14 % des Français achètent sur la Toile, “sans ordonnance”, des médicaments sur prescription

Pas de scoop, mais tout de même un petit électrochoc. L’étude⁽¹⁾ présentée par Pfizer (santé humaine) il y a quelques jours fait du bruit dans le milieu pharmaceutique. Menée dans quatorze pays européens, elle révèle notamment que 14 % des Français achètent des médicaments humains sur prescription sans ordonnances via l’Internet. En Europe, c’est le cas d’une personne interrogée sur cinq… Cela relance les débats sur l’exercice illégal de la pharmacie, la confusion du public et les risques de contrefaçons. Ainsi, près de 35 % des Français interrogés ne connaissent pas les risques encourus en achetant un médicament délivré sur ordonnance sans prescription médicale préalable. Ils sont pourtant bien réels. 50 à 90 % des médicaments vendus sur des sites seraient des contrefaçons.

Comment s’explique cet engouement pour l’achat de médicaments en ligne ? 32 % de nos concitoyens citent le gain de temps et la commodité, 27 % l’économie réalisée et 27 % la possibilité d’obtenir de cette façon un médicament sur prescription sans ordonnance. Cette enquête rejoint donc le débat initié en juillet dernier, qui avait fait couler beaucoup d’encre, lorsque l’Ordre des pharmaciens avait déposé une assignation en référé devant le tribunal de grande instance de Paris pour faire cesser la vente d’Alli (médicament contre l’obésité) sur le site Veavita.com.

Les professionnels aussi

La situation se complique encore lorsque certains pharmaciens ou groupements d’officines achètent eux-mêmes en ligne, révèle Le Moniteur des pharmacies dans son édition du 20 février dernier. Une pratique dénoncée par les instances ordinales des pharmaciens. L’hebdomadaire soulève aussi la délicate question des e-pharmacies : « Actuellement, rien n’interdit à un officinal d’ouvrir un site de vente en ligne, à condition d’exclure l’achat de médicaments soumis à prescription. L’e-pharmacie doit être le prolongement d’une pharmacie “physique”. »

L’étude du Crédoc publiée le 11 décembre dernier montre que près de la moitié de la population (52 %) utilise l’Internet pour obtenir des informations et des conseils de santé, ce qui risque de majorer les dangers liés aux achats de médicaments en ligne…

• (1) Cracking Counterfeit Europe.