Dermatoses virales félines
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Gwenaël Outters
Les signes respiratoires sont, dans la plupart des cas, absents. La vaccination ne protège pas contre l’apparition des signes dermatologiques.
Les maladies virales en médecine féline sont un domaine en pleine évolution, avec le développement des moyens diagnostiques qui permettent actuellement la mise en évidence des agents pathogènes. Les viroses cutanées sont réputées rares, plutôt en raison d’un sous-diagnostic que d’une faible incidence.
La calicivirose peut avoir des répercussions cutanées. Le calicivirus félin est typiquement associé à une maladie respiratoire haute et à une conjonctivite. Il en existe de nombreuses souches, de pathogénicité et de tropisme tissulaire différents. L’infection peut prendre des formes cliniques variées (coryza, arthrite, syndrome systémique virulent, stomatite lymphoplasmocytaire). Les formes cutanées de calicivirose sont rencontrées chez les animaux jeunes, âgés de moins de 4,5 ans (moyenne 1,6 an). Souvent, plusieurs chats d’un même foyer sont atteints. La vaccination n’est pas protectrice contre l’apparition des lésions dermatologiques. Les signes respiratoires sont, dans la plupart des cas, absents. Ils peuvent cependant être antérieurs ou concomitants à la survenue des lésions cutanées.
Dans certains cas, les chats présentent de la fièvre, une dépression ou de l’anorexie. Un signe constant des dermatoses à calicivirus est l’apparition d’une stomatite au cours de la maladie, caractérisée par des ulcérations sur la langue et/ou le palais.
L’expression clinique cutanée de l’affection est variée. Il s’agit d’une dermatite nécrosante. Les lésions sont préférentiellement localisées sur la bouche, la face et aux extrémités. Elles sont peu spécifiques et se manifestent par des croûtes et des ulcérations. Lors de lésions sur les membres, celles-ci sont typiquement précédées par un œdème douloureux, suivi de l’apparition des ulcérations. Elles sont surtout situées autour des articulations des extrémités, ce qui entraîne fréquemment des boiteries. Il est rare de voir les vésicules avant les ulcérations. Sur la face, la maladie a une préférence pour le philtrum nasal, la truffe, les lèvres, le chanfrein (rarement sur les oreilles).
Les éléments de suspicion clinique d’une calicivirose sont les lésions nécrotiques de la face et des membres chez un jeune chat, la présence d’un œdème douloureux des extrémités associé à des ulcérations sur la langue ou sur le palais. Souvent, ces signes cutanés sont présents chez plusieurs chats d’un même foyer. Le diagnostic différentiel est à établir avec les morsures, la poxvirose, les streptococcies, l’herpèsvirose (rare) et les dermatites de contact.
L’histopathologie montre des lésions de nécrose épidermique bien délimitées. Le diagnostic de certitude repose sur la mise en évidence du virus dans les lésions cutanées. Cependant, le virus est fugace et l’immunohistochimie peut être négative.
L’évolution clinique est rapide et les signes cutanés régressent en dix à quatorze jours. L’administration d’antibiotiques à large spectre et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens accélère la guérison. Le virus est résistant dans le milieu extérieur, mais l’eau de Javel se révèle efficace.
Notre confrère Jan Declercq a identifié une autre forme de calicivirose chez les chattes qui ont subi une ovariectomie ou une intervention chirurgicale, à la suite de laquelle elles ont été contaminées par le virus par léchage. En phase postopératoire, l’animal est fiévreux, anorexique et déprimé. Sept à dix jours après l’opération apparaissent, au niveau de l’incision cutanée, des lésions nécrotiques et pustuleuses.
L’herpèsvirose (de type 1) peut être considérée comme une maladie rare. Elle ne touche généralement qu’un seul chat du foyer, un adulte qui a déjà présenté une herpèsvirose et héberge le virus dans le ganglion trigéminé. A la faveur d’un stress ou d’un traitement immunosuppresseur (corticoïdes), le virus est réactivé et peut évoquer des dermatites. Le virus a une prédilection pour la face dorsale du nez et pour la truffe. La maladie, chronique et récurrente, se manifeste par des ulcérations et des croûtes. L’herpèsvirose, comme la calicivirose, est caractérisée par des lésions asymétriques.
Les signes cliniques sont suggestifs. L’histopathologie met en évidence une dermite nécrosante épithéliale (parfois des inclusions intranucléaires) souvent associée à une accumulation d’éosinophiles. Le diagnostic peut également être établi par immunohistochimie ou par polymerase chain reaction (PCR). Il existe, dans les deux cas, des faux négatifs.
Le diagnostic différentiel est à faire avec les piqûres de moustiques, le complexe granulome éosinophilique félin et la poxvirose.
Les récidives sont fréquentes. Le traitement, difficile, consiste en la prescription de famciclovir (Oravir®(1)) à la posologie de 125 mg, deux à trois fois par jour pendant quatre à six semaines. Dans les formes récurrentes, il est possible d’administrer le médicament durant une semaine toutes les cinq à six semaines.
La poxvirose est une maladie due à un cowpoxvirus dont les petits rongeurs sont le réservoir. Il se transmet à la faveur d’une morsure. Cette maladie touche les chats chasseurs qui vivent dans un environnement rural. Elle apparaît surtout l’automne. Il existe deux manifestations cliniques. Dans le premier cas, une lésion unique apparaît sur la face ou sur les membres, qui ressemble à un abcès. Dans le second cas, le chat est présenté avec des lésions multiples, mais l’anamnèse évoque, au point de départ, une lésion unique.
La lésion typique inclut des papules ombiliquées, des croûtes et des ulcères. 20 % des chats atteints présentent des lésions buccales (vésicules ou ulcères). Des présentations atypiques sont rapportées, avec un œdème douloureux, une nécrose étendue ou une stomatite sans lésions cutanées. Les lésions régressent généralement en quatre à six semaines, aidées en cela par un traitement antibiotique. Des signes généraux graves (pneumonie, mort) sont observés chez des chats immunodéprimés (virus de la leucose et de l’immuno-déficience félines, administration de corticoïdes ou d’acétate de mégestrol).
La papule ombiliquée est relativement typique, d’autant plus qu’elle est associée à des lésions buccales. Le diagnostic repose sur la mise en évidence du virus dans les lésions ou sur la sérologie. L’examen histopathologie montre des corps d’inclusions éosinophiles intracytoplasmiques. La poxvirose est une zoonose qui peut être facilement évitée par des mesures d’hygiène (port de gants, nettoyage des cages à l’eau de Javel).
Jan Declercq, service de dermatologie, université vétérinaire de Gand (Belgique).
Article rédigé d’après la conférence « Dermatoses virales », présentée au congrès de la Fecava, en décembre 2009 à Lille.
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