Santé publique et animale. Réunion de la Fédération vétérinaire internationale
Actualité
Auteur(s) : Marine Neveux
Les correspondants de la FVI, réunis au siège de l’OIE le 25 mars, ont échangé leurs expériences de terrain.
Les enjeux sont ceux de la santé animale et de la santé publique, mais il faut aussi avoir en tête ceux liés à l’environnement. » Joseph Domenech, du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), a ainsi introduit la journée consacrée aux « approches intégrées dans la santé animale et humaine », organisée par la Fédération vétérinaire internationale (FVI) le 25 mars dernier. La réunion s’est articulée à plusieurs reprises autour du concept “Une seule santé”, ce qui impose « une solution mondiale pour les maladies émergentes ou réémergentes », a souligné Kate Glynn, de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Pas simple dans le cadre de l’ouverture de certains écosystèmes récemment explorés par l’homme et du contact avec les populations animales qui y résident. Sans oublier l’évolution démographique et les changements climatiques. La donne est ainsi multifactorielle, ce qui implique une vision globale, mais la collaboration de multiples intervenants aux profils divers : écologistes, anthropologues, etc.
Or si le travail en “intersectorialité” est important, il se heurte à des barrières parfois difficiles à franchir, encore accentuées par le contexte international de cette collaboration. Toutefois, les choses avancent. Ainsi, « grâce à la grippe aviaire, beaucoup de choses se sont développées, des plates-formes d’alerte précoce ont été mises en place, etc. », a avancé Joseph Domenech. En outre, les actions régionales demeurent essentielles.
Si la collaboration entre la médecine vétérinaire et la médecine humaine est plébiscitée par tous, elle est loin d’être facile à mettre en place sur le terrain. « Dès la formation, il faut parvenir à mélanger ces personnes qui seront amenées à travailler ensemble », a affirmé Francis Geiger, professeur à l’école d’Alfort. Un point que partage notre confrère Bernard Vallat, auteur du récent rapport sur « un enseignement vétérinaire pour un monde plus sûr ». Il y indique ainsi : « Nous avons intégré des étudiants issus des facultés de médecine. Nous avons également proposé des enseignements croisés entre les écoles vétérinaires et la médecine. »
Le travail en collaboration n’est pas le seul écueil en matière de santé publique, animale et d’environnement. L’accessibilité aux données est souvent un autre frein, mis en exergue par de nombreux participants. Il s’agit d’ailleurs d’un sujet qui fait l’objet de réflexions dans le cadre des Etats généraux du sanitaire. « Le premier point concerne le statut des données, le second les outils d’extraction », selon Anne Bronner, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Les débats menés dans le cadre des Etats généraux s’orientent vers une meilleure mutualisation, un partage des données sanitaires et la mise en place d’infocentres. La création de plateformes régionale et nationale est également évoquée. « Nous pourrions imaginer un comité de pilotage où l’ensemble des partenaires de la surveillance seraient réellement représentés », a envisagé Pascal Hendrikx, de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa).
Notre confrère Eric Etter, du Centre international pour la recherche agronomique et le développement (Cirad), est confronté à une difficulté supplémentaire, car à l’accessibilité des données s’ajoute la question de leur fiabilité dans les pays en voie de développement. « En conséquence, nous tentons de construire des méthodes pour pallier les données absentes, d’introduire un niveau d’incertitude de la donnée. »
Se pencher sur l’accessibilité des informations suppose qu’elles existent. Ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, les participants ont pointé l’insuffisance des études socio-économiques.
Abordant les phénomènes de l’émergence, Stéphane de la Rocque, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a relevé la tendance française à oublier régulièrement les affections liées aux tiques et aux rongeurs. Or l’étude des maladies vectorielles est, bien entendu, importante. « Une arbovirose peut surgir dans le Var du jour au lendemain. » L’extension d’Aedes albopictus (responsable du Chikungunya) ou encore celle de Culicoides imicola (vecteur de plusieurs maladies, dont la blue tongue) montre « qu’il est capital de surveiller l’invasion des insectes ». Aedes repens est également un bon vecteur de la maladie de la fièvre de la vallée du Rift. La maladie poursuit actuellement sa progression en Afrique du Sud, avec quarante-sept cas déclarés chez l’homme cette année. En outre, le système épidémiologique de cette affection peut se révéler bien différent selon le contexte local (zones d’irrigation, etc.).
Stéphane de la Rocque n’a pas oublié d’évoquer Ixodes ricinus, soulignant ce qui lui apparaît comme un réel problème d’émergence : les encéphalites venant de l’Est.
Mais l’émergence n’est pas tout. Bernadette Abela-Ridder, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a ainsi mis l’accent sur la réémergence, « par exemple de la brucellose ».
Les risques sont donc omniprésents et de toutes natures, appelant à une vigilance accrue, fondée sur une solide coopération entre les acteurs de la santé publique, de la santé animale et de l’environnement.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire