Une contamination croisée entre homme, animal et produits laitiers est mise en évidence

Trois troupeaux de vaches laitières, dont le lait est utilisé pour la fabrication de fromages au lait cru, sont sélectionnés afin d’étudier l’intérêt de la technique MLVA (multi locus variable analysis) pour déterminer l’origine d’une contamination du lait par Staphylococcus aureus. Cette technique met à profit le nombre variable de répétitions de certains gènes pour définir le profil particulier de chaque souche. Leur niveau de contamination du lait de tank est important. Une prévalence de 20 à 30 % de quartiers infectés est observée.

Les recherches portent sur des prélèvements issus du lait de tank, du lait de quartier, des fromages, de la peau des trayons et de la machine à traire, mais aussi des fosses nasales et des mains du personnel de l’exploitation. Plusieurs profils sont ainsi discriminés après l’amplification par polymerase chain reaction (PCR) de plusieurs gènes. Le gène staphylokinase (Sak), marqueur potentiel des souches d’origine humaine, est également recherché.

Une analyse performante pour déterminer l’origine de la contamination

Dans tous les troupeaux, certains profils Sak négatif identiques sont retrouvés dans les échantillons du lait de quartier, de la peau des trayons, des mains de l’éleveur ou de l’homme qui a fait la traite, et dans certains fromages. Dans deux troupeaux, d’autres profils, Sak positif, sont présents uniquement chez l’éleveur et le personnel. En revanche, dans un seul troupeau, un profil Sak positif est identifié dans le lait, sur la peau des trayons et chez la personne qui a réalisé les prélèvements. Cette dernière est à l’origine de la contamination.

Cette étude montre que la technique MLVA est utile et performante pour génotyper les souches de S.aureus à l’origine de la contamination des produits laitiers, ainsi que pour en identifier l’origine. Dans un troupeau donné, certaines souches ne diffèrent que par un seul gène : elles résultent probablement d’une mutation à partir d’un ancêtre commun. Les infections mammaires apparaissent oligoclonales dans certains troupeaux et polyclonales dans d’autres, ce qui pourrait avoir des conséquences en termes d’efficacité des traitements et des stratégies à mettre en œuvre.

La source de contamination principale du lait et des fromages est la mamelle, mais l’homme peut aussi en être à l’origine. Les contaminations croisées homme/animal/produits laitiers sont possibles, d’où l’importance de l’hygiène de la traite lors du prélèvement des échantillons.

Le coût de l’analyse MLVA étant élevé, cette méthode ne peut être utilisée en routine. Son intérêt est épidémiologique, dans le but de rechercher l’origine des problèmes de contamination d’un élevage que les mesures classiques ne peuvent enrayer.

• Source : Bernard Poutrel : « Sources of contamination by Staphylococcus aureus of cow milk and cheese determined by MLVA », conférence présentée lors de l’European buiatrics forum à Marseille, en décembre 2009.