Qu’attendez-vous d’un syndicat vétérinaire ?

Une défense corporatiste

J’attends d’un syndicat qu’il défende notre métier et ses intérêts, quitte à être taxé de corporatisme. De nombreuses autres professions et organisations tentent de récupérer une partie de nos activités. Un syndicat doit s’atteler à effectuer un travail de lobbying auprès des instances nationales et européennes afin d’éviter cela.

Nous sommes une profession peu étendue, qui ne pèse pas bien lourd face à d’autres, notamment dans le milieu de l’élevage. Pour faire entendre notre voix, nous devons alors pouvoir nous appuyer sur des représentants actifs. Le syndicat actuel pourrait être plus efficace, plus vindicatif. Il semble manquer de puissance. Mais je reste lucide sur notre marge de manœuvre face à la force d’autres professions, comme les pharmaciens qui sont au départ bien plus nombreux que nous.

Dans un tel contexte, être défendus par un syndicat unique m’apparaît être une situation acceptable. La multiplication de nos instances représentatives n’apporterait qu’une dilution des efforts et serait une source de divisions. Au final, elle risquerait d’entraîner une diminution de notre force de frappe, alors qu’au contraire, nous avons besoin de rester unis.

Transparence et impartialité

La mission d’un syndicat vétérinaire est de défendre les intérêts de notre profession auprès de l’Etat, et désormais de l’Europe, et face à d’autres professions concurrentes. Son rôle est alors de mettre en avant les caractéristiques propres à notre métier, afin d’éviter des dispositions inadaptées aux réalités de notre exercice. La réglementation sur la radioprotection en est une bonne illustration.

J’attends d’un syndicat qu’il soit fort. Cela repose en partie sur sa représentativité et sur son nombre d’adhérents. Sur ce point, je suis surprise que le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) ne soit pas plus actif dans son recrutement. Personne n’est venu me solliciter lors de mon installation, par exemple. Un syndicat doit aussi expliquer son fonctionnement et présenter des bilans financiers et d’activités transparents et concrets. Les adhérents méritent de savoir comment est utilisée leur cotisation. Il faudrait également éviter le mélange des genres. Dans la situation actuelle, le syndicat est une organisation qui semble à la fois juge et partie. Les activités annexes du SNVEL, commerciales avec la vente des certificats de vaccination par exemple, et surtout de formation au travers de Formavéto, induisent des doutes quant à son impartialité lorsqu’il négocie sur des sujets pour lesquels il a un intérêt par ailleurs.

Ce manque de clarté ne me motive pas pour me syndiquer. Je sais pourtant que je bénéficie indirectement des actions du syndicat, au moins en termes d’information. Il m’apparaîtrait presque plus logique que l’adhésion soit obligatoire (comme la cotisation ordinale), mais à un organisme complètement détaché de toute activité à enjeu économique.

Des vétérinaires pour les vétérinaires

La mission première d’un syndicat est de représenter ses adhérents : les praticiens salariés dans mon cas. Il est alors essentiel que ce soit des vétérinaires qui s’impliquent pour les vétérinaires. En effet, le syndicat participe à de multiples rencontres interprofessionnelles (commission paritaire, commission nationale pour l’emploi, etc.) au cours desquelles il est efficace s’il connaît bien le métier et son fonctionnement.

Ensuite, un syndicat représente une force de proposition, de négociation avec les autres instances professionnelles, comme l’Ordre des vétérinaires ou le syndicat des vétérinaires libéraux. Ce rôle est important, car il s’agit de discuter de la protection sociale (la mise en place d’une mutuelle de santé par exemple), de la convention collective, de notre rémunération, etc.

Un syndicat détient aussi une fonction de lobbying. Associé aux autres syndicats de la profession, il défend plus globalement les intérêts de cette dernière. Et de nombreux sujets méritent de travailler de concert, comme actuellement l’évolution de la prescription et la délivrance des médicaments, l’accès à des postes à responsabilité dans le secteur de la recherche ou de la biologie médicale.

Enfin, un syndicat doit apporter un soutien plus personnel à ses adhérents (juridique, moral ou même social), en faisant jouer son réseau d’intervenants.

Le syndicat auquel j’ai choisi d’adhérer répond à mes attentes, car il émane d’une structure de large envergure, capable d’apporter son expérience et d’importants moyens, financiers notamment. Ce sont plutôt les ressources humaines qui sont encore insuffisantes, car il faut être nombreux pour pouvoir intervenir simultanément sur tous les fronts.