et les chiens. Les cages en métal sont pratiques à nettoyer, mais elles ne sont pas confortables : c’est un support froid, bruyant et qui produit des reflets. Néanmoins, il est possible d’atténuer le bruit de la fermeture des grilles en enroulant un peu de bande élastique autour des tiges. Par ailleurs, les cages sont souvent trop petites. Or, le chat ne doit pas avoir en permanence le nez au-dessus de sa gamelle ou du bac de litière. Celui-ci doit être assez grand et nettoyé aussi souvent que nécessaire, et la gamelle, laissée à disposition, doit être assez large pour que l’animal ne soit pas gêné par ses moustaches. Le chat a besoin d’un perchoir, d’un sol confortable (préférer les alèses au papier journal) et si possible de quoi se “cacher”. En outre, si une alimentation thérapeutique est prescrite, il est préférable d’attendre quelques jours après son retour chez ses propriétaires pour procéder au changement (risque d’aversion alimentaire).
Le chat est devenu l’animal de compagnie numéro un. Pourtant, le nombre de visites annuelles diminue. Il est donc primordial d’améliorer l’accueil des félins dans les cliniques et de mieux communiquer avec leurs propriétaires sur l’importance de la médicalisation. Face à un chat peu coopératif, il ne faut pas oublier que les feulements, grognements, et autres vocalises ont pour but d’éviter de griffer et de mordre celui qui se trouve de l’autre côté de la table de consultation…
Margie Scherk, praticienne en pathologie féline au Canada.
Article rédigé d’après la conférence : « Tips from practice : how to handle cats smoothly… », présentée au congrès de la section vétérinaire de la Société française de félinotechnie, à Lyon, en novembre 2009.
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