J’étais là… - La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Franck Chaduc

Fonctions : praticien à Moulins (Allier).

J’étais là le jour où l’Ordre des vétérinaires a dû faire appel à un consultant privé pour rappeler notre histoire et décrire notre profession(1). J’étais là le jour où, pendant les exposés, y compris celui de notre président, je n’ai quasiment pas entendu les mots “médecine” et “soins”, ni identifié une quelconque perspective par rapport à notre place en tant qu’acteurs de santé. J’étais là le jour où une assemblée régionale de seulement soixante-dix personnes, dont trente étudiants et enseignants (d’une école qui ne s’appelle déjà plus vétérinaire) et dix élus pour toute une région ordinale, a simplement baissé la tête devant la disparition programmée de notre profession. J’étais là le jour où la fissure entre le syndicat et l’Ordre est apparue dans une conférence publique, à propos de la délégation des actes. J’étais déjà là aussi quand un élu national de l’Ordre et un représentant national du syndicat n’ont pu répondre à ma question : « Avez-vous vraiment lu intégralement et en toute quiétude la directive “services” ? » Je pourrais peut-être dire plus tard, en jouant de la guitare sur une plage pendant une retraite la plus longue possible : j’étais là.

Sauf si chacun d’entre nous se prend en main. Si chacun (et d’abord nos représentants) lit vraiment et intégralement cette satanée directive “services” pour s’en imprégner, plutôt que de se contenter des condensés juridiques et techniques, et comprend que le problème n’est pas de “l’adapter”, mais d’en refuser la philosophie profonde. Si nos représentants écoutent le président de l’UNAPL, lui-même, déclarer qu’il ne comprend pas comment les vétérinaires peuvent s’inscrire dans la logique de cette directive. Peut-être les propositions faites par l’Ordre ne sont-elles pas si “mauvaises”. De toute façon, elles ne font que valider les comportements permanents de certains qui ne sont jamais inquiétés, aussi bien en termes de cabinets secondaires que de communication et de publicité. Elles permettraient certainement une plus grande équité : l’honnête vétérinaire qui a le respect de son Code de déontologie pourra enfin se défendre vis-à-vis des affairistes, sans risque de se voir puni en priorité (c’est connu, on s’en prend toujours au plus petit et à celui qui est le plus facile à punir). Mais le problème de fond reste entier. Cette directive, si elle est adaptée aujourd’hui, n’en a pas moins comme vocation d’être applicable in extenso à moyen terme. Et les adaptations que nous aurons “peut-être” (l’Ordre a reconnu le risque d’absence totale de prise en compte de nos intérêts par les pouvoirs politiques) ne seront plus applicables à moyen terme, car c’est la volonté écrite de cette directive.

Un autre point philosophique concerne la façon d’aborder notre “défense”. Toute la communication institutionnelle passe aujourd’hui par les éléments économiques, par la progression du chiffre d’affaires des structures vétérinaires, la gestion des investissements, la rentabilité. Dans un second temps vient la problématique de la continuité et de la permanence des soins. Ecoutées avec du recul, les trois conférences de cette soirée [réunion ordinale sur la directive “services”, Ndlr] donnent l’impression que l’objectif des vétérinaires en général est financier, alors qu’il doit être de soigner les animaux. Point. Le reste, notre revenu entre autres, en est une conséquence. On peut tout nous prendre, sauf le soin et l’animal. Ils doivent être la pierre angulaire de tout notre discours, car ils sont le moteur quotidien de la plupart d’entre nous(2). Et cela n’est pas l’objectif de la directive.

J’étais donc là. Sauf si la question écrite que nous avons pu poser à la Commission européenne se solde par une réponse nouvelle : « Non, les vétérinaires ne sont pas concernés par la directive “services. » Pourquoi ne pourrait-on pas rêver ? Les députés européens qui ont d’ores et déjà posé cette question officiellement et qui nous représentent autant que l’Ordre, en tant que citoyens européens, sont d’accord avec cette approche. Ils pensent qu’une directive spécifique des activités vétérinaires en général, liée à l’animal, regroupant les problématiques de soin, de protection animale, de vente, d’élevage, de protection de la nature et des espèces sauvages, est indispensable pour cerner réellement les problèmes, et donner sa vraie place au monde vétérinaire et au monde animal en Europe. Nous devons défendre cette position, notre Ordre doit s’en emparer et ne plus être le relais de visions nationales ou supranationales sans prospectives et globalisantes, mais un instrument de proposition. Alors, peut-être pourrons-nous dire aux générations futures, si chacun reprend son destin en main et que nous parvenons à changer ce destin que l’on nous dit déjà écrit : « Nous étions là. »

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