Charles Pilet désapprouve l’orientation de l’enseignement vétérinaire

Lors d’une communication à l’Académie vétérinaire le 6 mai dernier, Charles Pilet n’a pas mâché ses mots pour condamner le rapprochement de l’enseignement vétérinaire et des sciences agronomiques : « Je crois que nous ne pouvons pas laisser passer l’affront que l’on vient de nous faire en débaptisant nos écoles⁽¹⁾, c’est inacceptable », a-t-il déclaré. Son exposé visait plutôt à démontrer la nécessité de rapprocher médecine animale et médecine humaine. Il a souligné que notre profession s’était adaptée à l’évolution rurale et urbaine en se diversifiant. L’économie des productions animales qui fut jadis son cœur de métier ne l’est plus, 60 % des praticiens exercent aujourd’hui la médecine des animaux de compagnie. Il a rappelé la place des vétérinaires dans la recherche médicale, ainsi que les crises sanitaires de ces dernières décennies qui ont mis en vedette le rôle de l’animal dans la santé de l’homme, et donc celui des vétérinaires. Soucieux de respecter la diversité professionnelle, il n’en a pas moins constaté que les sciences de base, nécessaires aux études médicales et vétérinaires, étaient identiques. Aussi, l’ancien directeur de l’école d’Alfort a suggéré l’idée d’une classe préparatoire commune aux professions de santé (médecins, pharmaciens, dentistes, sages-femmes et vétérinaires), ainsi que la création d’un master en santé publique destiné aux vétérinaires et aux médecins.

La loi Bachelot est préjudiciable pour la profession

Si le rapprochement des deux médecines est une nécessité pour notre confrère, il s’est félicité que ce mouvement soit déjà enclenché grâce à certaines initiatives nationales (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne), européennes (avec par exemple la création de l’ECDC⁽²⁾) et internationales (avec le concept One World, One Health). « Les vétérinaires et leur académie doivent être parties prenantes dans les décisions concernant leur enseignement et leur recherche », a conclu Charles Pilet. André-Laurent Parodi a profité de cette intervention pour exprimer sa consternation face à « l’attitude schizophrène » de nos gouvernants : « Alors qu’on nous dit : un seul monde, une seule santé, nous héritons d’une loi (loi Bachelot) qui vient brutalement écarter la profession vétérinaire des professions de santé avec les conséquences que nous savons tous. C’est une attitude incompréhensible et hautement préjudiciable. »

L’Académie devrait bientôt communiquer pour réagir à l’orientation de l’enseignement et de la recherche vétérinaires dénoncée par Charles Pilet. Elle continue par ailleurs de consolider ses liens avec l’Académie de médecine dont messieurs Parodi et Pilet sont déjà membres.

• (1) Les écoles vétérinaires de Nantes et de Lyon ont respectivement été rebaptisées Oniris et VetAgro Sup.

• (2) Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.