L’enquête corse menée par l’Afssa conclut à de faibles risques pour 2010

La Corse n’a pas connu de foyer clinique de fièvre catarrhale ovine depuis 2005, tous sérotypes confondus. L’évaluation menée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), rendue fin décembre 2009⁽¹⁾, fait apparaître une situation épidémiologique maîtrisée. L’objectif de cette enquête était multiple : évaluer les possibilités de réintroduction et de diffusion des six sérotypes déjà présents ou suspectés dans l’île, déterminer les moyens de lutte pour permettre leur éradication ou leur maîtrise, et juger de l’opportunité de se limiter à la vaccination d’une seule espèce. Victime du sérotype 2 en 2000, puis du sérotype 4 en 2003, la Corse n’a présenté aucun foyer clinique depuis 2005, malgré l’arrivée des sérotypes 8 puis 1 en Europe. Elle est actuellement réglementée pour les sérotypes 1, 2, 4, 8 et 16. Quatre font l’objet d’une vaccination, obligatoire (1, 2 et 4 chez les ovins) ou facultative (8). Des contrôles sérologiques systématiques sont réalisés chez les veaux âgés de six à douze mois envoyés à l’abattoir, suivis d’une recherche virologique lors de résultat positif.

Le sérotype 16, présent en Italie et en Sardaigne, n’a jamais provoqué de foyer clinique en Corse. Des résultats positifs de plus en plus rares en séroneutralisation chez les veaux (quinze en 2008, un en 2009) permettent de conclure à son éradication. Il en serait de même pour le sérotype 2, car aucune séroconversion n’est observée depuis 2007. Il fait l’objet d’une vaccination obligatoire des ovins depuis presque dix ans et, pour l’Afssa, « le maintien du caractère obligatoire de la vaccination contre le sérotype 2 n’est pas justifié ». Cette vaccination est réalisée grâce à un vaccin bivalent contre les sérotypes 2 et 4. Au vu des résultats de l’épidémiosurveillance des veaux (entre 40 et 1 % des sérums sont positifs avec un titre maximal), le sérotype 4 circulerait encore de manière infraclinique dans l’île malgré la vaccination obligatoire des ovins depuis 2004.

L’agence propose de maintenir la vaccination obligatoire contre les sérotypes 1, 4 et 8

L’Afssa définit l’éradication comme « la disparition totale de foyers, mais aussi l’arrêt durable de circulation virale » et la maîtrise clinique par « une situation épidémiologique se traduisant par la circulation du virus et le maintien éventuel, au cours du temps, d’un faible nombre de foyers imputables à ce sérotype ». « Une vaccination massivement appliquée à une seule espèce cible pendant au moins trois années consécutives, suivie par une absence de circulation virale pendant un minimum de deux ans, constituerait une exigence minimale afin d’atteindre l’éradication d’un sérotype en Corse. » Dans un objectif d’éradication, l’agence propose donc une vaccination obligatoire contre les sérotypes 1, 4 et 8. Dans un but de maîtrise clinique, cette vaccination serait ciblée sur les jeunes animaux et les ovins.

Il apparaît cependant nécessaire d’améliorer la surveillance épidémiologique, grâce à une standardisation des méthodes de dosage, l’utilisation de sérums étalons pour la séroneutralisation et l’emploi des techniques d’amplification pour la virologie. Améliorer la qualité des prélèvements réalisés en abattoirs et la traçabilité serait également utile, d’après le Groupe d’expertise collective d’urgence (Gecu). L’existence de réactions croisées entre différents sérotypes et entre les anticorps neutralisants, ainsi que la protection maternelle ou vaccinale diminuent la fiabilité et la sensibilité des tests.

• (1) Avis de l’Afssa du 23/12/2009.