Equidés. Assemblée générale de la Ligue française pour la protection du cheval
Actualité
Auteur(s) : Marine Neveux
La disparition des DDSV, la prime à l’équarrissage et les Etats généraux du sanitaire ont nourri les débats.
La filière équine vit actuellement une mutation profonde. Les répercussions ont été abordées lors de l’assemblée générale de la Ligue française pour la protection du cheval (LFPC), qui s’est tenue à l’école d’Alfort, le 11 avril dernier. La présence des instances de tutelle et de la profession vétérinaire témoigne d’ailleurs des préoccupations des professionnels sur ce sujet.
L’assemblée générale et la réunion des délégués locaux ont été l’occasion de revenir sur les conséquences de la disparition des Directions départementales des services vétérinaires (DDSV), de la prime à l’équarrissage et sur les Etats généraux du sanitaire.
Le sujet de l’équarrissage est revenu sur le devant de la scène car, depuis le désengagement de l’Etat en juillet dernier, de réels problèmes se posent sur le terrain. « De multiples incidents sont pointés du doigt par nos délégués : surestimation du poids de l’animal enlevé, paiement exigé en Charente-Maritime après le passage de la tempête Xinthia, des prix multipliés par trois dans certaines régions, etc., a expliqué Bertrand Neveux, secrétaire général de la LFPC. Les grilles tarifaires proposées par le système ATM (animaux trouvés morts) défavorisent les particuliers qui ont avantage à ne pas adhérer à ces associations interprofessionnelles pour la gestion des cadavres d’équidés. » Une nouvelle grille tarifaire vient d’être publiée. « L’idée est d’aller vers une mutualisation par région et non interrégionale, les problématiques n’étant pas comparables », a précisé Charles de Certaines, qui représentait le ministre de l’Agriculture. « C’est aux pouvoirs publics de réagir avant qu’il n’y ait un drame ! C’est se voiler la face que de parler de gestion sanitaire, alors que des propriétaires enterrent leurs chevaux dans de la chaux, en raison du coût devenu exorbitant de l’équarrissage », a clamé un membre de la ligue.
L’association a décidé de répertorier toutes les pratiques locales des sociétés d’équarrissage pour dénoncer les dysfonctionnements actuels.
Alors que les débats “Animal et société” s’étaient bien gardés d’aborder les problématiques liées aux équidés, rien n’est à attendre non plus des Etats généraux du sanitaire, semble-t-il. Et pourtant, la publication du décret relatif au recensement des détenteurs d’équidés, réclamé depuis longtemps par la ligue, devrait intervenir prochainement. Il serait alors la base d’une nouvelle politique sanitaire équine, ce qu’a confirmé Charles de Certaines. Notre confrère Richard Corde, président de la LFPC, est allé plus loin : « Il est temps d’imposer un minimum de compétences avant d’acquérir un équidé. Exiger un certificat de détention comme en Suisse, dès lors que le détenteur n’a pas de diplômes ou de titres, est incontournable pour espérer améliorer la condition équine. »
Des membres de la ligue témoignent d’un nombre croissant de cas où les Directions départementales de la protection des populations (DDPP, ex-DDSV) ne se déplacent plus. « Pour pallier cette déficience, nous proposons que les vétérinaires déblayent déjà le terrain et que, lorsque l’un d’eux entre dans un élevage, il regarde les aspects sanitaires, mais aussi de bien-être », a déclaré notre confrère Jean-Pierre Kieffer. « Il serait peut-être opportun que dans la filière équine, le principe d’un bilan sanitaire soit rendu obligatoire pour tout détenteur d’équidé, a renchéri Bertrand Neveux. Il n’est pas normal que, selon le type de structure d’accueil, la politique sanitaire appliquée ne soit pas la même que dans l’exploitation voisine. » Abordant la problématique du remplissage du feuillet dédié aux traitements médicamenteux, Richard Corde a signalé que la Direction générale de l’alimentation (DGAL) a de nouveau été sensibilisée. Selon lui, la profession vétérinaire ne doit pas être laxiste face à des livrets non remplis, avant toute intervention ou injection de médicament.
En réponse aux interrogations des membres de la ligue, notre confrère Benoît Assémat, président du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire, a témoigné de son inquiétude face à la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui voit aujourd’hui les DDSV remaniées au sein des DDPP (ou DDCSPP). « Cette organisation est fragile, elle additionne des domaines extrêmement différents. Alors que les moyens sont déjà faibles, que les personnes dédiées aux chevaux sont si peu nombreuses, le risque de voir la prévention et l’intervention en cas de maltraitance reléguées sous les piles de dossiers est bien réel », a reconnu Benoît Assémat.
Une certitude a émergé durant cette journée de débats : la profession vétérinaire est au cœur des dispositifs de gestion du bien-être des équidés. Richard Corde a confirmé le rapprochement de la LFPC avec l’Association vétérinaire équine française (Avef) pour le développement d’un réseau de praticiens sentinelles, qui épauleront les délégués de la ligue et les professionnels locaux.
En outre, le projet d’un protocole de visite de contrôle des équidés est en cours de rédaction, pour aider les délégués locaux dans leurs missions. Un point non négligeable, face au triste constat dressé par Anne Riboulet, directeur technique national de la ligue, pour l’année 2009. Les relations avec les ex-DDSV sont contrastées selon les départements. Plusieurs membres déplorent leur manque de considération pour les problèmes rencontrés sur le terrain : des chevaux non identifiés, l’absence de fourrière pour grands animaux, le désengagement des services de l’Etat lors des procédures, l’absence de volonté politique d’améliorer la présence équine dans notre société.
A contrario, France Galop a confirmé son intention de sortir les galopeurs de la filière bouchère et de renforcer le fonds de reconversion cogéré avec la ligue par un apport financier supplémentaire et une sensibilisation plus “agressive” auprès des professionnels des courses de galop. Il reste à espérer que le secteur du trot rejoindra cette initiative, que plusieurs pays tentent d’imiter depuis quelques mois.
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