Psychologie
Gestion
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Auteur(s) : Jean-Michel Saint-Omer
Pour autant que nous soyons prêts à l’entendre, notre rapport à l’argent nous renseigne sur nous-même. Si certains en doutent, il suffit de se remettre en mémoire l’affaire Bernard Madoff. Comme l’explique justement le psychiatre et psychanalyste David Krueger(1), cette énorme escroquerie « n’a été possible qu’avec notre participation et notre consentement, car il faut être au moins deux pour monter une arnaque ». L’explication est simple : les clients ont vu miroiter des perspectives de gains faisant écho à leurs rêves. Autrement dit, poursuit David Krueger, « ce n’est pas l’escroc qui nous trompe, c’est nous qui nous laissons prendre au piège, poussés par la même impulsion qui nous conduit à dépenser de l’argent que nous n’avons pas pour acheter des objets au-dessus de nos moyens ».
L’argent peut ainsi être synonyme d’esclavage (certains y laissent la santé), mais aussi de sécurité affective, pour compenser l’affection que nous ne donnons pas aux autres et qui nous culpabilise. Il peut également être synonyme de pouvoir ou encore de dépendance, servir de système d’évaluation personnelle et des autres, générer de l’altruisme ou de l’angoisse, etc.
Prenons l’exemple d’une demande de prêt bancaire pour l’achat d’un bien immobilier. Le client attend, plus ou moins fébrilement, mais toujours avec émotion, la réponse de sa banque. Cette dernière lui dit que ce n’est pas gagné d’avance, mais qu’elle va tout faire pour qu’il puisse l’obtenir. Il sera donc soulagé s’il a finalement gain de cause. Et il y a fort à parier que les conditions fixées (assurance, frais de dossier) seront acceptées sans objection, sans négocier, car le soulagement apporté par une réponse positive aura déclenché une vague d’émotion qui faussera le contenu de la transaction.
Une autre caractéristique courante de notre rapport à l’argent est le malaise que suscite toute discussion sur le sujet. Discuter d’argent avec ses parents, ses amis et même ses collaborateurs (y compris lorsqu’il s’agit de ses subordonnés) provoque souvent une gêne. Dissimulé sous le terme de pudeur, il s’agit pourtant bien d’un malaise.
L’argent revêt donc toutes les significations qu’on veut lui donner. Un bien ou l’argent lui-même sera regardé différemment selon la façon dont il a été obtenu. Cela explique l’attachement des Français à l’héritage. Certes, il s’agit de conserver la “mémoire”, mais la signification profonde va bien au-delà. Les décisions face à l’argent sont trop souvent prises sous le coup de l’émotion parce qu’elles font surgir de l’inconscient des motivations ignorées de la raison.
Le premier révélateur reste la façon dont ont été gagnés les premiers sous ou le premier salaire. L’argent gagné demeure notre relation mesurable aux objets, à la consommation. Il nous renvoie l’image de celui que nous voudrions être, mais aussi l’image de la peur de celui que nous sommes devenus. Au cours de la petite enfance, nous comprenons vite, avec l’argent de poche, ce qu’il nous permet de réaliser ou non. L’argent est à la fois récompense, frustration et fantasme. Il est souvent la condition plus ou moins affichée pour entrer dans un groupe et agit comme un passeport. Chez l’adolescent, il est donc synonyme de reconnaissance. Les psychiatres ont mis en évidence que les parents transmettent leur propre langage secret sur l’argent à leurs enfants. Bien entendu, ce processus se fait inconsciemment.
Il nous est possible de vivre sans comprendre notre rapport secret à l’argent. Mais à coup sûr, nous vivrons mal ou, plus précisément, moins pleinement. Il est donc intéressant de s’observer face à un possible achat dont nous n’avons pas besoin, mais que nous sommes pourtant prêts à effectuer. Il est aussi utile de se poser la question du refus d’une dépense objectivement indispensable. En somme, il faut, seul ou plus probablement avec un thérapeute si nous souffrons des conséquences de nos rapports à l’argent, travailler sur les émotions qu’il suscite. Le but est de parvenir à “refroidir” ce lien affectif. L’argent doit redevenir un instrument du nécessaire, plus modestement du possible, mais jamais de l’impossible.
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