Comment gérez-vous les animaux de la faune sauvage - La Semaine Vétérinaire n° 1407 du 28/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1407 du 28/05/2010

Entre nous

FORUM

Responsabiliser ceux qui amènent l’animal

Christel Dordain-Bouesnard, praticienne mixte à Cornillon-en-Trièves (Isère).

Je suis installée en zone rurale et ce sont surtout des oiseaux blessés que les particuliers recueillent. Comme je travaille seule, les personnes ont pris l’habitude d’appeler avant de venir à la clinique. Cela me permet parfois de les diriger directement vers le centre de sauvegarde de la faune sauvage de Meylan, où les équipes sont compétentes. J’y envoie notamment les rapaces, car je ne connais pas les techniques de contention à employer pour ces espèces. Les autres sont les bienvenus en consultation où j’effectue les premiers soins, avant de les adresser au centre si des traitements complémentaires sont requis ou de les relâcher dans la nature. J’ai ainsi soigné un chevreuil, atteint d’une hémorragie pulmonaire, que j’ai stabilisé avant de le référer au centre de Meylan, qui est parvenu à le sauver. J’ai aussi le souvenir d’un bébé renard perdu par sa mère, que j’ai recueilli, nourri, puis offert à un parc animalier voisin.

Les “écologistes”, assez présents dans la région, ont sensibilisé les habitants au respect de la faune sauvage. Mais globalement, ceux-ci restent mal informés des démarches à suivre face à un animal blessé. Ceux qui me contactent ne sont pas tous des clients. Ils attendent surtout d’être débarrassés du problème. Je tiens malgré tout à les impliquer. Je demande par exemple une participation financière pour les soins. Ce sont eux qui portent l’animal au centre de sauvegarde, à une cinquantaine de kilomètres. Mais ils le font souvent de bon gré, car en montagne, prendre la voiture est une habitude.

Nous “réparons” bénévolement

Francis Alloncle, praticien mixte à Vierzon (Cher).

Nous exerçons en Sologne. La faune sauvage alentour est donc essentiellement du gibier : chevreuils, sangliers, quelques renards, qui sont retrouvés blessés ou qui s’égarent en zone habitée. Mon activité de vétérinaire pompier m’amène à effectuer des captures. Nous prodiguons alors des soins aux animaux qui le nécessitent, avant de leur rendre la liberté. Si l’intervention requise est trop conséquente, nous optons pour l’euthanasie. Lorsque l’animal est apporté par un particulier, nous le lui rendons après les soins.

Mais nous avons surtout développé des relations privilégiées avec le centre de soins UFCS(1) voisin. Nous recevons beaucoup de volatiles de diverses espèces, au moins deux par mois, envoyés par le centre ou par des confrères. Ce sont le plus souvent des rapaces nocturnes aux ailes cassées. Nous posons environ une dizaine de broches par an. Globalement, nous les “réparons” dans l’espoir qu’ils puissent revoler, avant de les confier au centre, dont le but est de les réintroduire dans leur milieu naturel. Tout ce travail est bénévole, et nous ne le ferions certainement pas sans la proximité de cette structure comme solution de placement après les traitements d’urgence. Evidemment, les particuliers qui apportent les animaux sont plutôt satisfaits de notre aide, qui les sort de l’embarras. Cela ne nous nuit pas !

En revanche, peu de personnes sont bien informées des dispositions à respecter sur le devenir de ces animaux, dont beaucoup d’espèces sont réglementées par la convention de Washington et la législation européenne. En tant que sapeur-pompier, je bénéficie d’une formation régulière. Les cours de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage m’apportent à chaque fois des informations nouvelles et actualisées.

Je suis une amoureuse des oiseaux

Marie-Pierre Lacoste, praticienne à Nice (Alpes-Maritimes).

Les oiseaux sont ma passion, et cela se sait : une grande volière anime ma salle d’attente et les clients me voient surveiller et nourrir les oisillons que j’héberge fréquemment en salle de consultation. Je reçois donc régulièrement des oiseaux sauvages blessés : rapaces (une quinzaine par an), colombidés, etc. Ils présentent le plus souvent des fractures. Selon l’espèce et sa valeur, je n’hésite pas à prodiguer des soins élaborés, comme une chirurgie sous anesthésie. Si possible, je les relâche moi-même. Mais si nécessaire, pour réapprendre à voler par exemple, je les adresse au centre de soins de Buoux. Au vu de la distance à parcourir (280 km), je ne leur confie que des individus capables de supporter le trajet.

Les particuliers ou les pompiers m’amènent aussi d’autres espèces sauvages, comme des renards, des marcassins ou des hérissons, victimes de disette, et qu’il suffit parfois de réalimenter.

En général, les personnes me sont reconnaissantes de prendre en charge l’animal qu’ils ont trouvé, d’autant plus que je ne leur demande aucune contribution financière. De plus, je les informe du devenir de l’animal, je leur transmets des photos par e-mail, et ils apprécient !

Il arrive régulièrement qu’ils souhaitent garder l’animal, en toute méconnaissance de la législation, des risques sanitaires et des difficultés pratiques de la domestication. Je les en informe donc, et c’est déjà une victoire lorsqu’ils acceptent de me le confier.

Beaucoup de confrères et d’autres intervenants (comme les ex-DSV) manquent également d’informations. Je bénéficie pour ma part des échanges entretenus au travers du réseau sud-ouest des vétérinaires pour la faune sauvage.

  • (1) Union française des centres de sauvegarde de la faune sauvage.

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