La vaccination du lapin contre la myxomatose et la maladie hémorragique est recommandée - La Semaine Vétérinaire n° 1394 du 26/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1394 du 26/02/2010

Prophylaxie chez le lagomorphe

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Valentine Chamard

Une fois déclarées, les deux affections sont généralement mortelles, d’où l’importance de la prévention.

Différentes formes de myxomatose existent. En clientèle canine, la principale est la forme nodulaire. Observée chez les lapins en contact avec des insectes piqueurs (moustiques, puces, cheyletielle, etc.), elle se caractérise par des nodules cutanés sur la face et la région ano-génitale. Une conjonctivite et une baisse de l’immunité, qui favorise les surinfections bactériennes, y sont associées.

Le tableau clinique dépend du statut immunitaire de l’animal. Un pic saisonnier est observé en été et en automne. Les lapins de garenne jouent un rôle de réservoir. La forme respiratoire est notée chez les lapins en milieu clos (élevage), tandis que la forme dite des “boutons rouges” affecte plutôt les lapins angoras après une épilation. Le risque de contamination est rare si le lapin ne sort pas, mais non nul. Le diagnostic différentiel inclut les autres causes de conjonctivite (stades précoces), la tréponématose (nodules génitaux et sur le nez), la pasteurellose (au moment des surinfections), les tumeurs fibromateuses, les fibrosarcomes, les myxosarcomes. Il convient, dans tous les cas, de réaliser une analyse histologique à partir d’une biopsie (lors de myxomatose, des corps de Splendore typiques sont observés).

Des fibromes postvaccinaux bénins sont couramment observés

Une fois déclarée, la maladie est létale dans presque tous les cas. L’euthanasie est conseillée si l’animal n’est pas vacciné. Il n’existe pas de traitement spécifique. Le traitement symptomatique (antibiotiques, perfusion, analgésie, etc.) peut s’étaler sur des semaines de soins intensifs. La chirurgie est indiquée lorsque les myxomes entraînent une gêne. La prévention est donc incontournable. Il convient de protéger l’animal des insectes piqueurs (moustiquaires, insecticides, éviter les zones d’eau stagnante, les contacts avec les lapins sauvages et les animaux porteurs de puces qui sont à traiter aussi) et de le vacciner correctement. Un animal vacciné peut développer la maladie, mais elle sera atténuée. Plus les vaccins sont à jour, plus le pronostic est bon et la récupération rapide. En général, seuls les lapins préalablement vaccinés ont une chance de guérison.

Le protocole consiste en une primovaccination en deux injections, entre quatre et cinq semaines d’âge, puis six semaines plus tard. Le rappel est réalisé tous les quatre à six mois selon le vaccin utilisé. Un protocole allégé peut néanmoins être proposé suivant les régions (notamment pour les vaccins à rappel tous les quatre mois), avec une primo-vaccination au printemps suivie d’un rappel un mois plus tard, qui permettrait une protection pendant cinq mois (période d’activité des insectes piqueurs).

Deux types de vaccins sont disponibles : hétérologues, à base du virus du fibrome de Shope (Lyomyxovax®, Dermyxovax®), ou homologues (Dervaximyxo SG33®, Dercunimyx® qui a aussi une valence VHD). Les vaccins homologues offrent une meilleure protection mais, en raison de leurs effets indésirables, ils sont à réserver aux milieux sains, ou après une primovaccination avec les vaccins hétérologues en milieu contaminé. Il convient de bien masser la zone d’injection.

Le lapin nain est moins sensible à la myxomatose (cela est peut-être lié à son milieu de vie), mais sujet à développer des fibromes postvaccinaux (observés dans 40 % des cas lors de l’emploi d’un vaccin hétérologue). Il est aussi courant d’observer, une semaine après la vaccination, un nodule au point d’injection, avec une perte de poils. Il régresse en quelques semaines, mais peut s’abcéder dans 5 % des cas. 25 % des lapins développent une apathie après la vaccination (moins marquée après les rappels) qui peut aller jusqu’à une dépression et une anorexie.

Il est possible de vacciner le même jour contre les deux maladies

Comme la myxomatose, la maladie hémorragique est mortelle une fois déclarée, mais peu fréquente chez le lapin nain, surtout s’il vit en milieu clos sans contact avec l’extérieur. Aucun traitement curatif n’existe, les antihémorragiques étant inefficaces. L’affection existe sous différentes formes : suraiguë (avec une mort sans aucun symptôme), classique (avec une hyperthermie à 41,5 °C suivie le lendemain d’anorexie, de diarrhée, de convulsions, parfois d’hémorragies externalisées et mort), chronique (avec en plus un ictère). Contrairement à certaines idées reçues, du sang présent sur le nez ou l’anus n’est observé que dans 10 % des cas.

Cette maladie est contagieuse. Le virus en cause (calicivirus) est résistant dans l’environnement. Il convient d’éviter le contact direct ou indirect avec les lapins sauvages et avec tout ce qu’ils ont pu contaminer (végétaux ou foin). Les insectes seraient des vecteurs passifs, de même que les chiens ou les chats. La vaccination est le moyen de protection le plus efficace.

Il n’existe que des vaccins inactivés adjuvés. Le flacon multiponctionnable, une fois entamé, doit être utilisé dans la journée. La primovaccination consiste en une injection unique par voie sous-cutanée ou intradermique à cinq semaines (Lapinject®, Dercunimyx®), huit semaines (Cunical®) ou dix semaines (Lapimune®), puis en un rappel tous les six mois (Cunical®) à un an (autres spécialités). Les réactions à la vaccination contre la maladie hémorragique sont rares. Même s’il ne s’agit pas d’une contre-indication, il convient toutefois d’éviter de vacciner les animaux pendant la gestation et la lactation.

Il est possible de réaliser, le même jour, les vaccinations contre la myxomatose et la maladie hémorragique. Dans ce cas, les injections sont effectuées en deux points différents, sans mélanger les produits, même si certaines notices recommandent, en l’absence d’étude d’interaction, de séparer les deux vaccinations de quinze jours. Cela peut être opportun chez un lapin à risque.

CONFÉRENCIÈRE

Emilie Tessier, praticienne à Loos-lez-Lille (Nord).

Article tiré de la conférence « Vaccinations : nouveautés », présentée au congrès Fecava 2009, à Lille.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur