L’échographie est une aide précieuse pour le diagnostic des affections digestives - La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010

Imagerie médicale chez le chat

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Auteur(s) : Pascaline Pey

Des pièges existent toutefois, ce qui nécessite des cytoponctions ou des biopsies pour confirmer le diagnostic.

L’utilisation de l’échographie en médecine vétérinaire est apparue il y a une trentaine d’années. Mais cela ne fait que dix ans environ qu’elle apporte un intérêt réel pour l’appareil digestif, grâce notamment au développement d’échographes à haute résolution spatiale et haute résolution en contraste.

L’échographie permet d’observer le contenu digestif, la paroi digestive, les différentes régions du tractus et la motilité digestive. Le contenu peut être liquidien anéchogène (il permet alors la visualisation de la paroi en profondeur), liquidien ou solide échogène, ou gazeux (à l’origine d’artefacts de réverbération). Il est donc recommandé de respecter une diète hydrique de six à douze heures avant l’examen pour limiter la présence de gaz luminal. L’estomac est en position rétro-hépatique gauche chez le chat. Lorsqu’il est collabé, ses plis fundiques sont marqués, formant une image en “rose” en coupe transversale. L’épaisseur de la paroi gastrique interpli est de 1,1 à 3,6 mm. Le duodénum se différencie des autres parties de l’intestin grêle par sa connexion au pylore et sa plus grande épaisseur pariétale (1,3 à 3,8 mm). La papille duodénale correspond à l’abouchement du canal commun (canal cholédoque et canal pancréatique) au duodénum. Son diamètre ne dépasse pas 4 mm. L’épaisseur de la paroi du jéjunum est de 1,5 à 2,5 mm, celle de l’iléon de 1,5 à 2,8 mm et celle du côlon de 1,1 à 1,9 mm. Chez le chat, l’iléon en coupe transversale présente un aspect en trèfle et le cæcum est petit.

L’étude de la motricité digestive en temps réel permet d’explorer les anomalies du transit

L’examen du contenu et de la motilité de l’appareil digestif permet d’identifier un iléus par une dilatation luminale associée à un arrêt du transit. L’échographie aide à distinguer un iléus paralytique (dilatation modérée généralement étendue) d’un iléus mécanique (dilatation marquée et segmentaire associée à une lésion obstructive en région distale). Elle permet aussi de déceler des lésions obstructives digestives comme une tumeur, une invagination ou des corps étrangers. Lorsqu’ils sont de petite taille, ces derniers forment généralement des images hyperéchogènes associées à un cône d’ombre intense. Une hypertrophie de la musculeuse en amont de l’obstruction peut être notée. Les corps étrangerslinéaires, fréquentschezle chat, sont souvent repérés par l’aspect plissé de la paroi intestinale autour d’eux. L’échographie permet en outre de rechercher des signes de perforation digestive (stéatite, épanchement, gaz péritonéal).

Les états inflammatoires s’accompagnent de modifications non spécifiques

Les états inflammatoires peuvent avoir une origine parasitaire, infectieuse, alimentaire ou idiopathique. Les modifications échographiques évocatrices d’inflammation intestinale sont un épaississement pariétal souvent discret à modéré (2 à 4 mm), symétrique et segmentaire étendu, une hypomotricité intestinale et une adénomégalie mésentérique. Les couches pariétales échographiques restent le plus souvent visibles. La muqueuse est parfois plus échogène qu’à l’accoutumée ou peut présenter une ligne échogène profonde parallèle à la sous-muqueuse. Il arrive que la musculeuse apparaisse épaissie.

L’ulcère digestif, rare chez le chat, forme un épaississement pariétal focal asymétrique, avec disparition des couches, centré sur une perte de substance muqueuse qui forme un cratère. Une origine iatrogène ou tumorale locale doit être suspectée.

Lors d’infestation ascaridienne importante, des vers adultes peuvent être visualisés dans la lumière intestinale.

Dans le cas d’une forme digestive de toxoplasmose,un épaississement diffus et marqué (> 6 mm) de la paroi intestinale et une altération des couches traduisant une inflammation fibrosante éosinophilique peuvent être constatés.

Les tumeurs intestinales sont rarement obstructives chez le chat

Les tumeurs digestives se caractérisent soit par un épaississement pariétal localisé marqué, avec une perte des couches (masse), qui peut être unique ou multiple, soit par un épaississement segmentaire plus ou moins étendu, qui peut être symétrique modéré avec des couches encore visibles. Le lymphome intestinal présente un aspect localisé de masse unique ou multiple, ou encore une forme segmentaire étendue avec un épaississement net de la musculeuse. Il est rarement obstructif. Le lymphome gastrique montre le plus souvent un épaississement pariétal important et étendu, hypoéchogène homogène, avec une perte complète des couches. Le mastocytome digestif se traduit par un aspect proche de celui du lymphome multifocal. Le carcinome intestinal a souvent un aspect localisé simple ou unique. La surface muqueuse au niveau de la lésion peut apparaître irrégulière. Une occlusion, avec des signes d’iléus mécanique, y est parfois associée, notamment lors d’atteinte de l’intestin grêle ou de la jonction iléocolique. L’adénopathie locorégionale peut être observée lors de tumeur digestive, mais elle n’est pas systématique.

Les signes d’anomalie digestive pariétale ne sont pas pathognomoniques

Lorsdelymphomeintestinaldiffus(lymphomeT), l’aspect relativement peu modifié de la paroi, dont les couches restent visibles, peut conduire à un diagnostic échographique erroné de maladie inflammatoire intestinale.

Un diagnostic échographique erroné de tumeur digestive peut être établi lors d’entérite granulomateuse associée à un corps étranger, une péritonite infectieuse féline ou un abcès intestinal.

Le diagnostic définitif des masses pariétales digestives requiert donc des cytoponctions ou des biopsies échoguidées des lésions. Celui des lésions pariétales diffuses fait appel à des biopsies chirurgicales “pleine paroi” de l’intestin.

CONFÉRENCIER

Hugues Gaillot, diplômé du Collège européen d’imagerie (ECVDI), praticien à la clinique Advetia (Paris).

Article rédigé d’après la conférence « Echographie du tube digestif chez le chat », présentée au congrès Fecava 2009, à Lille.

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