Le plumage du manakin à ailes blanches lui permet de ponctuer sa parade nuptiale de sons

La plupart des vertébrés disposent d’un organe vocal interne qui leur permet de produire du son. A l’inverse, les arthropodes en émettent à l’aide de différentes parties de leur corps. Or, depuis quelques années, le manakin à ailes blanches (Machaeropterus deliciosus), petit passereau des forêts tropicales humides de Colombie et d’Equateur, intrigue les chercheurs, et notamment Kimberley Bostwick de l’université de Cornell, aux Etats-Unis.

Un cas de convergence évolutive entre vertébrés et arthropodes

En effet, celle-ci a supposé, dans un article publié en 2005⁽¹⁾, que le manakin à ailes blanches mâle “chantait” à l’aide de ses plumes lors de sa parade amoureuse. Pour prouver cette curieuse hypothèse, des analyses pointues de laboratoire et beaucoup de patience ont été nécessaires. Kimberley Bostwick et son équipe ont montré l’existence de plumes spécialisées à l’origine de ce “chant” singulier. Elles présentent une morphologie particulière et vibrent à une fréquence de 1 500 hertz⁽²⁾. Ils ont réussi à reproduire en laboratoire, à l’aide de ces plumes, le même son que celui émis par les oiseaux. A l’image des insectes qui “stridulent” en frictionnant différentes parties de leur anatomie l’une contre l’autre, le manakin mâle séduit sa femelle non plus uniquement grâce à la qualité, mais également à la sonorité de son plumage. Cet exemple illustre un cas de convergence évolutive entre une espèce de vertébrés, le manakin, et certaines espèces d’arthropodes, comme Hecatesia exultans, un lépidoptère australien qui stridule à l’aide de ses ailes.

• (1) K.S. Bostwick, R.O. Prum : « Courting bird sings with stridulating wing feathers », Science, 2005, vol. 309, n° 5735, p.736. (doi:10.1126/science.1111701).

• (2) K.S. Bostwick, D.O. Elias, A. Mason, F. Montealegre : « Resonating feathers produce courtship song », Proc. R. Soc. B, 2009, (doi:10.1098/rspb.2009.1576).