Dermatologie canine et féline
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Julie Brackman
Allergologie, otologie, mycologie, parasitologie : plusieurs contrevérités ont été passées en revue par Dominique Heripret lors d’une conférence à Paris.
La positivité d’une intradermoréaction pour un allergène donné traduit seulement une sensibilité de l’animal face à ce dernier. A elle seule, cette positivité ne constitue donc pas un élément fiable permettant de diagnostiquer une dermatite atopique.
Diverses études menées chez des chiens atteints de dermatite atopique ou prurigineuse, mais pour lesquels le diagnostic final sera autre que celui de dermatite atopique, montrent qu’environ 30 à 75 % d’entre eux sont susceptibles de présenter une positivité à Dermatophagoïdes farinae, un acarien de la poussière de maison.
Le piège à éviter est celui du chien galeux ou atteint d’otodectose, car il existe des réactions allergiques croisées entre les agents de la gale et les acariens de poussière de maison.
Les résultats des intradermoréactions, dans le cadre d’une suspicion de dermatite atopique canine, doivent donc être interprétés avec prudence et confrontés rigoureusement au tableau clinique (symptômes, mode de vie, etc.). Il en est de même pour le dosage des immunoglobulines E (IgE) spécifiques d’allergènes : la sensibilité de ce dosage varie de 40 à 100 % selon les études et sa spécificité de 0 à 100 %. En outre, le seuil pour déclarer le test positif est décidé par le laboratoire ! Ainsi, un seuil bas générera beaucoup de faux positifs, ou inversement de nombreux faux négatifs pour un seuil haut…
Selon Dominique Heripret, la spécificité du dosage d’IgE dans le cadre de la recherche d’allergie alimentaire est de 0 %. Le recours à ces tests pour tenter d’établir un diagnostic d’allergie alimentaire relève donc de l’acte commercial plutôt que médical.
Ainsi, il recommande plutôt de se fonder sur les éléments cliniques pour diagnostiquer une dermatite atopique canine, d’autant qu’une nouvelle série de critères vient d’être publiée(1). Obtenir cinq des sept critères établis (voir encadré) équivaut à une sensibilité et à une spécificité d’environ 80 %, non améliorées par le recours aux tests d’allergologie précédemment cités. Selon notre confrère, la présence d’un prurit alésionnel comme critère de diagnostic n’est pas forcément judicieux, car il peut être dû à une association de dermatites, un prurit neuro-médié, une syringomyélie, un trouble du comportement, etc.
Chez le chat, en l’absence de critère clinique disponible, le diagnostic de dermatite atopique est encore impossible. Il s’agit, chez cette espèce, d’un diagnostic d’exclusion, ce qui est ennuyeux, car sont classés comme dermatite atopique féline des cas d’alopécie extensive comportementale, les lésions du complexe granulome éosinophilique, etc. De plus, chez le chat, aucun test allergologique n’est validé.
Peu d’études se sont intéressées à l’efficacité des protocoles de désensibilisation. Le conférencier ne la conseille pas forcément pour guérir un chien atteint de dermatite atopique, mais plutôt pour diminuer la charge médicamenteuse, améliorer le confort de vie, d’après un diagnostic rigoureusement établi, selon le cas et le propriétaire. Le traitement d’une dermatite atopique canine nécessite une gestion thérapeutique complète et une bonne communication avec les propriétaires.
Les échecs lors du traitement d’une otite sont plutôt dus à un nettoyage incomplet, un défaut d’observance, un sous-dosage des anti-infectieux (l’administration de gouttes ne permet pas une grande précision) ou encore à la présence d’une otite moyenne, d’un corps étranger, etc.
Les germes résistants tels que Pseudomonas ne sont pas présents en début d’otite, mais sélectionnés lors d’une mauvaise gestion de l’équilibre physiologique du conduit auditif.
Un examen microscopique, confronté au contexte clinique, est vivement recommandé.
En effet, les résultats se réfèrent à des concentrations minimales inhibitrices (CMI) sanguines, alors que l’antibiotique peut être directement administré au contact des germes (on passe alors d’une valeur sanguine de l’ordre du microgramme à une quantité d’antibiotique in situ de l’ordre du milligramme, soit mille fois plus !). La cytologie est bien plus utile pour la gestion thérapeutique et le suivi.
L’abaissement de la paroi latérale du conduit vertical du conduit auditif (technique de Zepp) a été créé pour apporter une meilleure ventilation, un meilleur écoulement des sécrétions et un meilleur accès pour l’administration de produits topiques. Cette technique n’a pas d’intérêt dans le cadre des otites externes chroniques (entre 50 et 85 % d’échecs) et présente de nombreuses complications (déhiscence, infection, etc.). Elle est donc seulement recommandée dans des cas précis, tels que le traitement d’un céruminome du conduit vertical ou celui, précoce, d’une sténose congénitale (chez le shar peï).
Les risques de résistance et l’utilisation raisonnée des antibiotiques conduisent plutôt à les utiliser dans les cas d’otites sévères ou difficiles à traiter.
Cette voie présente un intérêt lors d’otite moyenne, sous réserve qu’il n’y ait pas encore de lésion osseuse et après les résultats de l’antibiogramme.
Le traitement topique limite également la contamination de l’environnement. Son utilisation seul, sur les congénères sains, est possible. En revanche, le traitement systémique est incontournable pour les animaux symptomatiques et doit être maintenu au moins quinze jours à un mois au-delà de la guérison (culture négative).
La tonte des animaux teigneux à poils longs favorise nettement la guérison, mais il convient toutefois de ne pas traumatiser les animaux… et les propriétaires ! Chez les yorkshires et les chats persans, qui peuvent développer des formes sévères de teigne, la tonte diminue nettement le risque d’échec du traitement.
La culture fongique sur dermatophyte test medium (DTM) n’apporte généralement pas de résultats plus rapides que la culture en laboratoire. En outre, cette technique génère beaucoup de faux négatifs et de faux positifs.
Plus de la moitié des cas de gale sont cortico-sensibles ! Comme une hypersensibilité est mise en jeu, les corticoïdes améliorent le confort de l’animal (sans toutefois le guérir). Dominique Heripret précise que, contrairement aux idées reçues, une démodécie peut être prurigineuse.
Il est excessif d’affirmer qu’une seule piqûre de puce peut déclencher une dermatite par allergie aux piqûres de puces. Les animaux ont une sensibilité individuelle, mais il faut en général plusieurs piqûres.
De même, un bref contact entre deux chiens ne suffit généralement pas à la transmission de puces, il faut en moyenne un contact de deux heures pour cela. Un chien placé dans un environnement contaminé met aussi en moyenne deux heures à attraper une puce. La contamination a lieu, le plus souvent, à partir d’un site d’éclosion de cocons.
Un animal correctement traité contre les puces peut néanmoins abriter des puces vivantes sur son pelage. D’une part, les produits mettent un certain temps (quelques heures) à tuer les puces, qui recontaminent le chien. D’autre part, même si leur efficacité avoisine les 97 à 98 %, si la pression parasitaire est forte, certaines puces peuvent leur échapper.
• Apparition des premiers symptômes avant trois ans.
• Animal vivant surtout en intérieur.
• Prurit cortico-sensible.
• Atteinte des pavillons auriculaires.
• Pas d’atteinte du bord libre des pavillons auriculaires.
• Absence de lésions dorso-lombaires.
• Pododermatite antérieure.
J. B.Dominique Heripret, diplomate de l’European College of Veterinary Dermatology, praticien au CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne).
Article rédigé d’après la conférence « Stop aux idées reçues en dermatologie », organisée par le Gedac et Merial le 15 avril 2010 à Paris.
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