La viabilité du poussin d’un jour est liée à la qualité de sa coquille

La qualité physique et sanitaire de la coquille des œufs à couver est essentielle à la protection de l’embryon et de ses annexes et conditionne la qualité des poussins d’un jour. Du point de vue sanitaire, « il existe un lien direct entre l’intégrité de la coquille, sa contamination de départ et la quantité de bactéries présentes à l’intérieur », a indiqué notre confrère Hervé Morin, directeur de la santé animale du groupe Grimaud (Loire-Atlantique)⁽¹⁾.

Les milliers de pores présents à la surface d’une coquille d’œuf constituent autant de portes d’entrée pour les micro-organismes. Bien que l’œuf soit doté de plusieurs protections naturelles, elles ne sont pas inaltérables. La cuticule subit des dégradations au fil du temps et des lavages. En outre, si les membranes coquillières forment un rempart efficace contre la pénétration de micro-organismes jusqu’à l’intérieur de l’œuf, leur éventuelle contamination extérieure sera transmise au poussin lors du bêchage (quand il casse sa coquille).

Les facteurs zootechniques conditionnent la solidité et la contamination de la coquille

La garantie de la qualité de la coquille passe par la maîtrise de facteurs zootechniques spécifiques au sein de l’élevage reproducteur, mais aussi par la décontamination précoce des œufs à couver. Ainsi, sont recherchés en élevage une ponte homogène, une maîtrise du poids de l’œuf et un taux de ponte au sol le plus faible possible. A ce titre, les facteurs listés par notre confrère sont l’alimentation des reproducteurs, la qualité des nids, celle du transport des œufs, la gestion des maladies intercurrentes, la prévention d’une température excessive, l’âge du troupeau et le poids de l’œuf.

Le poids de la coquille dépend de l’alimentation, mais également de l’âge des poules. Plus le troupeau de reproducteurs vieillit et plus le poids de la coquille diminue. A poids égal, la coquille perd entre 4 et 5 % de poids entre le début et la fin de la ponte. Pour un âge donné, le poids relatif de la coquille baisse avec l’augmentation du poids de l’œuf (- 3 % pour 10 g de poids supplémentaire).

La propreté des œufs est directement liée à celle des nids et à leur bonne fréquentation par les oiseaux. Pour éviter la ponte au sol, « les règles de base sont un nombre de places suffisant, des nids confortables, accessibles, mis à disposition précocement. Il faut éviter de créer des zones plus attractives que d’autres, qui induisent une augmentation de la fréquentation de certains nids et donc un accroissement du taux d’œufs sales », a expliqué notre confrère. De plus, « les canes ont pour particularité d’aimer pondre dans des endroits humides ». L’étude du taux d’éclosion d’œufs de canards mulards a montré l’impact de la propreté des œufs sur le taux d’éclosion. Dans les trois à six heures qui suivent la ponte, au moment du refroidissement de l’œuf, les milieux internes se contractent, ce qui entraîne la formation de la chambre à air de l’œuf. A ce moment, l’air extérieur et les contaminations sont aspirés, « d’où l’importance de la qualité de l’environnement, en particulier de celle du nid, de la propreté de l’œuf et de sa décontamination précoce ».

Le formol n’a pas de remplaçant à la hauteur de son efficacité

Différentes techniques de décontamination des œufs existent : la désinfection gazeuse au formaldéhyde, la pulvérisation de solutions désinfectantes, le lavage en bain chloré et les ultraviolets. L’utilisation du formol n’est pas interdite pour la décontamination des œufs, mais est compromise en raison de sa toxicité. La formolisation est délaissée à chaque fois qu’il existe une solution de remplacement. Toutefois, aucun des produits testés en pulvérisation (phénols, chlore, peroxydes) n’a l’efficacité du formol. D’autant « que les produits les plus efficaces sur les coquilles propres ne sont pas les plus efficaces sur les coquilles sales », a précisé Hervé Morin.

Seul le lavage des œufs en bain chloré permet d’atteindre un taux de décontamination proche de celui du formol. La flore totale est réduite de 5.10^E5 à 1,5.10^E2 UFC et les streptocoques fécaux sont éliminés (^{voir tableau}). La médaille a un revers : 5 % d’œufs fêlés en plus, des conditions de stockage plus délicates en raison de l’élimination de la cuticule lors du lavage et une maîtrise plus difficile de l’ensemble du process de décontamination, en particulier celui de la température des bains. Les produits désinfectants doivent être appliqués à une température supérieure à 38 °C, afin d’éviter un refroidissement de l’œuf et l’aspiration des contaminants de surface.

• (1) Le 13 mai dernier, lors de l’atelier aviaire organisé dans le cadre des Journées nationales des Groupements techniques vétérinaires.