Un sanctuaire réhabilite gorilles et chimpanzés au Cameroun - La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010

Centre Ape Action Africa

Éclairage

INTERNATIONAL

Auteur(s) : Perrine de Vos

Destination Yaoundé, au Cameroun, au centre Ape Action Africa qui lutte contre le trafic de viande de brousse et récupère les orphelins et les primates détenus illégalement par des particuliers.

En septembre dernier, un appel aux dons de médicaments était lancé pour le centre Ape Action Africa(1), basé près de Yaoundé au Cameroun, dans le parc national du Méfou. Le projet de collecte a pu aboutir grâce à la générosité de nombreux confrères et à Sanofi Aventis. 45 kg de médicaments ont été acheminés, en mars dernier, jusqu’au centre. Ces traitements permettront de soigner les grands singes victimes du trafic de viande de brousse, avant de les placer dans des centres de réhabilitation.

Le centre Ape Action Africa, anciennement nommé Cameroon Wildlife Aid Fund (CWAF), a été créé en 1996 afin d’améliorer les conditions de détention des primates du zoo de Yaoundé, en leur redonnant un cadre de vie proche de la vie sauvage. Désormais, le sanctuaire regroupe plus de deux cent quatre-vingts primates (dont quatre-vingt-dix chimpanzés, dix-huit gorilles, des babouins, mandrills et singes, etc.). Par ailleurs, l’objectif est aussi de répondre aux menaces immédiates rencontrées par les gorilles et les chimpanzés en Afrique, et de travailler avec les collectivités afin d’élaborer des solutions à long terme et d’assurer leur survie dans la nature. Le centre récupère les chimpanzés et les gorilles détenus illégalement par des particuliers, et les orphelins victimes du braconnage, du trafic de la viande de brousse et de la déforestation.

Le centre fonctionne exclusivement grâce à un système de dons. La dépense annuelle en nourriture et en salaire des employés locaux se chiffre à plus de 130 000 €, d’où la nécessité du travail des bénévoles et du don de médicaments. Les gardiens, éducateurs et ouvriers sont tous africains et la plupart d’entre eux viennent des villages alentours.

La déforestation en cause dans la perte d’habitat des grands singes

Chaque année, la déforestation engendre la disparition d’une partie de la forêt tropicale, de la taille de l’Angleterre, et entraîne l’extinction de nombreuses espèces, dont les chimpanzés et les gorilles. Le centre collabore étroitement avec le gouvernement camerounais et d’autres organisations non gouvernementales, afin de mettre en place un programme d’éducation actif et dynamique avec les populations locales et de les sensibiliser aux problèmes de déforestation, de trafic de la viande de brousse et de protection des grands singes.

La perte d’habitat est l’une des principales menaces pour la survie, à long terme, des grands singes du Cameroun. Ce pays renferme plus de vingt millions d’hectares de forêt tropicale humide. Hélas, la déforestation met en péril ce précieux patrimoine naturel et les populations qui en dépendent. La demande croissante de bois tropicaux qui provient des pays occidentaux, d’Europe en particulier, menace les forêts tropicales d’Afrique de l’Ouest, principal habitat des grands singes.

Outre la destruction des habitats, les compagnies forestières construisent d’énormes routes en plein cœur des forêts tropicales, ce qui facilite l’accès aux braconniers. Ceux-ci transportent souvent leur butin sous forme de viande fumée, afin de rendre l’identification plus difficile lors des contrôles routiers. Le commerce de la viande de brousse est dangereux pour les gorilles bonobos et les chimpanzés notamment, dont le taux de reproduction est particulièrement faible (trois à cinq ans). Bien qu’interdite, leur viande est considérée comme un mets délicat et son prix élevé démontre que la loi est constamment violée.

L’époque où le chasseur tuait ces animaux pour nourrir sa famille est révolue, désormais, des groupes entiers sont décimés dans le seul but d’entretenir un commerce florissant. La demande qui émane de villes comme New York, Paris et Londres est en constante augmentation.

La consommation de viande de brousse peut être dangereuse

La viande de brousse ne subit pas de contrôle vétérinaire et peut représenter un facteur de maladies pour l’homme. Les conditions sanitaires de transport des animaux vers les marchés sont déplorables. Le risque de propagation de certaines affections est réel. En 1996, soixante-dix personnes contaminées par le virus Ebola sont mortes au Gabon. Or, deux ans plus tôt, 30 % des chimpanzés du parc national de Taï ont succombé à ce virus.

Selon une étude réalisée au Gabon, entre 20 000 et 30 000 t d’animaux sauvages sont consommées tous les ans, soit 17 kg de viande par an et par habitant, ce qui représente 14,5 milliards de francs CFA (100 000 CFA = 150 €). Evidemment, cela reste une estimation, dans la mesure où il est difficile de contrôler tous les marchés et les ventes directes auprès des chasseurs.

La législation de la protection de la faune sauvage n’est pas respectée et les sanctions sont rarement appliquées. Parfois, les gardes forestiers eux-mêmes pratiquent le commerce de viande de brousse. Ce trafic en entraîne un autre, celui des animaux de compagnie. L’exemple le plus frappant est celui des singes. Les parents sont tués pour être vendus sur les marchés et les orphelins sont récupérés pour être vendus comme animaux de compagnie. Ils endurent de nombreuses souffrances, aussi bien physiques que psychiques. En grandissant, ils deviennent indésirables et passent le reste de leur vie confinés dans de minuscules cages, les plus chanceux finiront dans des sanctuaires de réhabilitation. Comme pour beaucoup d’autres “biens” en Afrique, les profits générés par ce trafic n’enrichissent pas les chasseurs, mais les pays occidentaux.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1372 du 18/9/2009 en page 28.

Appel aux dons

La collecte de médicaments, gérée par notre consœur Perrine de Vos, devrait reprendre en janvier prochain, pour une livraison prévue en avril 2011. Consultez le site Internet http://www.help-greatapes.com

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