Biochimie “liquide”
Gestion
S’ÉQUIPER
Auteur(s) : Lorenza Richard
Leurs évolutions, souvent méconnues des vétérinaires, permettent un emploi plus large, via les appareils semi-automatiques dans les petites structures ou automatiques dans les cliniques importantes.
La biochimie sur supports de réactifs liquides a longtemps été compliquée, car elle nécessitait des manipulations complexes et la reconstitution de réactifs lyophilisés peu stables. Les nouveaux systèmes désormais disponibles sont plus faciles d’utilisation et présentent un intérêt aussi bien technique qu’économique. Cent à cent cinquante structures vétérinaires en seraient aujourd’hui équipées.
L’intérêt technique réside dans la possibilité, grâce aux appareils automatiques, d’analyser plusieurs échantillons en même temps. Une analyse peut être lancée alors que la machine fonctionne déjà. Une grande variété d’analytes supplémentaires est disponible : fructosamine, GLDH, fer, β-hydroxy butyrate, transferrine, protéine C-réactive (CRP), apolipoprotéines (A, B), haptoglobine. Les analyses peuvent en outre être réalisées sur le plasma, le sérum ou les urines. La plupart des réactifs liquides sont prêts à l’emploi et stables durant un an. Ils sont conditionnés en petits flacons (50 ml, soit près de cent cinquante tests en appareil automatique) ou en grands flacons (125 ml, soit plus de quatre cents tests).
Le volume d’échantillon prélevé dépend de l’analyte considéré : il peut varier de 3 à 50 µl. Il suffit donc souvent de 150 à 200 µl pour réaliser un bilan complet. Il est possible d’obtenir des résultats pour des espèces de petit gabarit, notamment les nouveaux animaux de compagnie (NAC).
Du côté des prix, les réactifs de chimie liquide sont en moyenne vingt fois moins onéreux que ceux de chimie sèche (autour de 10 cts l’unité, au lieu de 2 € pour la chimie sèche). L’appareil est plus cher à l’achat (de 4 000 à 15 000 €, voire davantage selon l’analyseur et le contrat), mais son coût peut être amorti dès la première année, en raison du faible tarif des réactifs, essentiellement dans les cliniques où l’activité de laboratoire est importante. En outre, il est possible d’acheter les réactifs directement auprès du laboratoire qui les produit et ils s’adaptent à tous les types d’analyseurs en chimie liquide.
Toutefois, la biochimie dite “liquide” demande un temps d’adaptation et une formation plus longue que la chimie sur support de réactifs secs. En effet, les appareils semi-automatiques nécessitent une manipulation de la part de l’opérateur, qui procède au mélange de l’échantillon et du réactif pour chaque analyte à tester. La qualité du pipetage implique donc de possibles variations de résultats d’un utilisateur à l’autre. L’appareil semi-automatique s’adresse plutôt à un cabinet qui compte peu de manipulateurs différents et effectue un nombre d’analyses limité (moins de dix par jour). Chacune peut être réalisée indépendamment des autres, et le temps d’obtention du résultat est compris entre trente secondes et une minute.
Pour les structures qui développent une activité plus importante, des systèmes automatiques sont préférables. L’échantillon est alors déposé dans l’appareil, qui se charge du mélange avec les réactifs, de la lecture et du nettoyage. La durée de l’analyse dépend du nombre d’analytes demandés (environ neuf minutes pour un bilan “classique” de six analytes). La compétence technique nécessaire est moindre et le résultat ne varie pas selon l’utilisateur. La dilution peut être réalisée sur demande ou automatiquement, alors qu’elle est manuelle avec les appareils semi-automatiques.
Les appareils automatiques nécessitent une vérification régulière du niveau des réactifs, qui sont positionnés sur un portoir spécifique. La plupart étant prêts à l’emploi, il suffit de transvaser le liquide du conditionnement d’origine dans le flacon du portoir. Ce dernier étant posé sur un plateau réfrigéré, la stabilité des réactifs est suffisante pour un renouvellement toutes les deux ou trois semaines seulement. S’il reste un fond de réactif à cette occasion, il est préférable de le jeter. La quantité de réactif est gérée par le praticien, qui doit savoir doser le remplissage des flacons de sa machine d’après son activité, et ainsi limiter le gâchis. La formation dispensée, ainsi que la connaissance de son activité lui permettent d’acquérir cette compétence assez rapidement. En outre, en raison du bas prix des réactifs, le gâchis éventuel représente une perte négligeable.
Le contrôle régulier de l’appareil est conseillé (une fois par semaine en moyenne), pour s’assurer de son bon fonctionnement, de l’exactitude des résultats et du positionnement correct des réactifs. Les praticiens n’ont pas l’habitude de réaliser des vérifications aussi systématiques. Pourtant, tout appareil de laboratoire devrait subir un contrôle régulier. L’inspection consiste à analyser un sérum de contrôle. Elle peut être exécutée parallèlement à l’analyse de l’échantillon issu d’un animal traité par la structure. Si les résultats du contrôle sont en dehors des limites, il convient de s’assurer que les réactifs utilisés sont toujours valables, et de les changer si ce n’est pas le cas. Une fois la calibration des tests réalisée lors de l’installation de l’instrument, un ajustement peut se révéler nécessaire, par exemple lors d’un changement de lot de réactif.
Dans les petits cabinets, l’appareil semi-automatique et la nécessité d’une calibration et d’un contrôle régulier peuvent rebuter les praticiens. Mais dans les plus grandes structures qui utilisent un appareil automatique, la chimie sur support liquide peut se révéler particulièrement intéressante. Il s’agit seulement d’un changement d’habitudes à prendre.
• Le coût à l’analyse est fortement réduit. Vrai. Cela s’explique par le faible prix des réactifs et leur durée de vie d’un an.
• Les appareils sont plus chers. Vrai. Toutefois, si le prix à l’achat est plus élevé, le faible coût des réactifs amortit rapidement celui de l’appareil.
• Les réactifs peuvent être achetés directement au laboratoire qui les produit et s’adaptent à tous les analyseurs. Vrai. Il n’est pas nécessaire de passer par le fabricant de l’appareil pour obtenir les réactifs.
• La chimie liquide est compliquée et nécessite une formation plus longue. Vrai et faux. Inconnue des vétérinaires il y a encore peu de temps, cette technique demande un apprentissage pour manipuler correctement les appareils et les réactifs. Mais l’automatisation rend cette affirmation de moins en moins vraie. En outre, une fois le principe compris, il n’y a plus de difficulté.
• Les résultats varient selon le manipulateur. Vrai et faux. Avec un appareil semi-automatique, l’opérateur doit réaliser les mélanges manuellement. Les manipulations peuvent induire quelques différences de résultats s’il y a plusieurs opérateurs, d’où la nécessité d’une formation. Avec un appareil automatique, il n’y a aucune différence entre les manipulateurs.
• Les réactifs sont peu nombreux. Faux. La chimie liquide permet de réaliser des analyses variées sur des échantillons différents (sang, sérum, urine).
• Les réactifs sont à changer toutes les semaines, ce qui occasionne des pertes. Vrai. Toutefois, une bonne gestion des réactifs selon l’activité de la clinique permet d’éviter le gâchis, déjà peu important. En outre, le faible coût des réactifs réduit les pertes.
• Les appareils nécessitent un contrôle régulier. Vrai. Mais cela permet de vérifier le bon fonctionnement de l’appareil et de garantir l’exactitude des résultats.
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