Vers un système de contrôle de l’acquisition des savoirs

A quand l’obligation de formation continue pour les vétérinaires ? « Passer d’un devoir déontologique à une obligation réglementaire viendra de l’Europe », répond Christian Rondeau, président du Conseil supérieur de l’Ordre. En termes de délais, il est donc difficile d’établir un pronostic.

La formation continue vétérinaire n’est pas récente et de nombreux organismes en proposent. Le Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire (CNVFCC) œuvre depuis des années pour la structurer. Plus récemment, il s’est attelé à concevoir un système de quantification, pour préparer la profession à une éventuelle évolution vers une formation obligatoire. « Personne ne viendra nous imposer un nouveau système, si celui qui est en place fonctionne », explique Jean-Yves Gauchot, président de l’Association vétérinaire équine française (Avef), qui siège au CNVFCC (voir encadré ci-contre). Les représentants de la profession ont donc pris les devants.

Structurer la formation en a amélioré la qualité

A l’instar des systèmes appliqués dans d’autres pays ou pour d’autres professions, celui mis en place par le CNVFCC s’appuie sur des “crédits formation continue” (CFC) que tout praticien obtient en suivant les formations dispensées par les organismes agréés, en lisant certains articles ou ouvrages scientifiques, en ayant une activité de formateur, etc. Les CFC sont valables cinq ans et correspondent, à l’unité, à vingt heures d’activité de formation. Le nombre de CFC à obtenir est de dix sur cinq ans.

L’un des objectifs du CNVFCC est que le catalogue de formations disponible soit le plus fourni et diversifié possible. Aujourd’hui, vingt et un organismes sont agréés. Les modalités d’agrément évitent les conflits d’intérêt, puisque l’activité du rapporteur nommé pour l’évaluation doit être étrangère au domaine de l’organisme qui postule.

Le système d’attribution des crédits est finalisé. Le conseil travaille donc désormais à cadrer le contrôle des acquis. Pour cela, l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) expérimente une évaluation fondée sur des questionnaires à choix multiples (QCM) complétés par les participants des sessions de formation. « Nous sommes loin d’un contrôle de connaissances, précise Eric Guaguère, président de l’Afvac. L’objectif est de vérifier que les principaux messages de la conférence sont passés. » Les questionnaires sont donc courts, clairs et sans piège.

L’idée est aussi d’améliorer la qualité des formations proposées. L’évaluation de la session par les participants est d’ailleurs une obligation. Plus généralement, les organismes de formation qui siègent au CNVFCC reconnaissent que leurs échanges au sein du conseil leur permettent de progresser et d’harmoniser la formation proposée. « Nous avons créé un comité pédagogique et formé nos formateurs », illustre Christophe Brard, président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).

Mais l’attribution des crédits et le contrôle des acquis ont un coût. L’Afvac évalue leur mise en place à 30 € par participant aux conférences. Les tarifs des formations, « bien en dessous de ceux pratiqués dans d’autres secteurs professionnels », pourraient être revus à la hausse.

Les formations attirent un tiers des vétérinaires

Aujourd’hui, environ un tiers des praticiens se forment régulièrement, selon les estimations. Seulement un tiers. Pour favoriser la formation continue, il serait intéressant de mieux cerner le profil des vétérinaires qui viennent en formation. Les statistiques établies lors du dernier congrès de la Fecava-Afvac, en décembre 2009, montrent par exemple que la moitié seulement des participants (53 %) étaient des adhérents de l’association, plutôt jeunes (60 % de moins de quarante ans), avec une répartition équilibrée entre hommes et femmes (respectivement 49 et 51 %).

L’éloignement des grandes villes et la pratique en solitaire sont des freins bien identifiés à la formation. Les organismes cherchent donc à proposer des sessions accessibles à chacun : le samedi et le dimanche, à distance (en ligne), etc. La moitié au moins des crédits doivent néanmoins être acquis lors de formations « en présentiel » (présence physique à des formations). Dans les mois à venir, le CNVFCC projette de mener une enquête sur les attentes des confrères et les invite à profiter de l’occasion pour s’exprimer.

Le coût de la formation est, bien entendu, un autre critère à considérer. L’offre est ainsi construite (aussi) dans le souci de correspondre aux conditions de prise en charge par le FIF-PL. Mais « si la formation continue vétérinaire devient obligatoire, la réglementation en aura nécessairement prévu le financement au préalable », assure Christian Rondeau.