Parasitologie
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean
Chez le cheval, l’objectif est de réduire l’expansion des populations résistantes aux anthelminthiques.
L’augmentation des populations de nématodes des ruminants et des chevaux résistants aux antiparasitaires est devenue une menace sérieuse pour la santé, le bien-être et la production des animaux dans de nombreuses régions du monde. Les stratégies contemporaines du contrôle des parasites doivent optimiser l’équilibre entre l’efficacité maximale des traitements, afin de minimiser les pertes de productivité et limiter le développement des résistances des molécules efficaces. Si la majorité des parasites internes des vaches, moutons et chevaux ont des hôtes spécifiques, les clefs du contrôle durable des parasites sont communes à toutes les espèces.
Une réunion internationale organisée par Pfizer, du 7 au 9 juin dernier à Barcelone (Espagne), a regroupé les meilleurs parasitologues mondiaux de différentes espèces, des universitaires et des praticiens pour évoquer les dernières avancées en matière de résistances des anthelminthiques, les effets des lactones macrocycliques sur l’environnement et les grands principes du contrôle durable du parasitisme. Des ateliers interactifs, auxquels participaient des experts et des praticiens de terrain, ont permis de dégager des lignes de conduite pratiques pour répondre aux objectifs énoncés.
Chez les chevaux, les stratégies des traitements suppressifs et/ou l’abus des anthelminthiques ont conduit à la sélection des petits strongles résistants aux médicaments habituellement utilisés. Le contrôle des cyathostomes chez le cheval repose habituellement sur trois classes principales d’anthelminthiques : les benzimidazoles (comme le fenbendazole), les tétrahydazoles (comme le pamoate de pyrantel) et les lactones macrocycliques (ivermectine et moxidectine). La résistance aux benzimidazoles est répandue, avec une prévalence qui peut atteindre 100 % dans certains pays où il est désormais quasiment impossible de trouver des populations de parasites sensibles. Des études du début des années 90 montrent que les résistances aux tétrahydazoles sont également en augmentation en Europe et en Amérique du Nord. En outre, depuis deux ans, des cas d’efficacité réduite de l’ivermectine sont décrits au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Encore plus récemment, un manque d’efficacité des lactones macrocycliques pour le contrôle des cysthostomes est observé au Brésil. Une telle situation est préoccupante, étant donné le pouvoir pathogène important des petits strongles, qui sont responsables de syndromes intestinaux graves, tant à l’état larvaire que par les formes adultes.
Une vaste étude, menée en 2008 en Europe, a effectivement évalué les résistances des cyathostomes aux grandes familles d’antiparasitaires. Au total, mille sept cent quatre chevaux ont été testés en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne. L’enquête reposait sur des tests de réduction de l’excrétion fécale des œufs (FECRTs). Les résultats indiquent que la résistance simple et/ou multiple des petits strongles est présente dans les trois pays et qu’elle est particulièrement répandue pour le fenbendazole et/ou le pyrantel. Une résistance multiple au fenbendazole, au pyrantel et à l’ivermectine a été mise en évidence dans un groupe de chevaux britanniques. Les lactones macrocycliques se sont révélées comme les médicaments les plus efficaces avec la preuve de résistances à l’ivermectine et l’activité la plus élevée pour la moxidectine, malgré un cas isolé d’efficacité réduite en Allemagne.
Ces données sont en faveur du développement et de la mise en place par les praticiens, les éleveurs et les propriétaires de nouveaux programmes de vermifugation et de lutte antiparasitaire, afin de réduire l’expansion des populations résistantes aux anthelminthiques et de préserver, le plus longtemps possible, leur efficacité, puisqu’aucune nouvelle molécule n’est d’actualité.
« Les résistances se produisent à chaque fois qu’un anthelminthique est utilisé dans une population de parasites. » Ce phénomène progressif apparaît en vingt à trente ans, mais peut, dans certains cas, être plus rapide.
La fréquence élevée des traitements antiparasitaires, le sous-dosage, l’utilisation d’une seule famille d’antiparasitaire et l’anéantissement des différents “refuges parasitaires” lors du traitement des effectifs jouent un rôle dans le développement des résistances. Les parasites dans un “refuge” sont ceux non atteints lors du traitement antiparasitaire (larves enkystées dans la muqueuse intestinale ou séjournant dans le milieu extérieur). Ils restent donc sensibles aux molécules utilisées et cette population parasitaire doit être absolument préservée, afin d’assurer le maintien de l’efficacité des molécules à long terme.
La résistance apparaît lorsque certains gènes, codant pour la tolérance à un antiparasitaire donné, s’accumulent au sein d’une population de parasites. La vitesse d’apparition des résistances au sein d’une population donnée dépend de nombreux facteurs liés au parasite, mais aussi aux méthodes d’élevage (nombre de chevaux, hygiène des écuries et des pâtures) et aux molécules utilisées (rotation insuffisante, fréquence trop intensive d’utilisation, mauvaise administration des médicaments).
Des recommandations générales (Scops pour Sustained Control of Parasites in Sheep et Cows pour Control of Worms Sustainably) sont publiées pour mettre en place les bonnes pratiques de la vermifugation chez les vaches et les moutons, et limiter le développement des résistances.
Mike Taylor et Rami CobbNouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire