Directive “services”. Dans l’attente de la transposition en droit français
Actualité
Auteur(s) : Nicolas Fontenelle
Alors qu’un décret adaptant le Code rural à la directive “services” est en cours de rédaction, un courrier enjoint aux vétérinaires de respecter la législation en vigueur.
L’absence de transposition de la directive “services” dans les délais impartis n’autorise pas un libéralisme sauvage de l’exercice de notre profession. » Tout est dit ou presque dès la première phrase. Le courrier envoyé par le conseil régional de l’Ordre d’Ile-de-France à l’ensemble des praticiens de la région fait figure de mise en garde. « Ce n’est pas une mise en garde, car il n’y a pas de menace, rectifie Denis Avignon, son vice-président. C’est une mise au point. Nous rappelons la position de l’Ordre qui, dans cette affaire, n’a pas à dire le droit ou à interpréter les orientations de la directive. La transposition de ce texte se fait à droit constant. Tant qu’aucune disposition législative n’est actée, nous continuerons d’appliquer le Code de déontologie en vigueur. »
Aux praticiens qui tentent d’étendre leur périmètre d’activité en exploitant plusieurs lieux d’exercice ou de se lancer dans une communication commerciale élargie, le conseil régional suggère « la plus grande prudence » pour ne pas se « placer en difficulté en prenant des décisions prématurées ». Il rappelle que si « le droit communautaire permet d’invoquer les dispositions des directives non transposées », cette démarche ne peut se faire que sous certaines conditions. « Seules peuvent être invoquées devant les juridictions les dispositions claires, précises et inconditionnelles », assure-t-il. « Or aujourd’hui, s’agissant du domaine vétérinaire, nous sommes dans le flou », commente Denis Avignon. Peut-être plus pour longtemps.
Sur le front de la transposition, les choses avancent. Le rapport d’étape réalisé par le secrétariat général des affaires européennes, publié le 20 janvier dernier(1), signale que pour la profession vétérinaire, la publication d’un décret est prévue dans le courant du premier trimestre. S’il est légitime de douter de la date de sortie du texte, il est bel et bien en cours de rédaction. Il s’écrit, se peaufine, lors de multiples aller-retour entre la Direction générale de l’alimentation (DGAL), l’Ordre, les organisations représentatives de la profession (syndicats divers) et la commission interministérielle de transposition de la directive. Il s’agit de modifier certains articles du Code rural (donc du Code de déontologie) pour y inscrire les propositions formulées par l’Ordre voilà plusieurs semaines en vue d’adapter l’exercice vétérinaire aux exigences de la directive “services”.
Le décret entérine notamment la possibilité d’exercer dans plusieurs domiciles d’exercice professionnel (DPE), la fin de la limitation du nombre de salariés par associé, l’obligation de disposer au minimum d’une activité de vétérinaire à plein temps dans chaque DPE. Il met particulièrement l’accent sur « l’administrateur déontologique du DPE », un vétérinaire (titulaire ou salarié) chargé de veiller à la bonne tenue déontologique de sa structure (fonctionnement, continuité des soins, formation, etc.).
Toutefois, si la plupart des propositions de l’Ordre semblent incluses dans le projet, ce n’est pas lui qui aura le dernier mot, mais la DGAL. L’écriture actuelle pourrait donc évoluer si l’administration estime que le texte n’est pas conforme aux exigences de la directive. Mais ce n’est pas tout. Après la publication du décret, peut-être vers la fin mars, viendra le temps de ses circulaires d’application. Car si le décret fixe les grandes lignes du nouvel exercice vétérinaire post-directive, les détails, comme le profil de l’administrateur déontologique ou la définition précise de chaque type de DPE (dont certains inédits : DPE sans client, DPE spécialisé, etc.), seront, eux, inclus dans des circulaires plus larges. Quand paraîtront-elles ? « On peut espérer que ce sera rapidement après le décret, tant il y a désormais urgence, pour la France, à se conformer au texte européen », remarque Denis Avignon.
Mais même après la publication du décret et de ses circulaires, l’incertitude juridique demeurera pour les praticiens. Le processus de transposition européen, lui, ne sera pas clos. L’évaluation mutuelle, phase de concertation avec les autres pays européens pour mesurer et examiner leurs avancées législatives, ne trouvera sa conclusion qu’à la toute fin 2010, avec l’adoption d’un corpus commun applicable à tous les pays de l’Union. Plusieurs éléments contenus dans le décret ou les circulaires pourraient donc être retoqués, alors même que certains praticiens auraient modifié leurs structures conformément au nouveau Code de déontologie…
(1) Voir la Semaine Vétérinaire n° 1391 du 5/2/2010 en page 13 et www.sgae.gouv.fr.
Le décret à paraître ne semble pas vouloir modifier les possibilités actuelles de communication commerciale des praticiens. Pour la DGAL, cette question ne se pose pas au regard des exigences de la directive “services”. Ouvrir la communication est une proposition de l’Ordre, uniquement. Si ni le décret ni les circulaires à venir ne prévoient les conditions de cette ouverture, seule une interprétation plus large du texte actuel (par la jurisprudence des chambres de discipline) pourra apporter une solution.
N. F.Le courrier envoyé par le conseil régional d’Ile-de-France est aussi l’occasion de recenser les structures vétérinaires de la région par type d’activité. Un feuillet annexe à remplir par les praticiens leur demande de renseigner le type de domicile d’exercice dont ils sont titulaires (cabinet, clinique, CHV ou aucun), les espèces traitées habituellement ou occasionnellement et la gestion des urgences (pendant les horaires d’ouverture, sur le lieu d’exercice 24 heures/24, à domicile, etc.).
L’objectif est de réaliser une cartographie des modalités de prise en charge pour alimenter un site Internet (www.vetosiledefrance.org) qui sert déjà de répertoire au public. « L’amélioration constante de la qualité du service rendu au public est aussi un défi lancé par la directive “services”, remarque Denis Avignon. Cet annuaire en est un exemple. »
N. F.Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire