L’interprétation des radiographies s’effectue en trois phases - La Semaine Vétérinaire n° 1407 du 28/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1407 du 28/05/2010

Imagerie médicale chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Déchiffrer un cliché radiographique est un exercice difficile, source de pièges et d’artefacts qu’il convient de connaître afin de mieux les éviter.

La radiographie est une technique d’imagerie dont l’intérêt diagnostique est établi depuis longtemps. Il s’agit d’un outil incontournable de l’examen locomoteur, pour le diagnostic des boiteries et la visite d’achat. Cet examen complémentaire a connu, ces dernières années, des avancées considérables, avec le développement de techniques numériques qui permettent notamment d’améliorer le traitement des images.

L’interprétation d’un cliché radiographique reste cependant un exercice difficile, source de pièges et d’artefacts qu’il convient de connaître afin de les éviter. Il est souhaitable de s’imposer une démarche logique, rigoureuse et répétable de lecture des clichés, en suivant trois grandes étapes : la phase critique, la phase analytique et la synthèse.

Evaluer les caractéristiques techniques du cliché

La première phase s’intéresse aux caractères techniques du cliché radiographique. Elle permet d’évaluer la précision des informations que l’on peut en attendre, donc de son interprétation finale. Plusieurs paramètres sont évalués, qui peuvent donner lieu à des artefacts. Avant de radiographier une région anatomique, il est nécessaire au préalable de bien la préparer et de la brosser, afin d’éliminer d’éventuelles souillures sur les poils ou la corne qui se traduiraient par des traces denses, mimant des minéralisations ou des fragments osseux. De même, comme l’iode est une substance radio-opaque, il convient d’en éliminer tout résidu avant la réalisation du cliché. La préparation du pied doit être rigoureuse, le déferrage est indispensable pour les radiographies de face du pied, car le fer peut masquer une partie de la troisième phalange et de l’os sésamoïde distal. Les lacunes sont à combler avec du savon mou, par exemple, car un défaut de comblement se traduira par une ligne radiotransparente qui prendra l’aspect d’une fracture. Les qualités géométriques du cliché radiographique sont également critiquées. Le positionnement du membre doit être standardisé pour chaque incidence. Par exemple, sur les vues de face ou de profil des régions distales des membres, le canon doit être vertical, afin d’évaluer les aplombs, les espaces cartilagineux, les défauts de suspension des boulets. Un membre en protraction ou en rétraction ne permettra pas d’évaluer le type de défaut. L’incidence (cadrage, centrage et orientation du rayon incident) doit être adaptée à la région étudiée et au type de lésion recherchée. Ainsi, pour un boulet de face, un rayon incident peu descendant risque de masquer des lésions du condyle (facture, sclérose) par superpositions des os sésamoïdes proximaux avec l’articulation.

En outre, les qualités photographiques sont évaluées (constantes, netteté, qualité des films et du développement). Le choix des constantes est un point clé pour obtenir des images finement interprétables, car un cliché peu contrasté limite la mise en évidence de certaines anomalies (kystes osseux sous-chondraux, par exemple). Il convient également de limiter au maximum les flous géométrique et cinétique et le diffusé. L’utilisation d’une grille antidiffusante est conseillée, notamment pour les radiographies de face du pied.

Rechercher des signes radiographiques suspects et anormaux

La deuxième phase, analytique, consiste en la recherche systématique des signes radiographiques suspects et anormaux. Elle nécessite, en prérequis, une bonne connaissance de l’anatomie, des images radiographiques de référence, des variations interindividuelles et liées à l’âge (cartilage de croissance chez le jeune), ainsi que des sites lésionnels les plus fréquents (nodules d’ostéochondrose, arthrose, kystes, etc.). Afin d’exploiter de façon optimale chaque cliché, il faut en décomposer la lecture (aplombs, congruence articulaire, tissus mous) et examiner minutieusement les éléments osseux (espace cartilagineux, os sous-chondral, marges articulaires, insertions ligamentaires, etc.).

Synthétiser les informations dans un cadre global

La troisième phase permet de synthétiser les informations en les replaçant dans le cadre global de la consultation, en s’appuyant sur d’autres éléments comme l’anamnèse, mais avant tout sur les examens clinique, physique (recherches des tares et des déformations) et dynamique.

De nombreuses lésions, plus ou moins spectaculaires, sont bien tolérées par la plupart des chevaux et ne sont que rarement à l’origine de boiterie. A l’inverse, certaines anomalies fort discrètes peuvent être hautement significatives, comme des signes d’arthrose dans un boulet. En outre, pour un certain nombre d’anomalies osseuses, ainsi que pour les tissus mous, la radiographie seule ne permet pas d’établir le diagnostic. Elle sera alors complétée par l’échographie, voire par d’autres techniques d’imagerie médicale.

CONFÉRENCIERS

Maeva Seignour (Cirale), Sandrine Jacquet (Cirale) et Jean-Marie Denoix (Cirale)

Article tiré de la conférence « Les pièges à éviter lors de l’interprétation d’une radiographie », présentée lors du congrès annuel de l’Avef en octobre 2009 à Deauville.

VOIR AUSSI

• S. Mosseri, F. Desbrosse : « La radiographie du pied du cheval : technique, images normales », Pratique vétérinaire équine, 2002, vol. 34, numéro spécial, pp. 29-43.

• F. Desbrosse : « Les fractures du pied du cheval », Pratique vétérinaire équine, 2002, vol. 34, numéro spécial, pp. 75-83.

• O. Geoffroy : « Les arthropathies interphalangiennes distales », Pratique vétérinaire équine, 2003, n° 138, pp. 5-14.

• S. Caure : « Examen radiographique et phlébogramme : intérêt dans l’évaluation de la fourbure », Pratique vétérinaire équine, 2009, n° 163, pp. 23-31.

• P. Lassalas : « L’évaluation des tissus mous du pied à l’aide de la radiographie numérique », Pratique vétérinaire équine, 2009, n° 163, pp. 17-21.

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