La mise en place de la désinfection des trayons des chèvres est complexe - La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010

Qualité du lait

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Cavarait

La réussite de l’introduction du post-trempage repose sur la gestion globale de la santé mammaire.

La dégradation de la qualité du lait de chèvre inquiète. Entre juillet 2008 et juillet 2009, le taux de producteurs qui ont livré un lait sans points de pénalité liés aux numérations cellulaires a varié de 12 % à 55 % sur la zone du laboratoire interprofessionnel de Surgères. Les mammites des chèvres sont majoritairement subcliniques, avec une prédominance des staphylocoques coagulase négative. Face à cette situation épidémiologique et à l’absence de préparation des mamelles, le prétrempage et le post-trempage sont des pistes de nouveau explorées sur le terrain pour prévenir les nouvelles infections mammaires. Le 15 octobre 2009, lors de la Journée caprine organisée par le Groupement technique vétérinaire des Deux-Sèvres, un point sur les enquêtes déjà menées a été présenté par notre consœur Renée de Cremoux (Institut de l’élevage). « Le prétrempage des trayons des chèvres diminue de 29 % la fréquence des nouvelles infections mammaires, a-t-elle exposé. Toutefois, cette réduction n’est pas significative dans les conditions de notre étude(1). En effet, le protocole mis en place visait un objectif de 50 % de prévention des nouvelles infections. » De même, le prétrempage n’a pas d’effet sur les numérations cellulaires et le nombre de germes totaux dans le lait de tank. Ces résultats sont issus d’une étude menée en 2002 dans douze troupeaux caprins. Six élevages traités ont été comparés à six élevages témoins. L’effet du prétrempage a été évalué indépendamment d’un post-trempage associé. Par ailleurs, la faisabilité et le coût du prétrempage ont été étudiés.

La pratique du prétrempage est difficile à introduire

Le temps supplémentaire de traite induit par le prétrempage est en moyenne de 10,27 s par animal, soit 17 min par traite et pour cent chèvres. « Ce temps est plus élevé, mais relativement proche de celui mesuré pour le post-trempage », a indiqué notre consœur. La mise en place du post-trempage allonge chaque traite d’environ un quart d’heure. Le produit de prétrempage moussant a été apprécié par les trayeurs pour son pouvoir mouillant important, la réduction du gaspillage et les salissures limitées en cas de chute accidentelle du gobelet. Toutefois, le temps d’essuyage et la consommation de papier ont été décriés. Le stockage du papier, sa manipulation, son élimination et son coût sont les points négatifs listés. De plus, l’organisation de la traite, la manipulation et la gestion des lots sont perturbées par cette nouvelle pratique. L’ergonomie des salles de traite ne facilite pas le prétrempage. Renée de Cremoux a insisté sur la rigueur de l’essuyage lors de l’utilisation d’un produit iodé. La teneur en iode du lait de chèvre est naturellement élevée (0,09 mg/l). En l’absence d’essuyage, elle peut atteindre 0,426 mg/l. « Le prétrempage reste néanmoins une technique à retenir dans les cas de salmonellose », a recommandé notre consœur.

La mise en place du post-trempage se raisonne selon la prévalence des infections

Dans l’état actuel des connaissances, « le post-trempage apparaît comme l’une des seules mesures préventives susceptibles de limiter les récidives et de prévenir l’infection précoce des primipares », a exposé l’intervenante. La désinfection des trayons après la traite a été évaluée via l’évolution des numérations cellulaires individuelles et de troupeau dans cinquante et un élevages présentant des numérations cellulaires de tank élevées. Pour ceux-là, la moyenne géométrique annuelle était, en moyenne, égale à 1 399 000 cellules/ml de lait de tank. Dans les élevages dont les prévalences d’infections mammaires étaient les plus faibles(2), le post-trempage se traduit par une réduction de la fréquence des infections présumées à agents pathogènes mineurs et, chez les primipares, par une augmentation de la proportion des chèvres présumées saines. Il apparaît aussi favorable à la prévention des nouvelles infections, avec un risque relatif qui varie de 0,65 à 0,84 selon le type d’infection (agents pathogènes mineurs ou majeurs). Toutefois, cette tendance s’inverse dans les élevages dont la prévalence d’infections mammaires est la plus élevée (risque relatif supérieur à 3,7). A l’échelle du lait de tank, l’effet du post-trempage sur les numérations cellulaires n’est perceptible qu’en tout début de campagne laitière.

Ainsi, la mise en place du post-trempage doit être raisonnée selon la prévalence des infections et subordonnée à la mise en œuvre préalable de mesures curatives effectives. Dans les élevages qui ont une forte prévalence d’infections mammaires, notre consœur recommande le traitement généralisé au tarissement, des réformes réfléchies au regard de la santé mammaire au sens large, et pas uniquement au niveau des numérations cellulaires. De plus, il est intéressant de prendre en compte la conduite d’élevage dans son ensemble, le recours à des lactations longues, le désaisonnement, le groupement des mises bas, etc. En effet, l’étalement de ces dernières est propice au maintien de la pression d’infection dans l’élevage.

  • (1) Cette étude a été menée en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique de Nouzilly (Isère), l’entreprise Triballat située à Rians (Cher) et la société Ecolab.

  • (2) Les moyennes géométriques annuelles des laits de tank étaient comprises entre 585 000 et 1 210 000 cellules/ml à l’inclusion des élevages.

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