Le firocoxib élargit ses indications aux boiteries des chevaux par voies orale et injectable

Merial élargit l’offre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) indiqués chez les équidés en commercialisant, depuis le 15 juin, le firocoxib sous la marque Equioxx®. Cet AINS coxib présente des propriétés pharmacologiques (la cox2-sélectivité), mais aussi pharmacocinétiques (une demi-vie de trente à cinquante heures) inédites dans la panoplie des AINS disponibles.

La nouvelle gamme comprend deux présentations : une pâte orale conditionnée dans une seringue graduée adaptée au traitement quotidien d’un cheval de 600 kg et une solution injectable à 20 mg/ml présentée dans un flacon en verre multiponctionnable de 25 ml.

Pour le moment, Equioxx® est indiqué par voie orale ou injectable (en intraveineuse) dans le traitement de la douleur et de l’inflammation associées à de l’arthrose ou à des boiteries. Un développement est en cours en vue d’une extension d’indication aux coliques.

Le firocoxib est le premier AINS sélectif cox2 développé en Europe

L’avantage de cette sélectivité est bien connu des praticiens qui emploient déjà cet AINS chez le chien (Previcox®) ou d’autres coxibs chez l’homme. L’objectif est d’inhiber sélectivement, aux doses thérapeutiques, l’isoforme cox2, c’est-à-dire la “mauvaise” cyclo-oxygénase, dite inductible, à l’origine de la synthèse des prostaglandines proinflammatoires et donc de la douleur. A l’inverse, la “bonne” cyclo-oxygénase cox1, protectrice des muqueuses digestives contre les irritations et les ulcérations digestives, est protégée. Les risques d’effets indésirables digestifs liés aux AINS sont ainsi diminués.

Cette sélectivité de la cox2 par rapport à la cox1 est mesurée par le rapport IC₅₀cox1 (dose inhibant 50 % de la cox1) / IC₅₀cox2. L’AINS est dit sélectif cox2 lorsque ce rapport est supérieur à 100. Chez le cheval, le rapport de sélectivité mesuré in vitro sur du sang est compris entre 222 et 643 pour le firocoxib.

Le rapport bénéfice/risque du firocoxib serait donc plus favorable que les AINS non sélectifs. Le firocoxib a été testé jusqu’à 12,5 fois la dose thérapeutique et pendant quatre-vingt-douze jours, sans effets indésirables graves. Toutefois, le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP) signale des érosions ou des ulcérations bénignes possibles de la muqueuse orale et de la peau autour de la bouche.

Les effets indésirables digestifs des AINS chez les chevaux sont rapportés dans la littérature : ils se traduisent précocement par une diminution de l’appétit. Les AINS représenteraient 12 % des effets indésirables déclarés chez les chevaux (comme les vaccins). Toutefois, les déclarations de pharmacovigilance chez les équidés restent peu nombreuses (entre cinquante et cent par an en France).

Une posologie faible pour une action longue

Chez le cheval, le firocoxib s’emploie à une dose exceptionnellement faible : 0,1 mg/kg/j par voie orale pendant quatorze jours au maximum, 0,09 mg/kg/j (2,5 ml pour 550 à 600 kg) par voie intraveineuse. Ces posologies sont, de loin, les plus faibles de tous les AINS commercialisés pour les équidés. En outre, la biodisponibilité de la pâte orale est bonne (79 %). Mais le firocoxib est éliminé lentement, sous forme de métabolites inactifs, surtout par les urines. La demi-vie d’élimination est de trente heures après la première administration et de cinquante heures à J14. Un effet cumulatif est donc observé, avec un état d’équilibre (steady-state) atteint à J8. Surtout, il permet d’obtenir une bonne couverture analgésique en une prise par jour. Le temps d’attente “dopage” entre la dernière administration et la participation à une épreuve, recommandé par Merial, est donc assez long : treize jours environ.