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Gestion d’une meute de loup
Formation continue
FAUNE SAUVAGE ET NAC
Auteur(s) : Véronique Luddeni
Lors de la capture annuelle des loups du parc Alpha (Saint-Martin-Vésubie, Alpes-Maritimes), deux louves ont été hystérectomisées.
La capture des loups en captivité est une activité régulière, qui vise notamment à établir un bilan de santé, à vérifier le fonctionnement de la puce électronique, à vermifuger et à vacciner.
Lors de la dernière opération au parc Alpha, trois autres objectifs étaient recherchés.
Tout d’abord, diminuer le nombre d’individus dans la “super” meute, afin d’éviter les interactions agonistiques et recréer une sorte de dispersion naturelle. Cela passe par la sortie du groupe de jeunes adultes, en l’occurrence onze individus (sur une meute initiale de vingt), transférés au parc d’Orlu (Ariège).
Ensuite, enrichir une banque de données épidémiologiques (statut immunologique vis-à-vis de la leishmaniose, en partenariat avec le Réseau d’épidémiologie franco-italien des zoonoses, Resfiz) et hématologiques sur les loups (voir encadré sur les normes hématologiques).
Enfin, gérer les meutes pour une prospective à long terme. L’équipe du parc Alpha a opté pour la stérilisation de deux femelles subalternes de la meute (nées en 2003). Le but est de diminuer le nombre de portées au printemps 2010. Cette méthode est assez innovante. En effet, dans la plupart des parcs bien encadrés, le taux de reproduction devient exponentiel au fil des années. La reproduction ne suit plus le schéma classique de la vie au naturel.
Dans la vie sauvage, le couple dominant veille à la survie de la meute, que ce soit par la chasse, la fuite ou l’adéquation de la population au biotope présent (pôle de nourriture suffisant). Ainsi, le couple dominant, même s’il ne peut surveiller l’ensemble des individus toute la journée, veille au contrôle des naissances. Cela passe communément par des attaques, des arrêts brutaux de coïts, mais aussi par une stérilisation psychique. Il existe ainsi des avortements indirects par harcèlement : un tel cas a été observé au parc Alpha chez une jeune femelle gravide de quarante-cinq jours, qui a avorté à la suite des attaques de la louve dominante, l’empêchant de manger à sa guise et la désocialisant du groupe. Au-delà de douze individus, le couple dominant ne peut plus gérer l’ensemble des contacts. Dans ce cas, la plupart des femelles laissent parler leur pic ovulatoire, à la suite d’un œstrus particulièrement long (voir encadré sur le cycle œstral de la louve). Si le couple dominant ne ressent pas d’inquiétude vis-à-vis de l’environnement (nourriture suffisante, absence de stress), ni la possibilité spatiale de gérer les contacts de l’ensemble des couples potentiels, une multitude de portées peuvent voir le jour en captivité. L’hystérectomie choisie permet alors aux femelles de garder leur statut hormonal et de rester dans le groupe. Pendant le prœstrus, elles pourront requalifier leur statut, avoir des comportement normaux de joutes, puis de monte, mais ne pourront plus mettre bas. Au parc Alpha, le choix s’est porté sur deux femelles sur cinq. Il faut en effet laisser la possibilité à la jeune femelle née en 2009 de pouvoir procréer d’ici à deux ou trois ans, quand les deux autres (nées en 2003 et 2004) seront trop vieilles pour se reproduire.
Les normes hématologiques du loup sont consultables sur WK-Vet.fr
La plupart des loups qui vivent à l’état sauvage quittent un jour leur meute natale. Chaque individu cherche naturellement l’opportunité de se reproduire et, à moins qu’un loup n’obtienne la place de reproducteur au sein de la meute dans laquelle il est né, il partira pour essayer de fonder une meute à son tour en colonisant de nouveaux territoires. La dynamique géographique et démographique de l’espèce s’exprime notamment par la dispersion. L’âge moyen au moment de la dispersion se situerait entre neuf et trente-six mois.
Le développement sexuel serait un facteur déclenchant du phénomène. La limitation des ressources alimentaires en est probablement un autre, déterminant : si la nourriture est limitée, les jeunes seront contraints de quitter le noyau familial et le territoire relativement tôt, parfois avant la maturité sexuelle. Quelle que soit la combinaison de facteurs qui provoquent la dispersion, l’équilibre de la meute et la survie de l’espèce sont en jeu.
Stéphanie RathierLors de la dernière capture des loups du parc Alpha, vingt-deux prises de sang ont été réalisées sur les loups. Notre consœur Véronique Luddeni a pu, en partenariat avec Melet Schloesing Laboratoires, finaliser le paramétrage de la banque “loup européen” sur son appareil d’hématologie, le MS4-5. L’analyse spécifique des prélèvements sanguins a permis d’obtenir des numérations formules complètes et fiables. Ces bilans hématologiques ont révélé une leucocytose de stress dominée par une lymphocytose, une polyglobulie associée à une macrocytose, une hyperhémoglobinémie et un hématocrite élevé. L’altitude à laquelle vivent les loups explique ces modifications physiologiques de la lignée rouge.
Isabelle Deuve-Riou• Le préœstrus
Chez les louves en captivité, sa durée est en moyenne de 15,7 jours (plus ou moins 1,6), soit environ le double par rapport aux chiennes. Dans la vie sauvage, cette durée a été évaluée à quarante-cinq jours, voire à soixante. Le préœstrus est caractérisé par un attrait accru des mâles envers les femelles, mais par un refus temporaire de celles-ci à toute approche copulatoire. Ce comportement est attribué, chez la femelle, à des concentrations sanguines accrues d’œstrogène, avec une montée de l’hormone variant de 10 à 12 pg/ml au début et de 30 à 50 pg/ml à la fin du préœstrus. Le taux de progestérone reste généralement en dessous de 1 ng/ml mais, comme chez la chienne, il peut augmenter jusqu’à 3 ng/ml entre le neuvième et le vingt et unième jour avant la montée préovulaire de l’œstrus.
• L’œstrus
Une étude sur des louves en captivité a montré que l’œstrus durait en moyenne neuf jours (plus ou moins 1,2) avec un maximum observé de quinze jours dans un cas. La durée et la variabilité de la période de déclenchement de ce même œstrus chez les louves sauvages sont peu connues. Cependant, le fait de savoir qu’une même femelle peut être réceptive sur un laps de temps d’un mois environ laisse supposer que l’œstrus pourrait être supérieur à la durée moyenne observée en captivité. Chez la louve, l’œstrus est caractérisé par un comportement sexuel positif envers le mâle qui comprend la station debout et stable, la présentation de la vulve avec la queue en retrait sur le côté, l’acceptation de la monte et de la poussée pelvienne du mâle. Ce comportement est alors attribué à un déclin du taux sanguin d’œstrogène.
David Mech et Luigi BoitaniNouveau : Découvrez le premier module
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