L’impact des poussières sur la santé respiratoire des éleveurs est avéré

Chez les éleveurs de poules pondeuses, plusieurs symptômes respiratoires chroniques, en particulier ceux évocateurs de la bronchite chronique, sont significativement liés à l’exposition individuelle aux poussières. Un constat réalisé après la prise en compte de l’âge, du sexe, du tabagisme et du nombre d’années de travail dans le milieu agricole.

Entre juin 2006 et septembre 2007, soixante-quatre chefs d’exploitation ou salariés bretons ont participé à l’étude épidémiologique menée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de Ploufragan. Son objectif était d’évaluer la qualité de l’air des élevages de poules pondeuses et son impact sur la santé respiratoire des éleveurs. Notre consœur Sophie Le Bouquin, de l’unité “épidémiologie et bien-être en aviculture et cuniculture” de l’Afssa, a présenté les résultats de cette étude lors des dernières journées de la recherche avicole.

La population des éleveurs de poules pondeuses est classée à risque

Dans les élevages au sol, le taux de poussières respirables alvéolaires ambiantes (particules inférieures à 4 µm) est significativement supérieur à celui mesuré dans les élevages en cage (0,36 mg/m³ versus 0,12 mg/m³). L’effet prépondérant de la capacité du local et du type de production sur le niveau d’empoussièrement du bâtiment est confirmé par l’analyse statistique. En outre, pour les élevages de poules en cage, le taux de poussières ambiantes augmente avec l’accroissement du nombre d’animaux par cage, leur âge, les conditions climatiques et le nombre de distributions d’aliment dans la journée.

Au sol, les taux de poussières sont plus élevés lors d’ajout de paille ou de copeaux et dépendent de la conception du bâtiment. Ainsi, un taux de poussières plus important est mesuré dans les poulaillers de moins de sept mille têtes, lors d’éclairage par des néons, si le bâtiment comporte des perchoirs et si le ramassage des œufs est manuel.

Chez les éleveurs de poules pondeuses au sol, le taux de poussières individuelles est significativement plus élevé que celui des éleveurs de poules pondeuses en cage (0,30 mg/m³ versus 0,18 mg/m³). 65 % des éleveurs de poules en cage présentent une concentration de poussières personnelles supérieures à celle du bâtiment, au lieu de 28 % des éleveurs au sol.

Les affections respiratoires sont plus fréquentes chez les éleveurs de poules pondeuses que dans la population générale française, mais similaires aux autres populations agricoles. Une relation positive significative est mise en évidence entre le taux de poussières individuelles et les symptômes respiratoires des éleveurs. Pour la bronchite chronique, un odds ratio de 4,21 a été calculé. Pour la toux chronique, il est égal à 2,8 et pour l’expectoration chronique à 2,07.