Profession. Scrutin ordinal 2010
Actualité
Auteur(s) : Marine Neveux
A n’en pas douter, sur le papier, les candidats de cette année militent pour un mouvement de réforme et d’évolution. Décryptage avant le vote du 14 septembre.
Tour à tour décrié, flatté, vilipendé, cajolé, le Conseil supérieur de l’Ordre (CSO) cristallise bien souvent des sentiments contradictoires et les praticiens se trouvent, face à lui, dans une relation qui est loin d’être dépassionnée. Ainsi, que vous l’aimiez un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout, peu importe : l’indifférence n’a pas sa place. Dix-huit candidats s’engagent à mouiller leur chemise et se présentent aux prochaines élections du CSO, un nombre particulièrement élevé cette année. Vous n’en êtes pas ? Découvrez alors les profils de ceux qui sont passés des paroles à l’acte de candidature. En effet, tout praticien adhérant à l’Ordre pouvait postuler, jusqu’au 17 août dernier. Les votes auront lieu dans quelques jours.
Sans nul doute, les années à venir verront l’évolution de la profession, mais aussi la réforme de l’Ordre. Cela se ressent fortement dans les discours des prétendants. Tous sont tournés vers l’avenir, l’antienne des temps révolus nous est épargnée, l’heure est à l’action ! Sommes-nous devant un acte de démagogie de campagne électorale ou face à un vrai souhait de répondre aux attentes de la profession ?
Une enquête, réalisée en 2007 par l’Ordre(1), avait révélé les premières attentes des confrères par rapport à une réforme de l’institution, et surtout les points de crispation : « trop sévère », « une communication bridée », manque de représentativité et d’ouverture sur l’extérieur, souhait d’une gestion plus indépendante des litiges et d’une meilleure défense des accusés, mais aussi d’un rôle de soutien de la profession, etc. Les engagements des candidats semblent vouloir répondre aux carences pointées par cette enquête. Ils mettent en exergue, dans leurs professions de foi, les mutations à venir chez les vétérinaires. La période est unanimement reconnue comme une phase radicale d’évolution. La communication, un point récurrent d’insatisfaction des confrères, revient alors comme un credo de campagne. Une campagne qui fait aussi une large place aux enjeux de la directive “services”.
La tonalité dominante des professions de foi est, à la quasi-unanimité, celle de la défense de l’exercice vétérinaire, des prérogatives de la profession. Un ton syndical ? Après tout, est-il si éloigné du ton ordinal, alors qu’une vision prospective du CSO est attendue par ses adhérents ?
Nous sommes loin du rôle de l’empêcheur de tourner en rond, cité par 43 % des vétonautes lors d’un sondage réalisé sur le site WK-vet.fr, début 2009. Le rôle disciplinaire et de gendarme est en effet souvent la source majeure d’une perception sévère de l’Ordre. A modérer toutefois : dans ce même sondage, 52,5 % des confrères internautes voyaient l’institution comme un régulateur nécessaire, 4,5 % comme un bon défenseur de la profession.
« Trop éloigné de la base », « pas représentatif de la profession » sont pourtant des points récurrents qui ternissent l’image du CSO. Tous les candidats du cru 2010 n’ont en effet pas les mains dans la pratique. Certains ont même fait carrière dans des domaines éloignés de la profession. D’autres sont, au contraire, toujours en activité clinique, canine ou rurale.
Parmi les pistes de réforme de l’Ordre était d’ailleurs évoquée l’évolution des modalités d’élection, avec par exemple l’instauration d’une mesure qui obligerait les candidats à être en exercice (au moins à mi-temps). Evoqués également une limite d’âge ou au moins un nombre maximal de mandats. Un autre point a fait l’objet de discussions par les confrères, celui d’un scrutin universel, car à l’heure actuelle, il faut déjà être élu pour pouvoir élire l’instance supérieure. Faut-il aller jusqu’à des quotas selon le type d’activité pour que tous les profils d’exercice soient représentés ? Une question qui pourrait revenir sur le tapis avec la réforme de l’Ordre.
D’ici à ces éventuels projets d’évolution, le scrutin de l’année 2010 engage le vote de cent quatre-vingt-quatre conseilleurs ordinaux régionaux qui votent pour sept postes au Conseil supérieur.
Avant de réfléchir sur la parité homme-femme, le chemin reste long, car seule une consœur fait acte de candidature, sur les dix-huit prétendants… Une domination masculine fréquemment rencontrée lors des élections, qu’elles soient ordinales, syndicales, etc., voire au-delà de la profession vétérinaire. Quant à la moyenne d’âge des candidats, elle est de 48,5 ans, avec une candidature qui se détache, celle d’un confrère diplômé en 2008, Franck Péron.
En majorité, les profils des prétendants sont ceux de praticiens déjà engagés dans la vie de la profession en région, que ce soit comme conseillers régionaux, délégués syndicaux ou titulaires de postes au sein d’organismes de formation. Certaines affichent même une expérience bien ancrée au niveau national, comme en témoignent certaines candidatures à forte empreinte. Par exemple, Bernard Horgue est membre du conseil d’administration du SNVEL depuis sa création, et Didier-Noël Carlotti est une figure emblématique des deux dernières présidences de l’Afvac. Vers une seconde vie associative au sein de l’Ordre ? Verdict des urnes à la mi-septembre.
(1) Voir le dossier de La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/4/2008. Retrouvez l’intégralité des professions de foi sur WK-Vet, rubrique “Semaine Vétérinaire” puis “Compléments d’articles”.
Ils étaient 10 à se présenter aux dernières élections du CSO, ils sont 18 en lice cette année. Parmi eux, 4 sont des membres sortants (Michel Baussier, Jean-Pierre Cotard, Ghislaine Jançon, Michel Martin-Sisteron). En outre, 2 membres ont fait le choix de ne pas se représenter : Gérard Faure et Christian Rondeau, l’actuel président. Ainsi, au moins un quart du nouveau CSO sera de sang neuf.
7 postes sont à pourvoir : 6 postes d’élus en fin de mandat et 1 poste vacant à la suite du décès de notre confrère Yannick Poubanne. 184 conseillers ordinaux régionaux voteront pour eux le 14 septembre 2010 et, en cas de ballottage, le 26 octobre.
M. N.• Elections 2007 :
– 10 candidats : Pierre Brouillet, Pascal Fanuel, Gérard Faure, Cyrille Girard, Alain Grepinet, Janine Guaguère, Jacques Guérin, Jean-Louis Lavergne, Yannick Poubanne, Dona Sauvage.
– élus : Pierre Brouillet, Pascal Fanuel, Gérard Faure, Janine Guaguère, Jacques Guérin, Yannick Poubanne, Dona Sauvage.
• Elections 2005 :
– 7 candidats : Pierre Brouillet, Jacques Guérin, Yannick Poubanne, Pierre-Guy Fournier, Françoise Blum-Lemarchand, Loïc Dombreval, Marc Chazaux.
– élus : Pierre Brouillet, Jacques Guérin, YannickPoubanne.
• Elections 2004 :
– 8 candidats : Michel Baussier, Jean-Pierre Cotard, Pierre-Guy Fournier, Ghislaine Jançon, Daniel Laurent, Michel Martin-Sisteron, Christian Rondeau, Didier Schmidt-Morand.
– élus : Michel Baussier, Jean-Pierre Cotard, Ghislaine Jançon, Michel Martin-Sisteron, Christian Rondeau, Didier Schmidt-Morand.
CHRISTIAN ALLAIN (T 74)
« Il nous faut démontrer que nous sommes des experts habilités à la double charnière alimentation/santé publique et environnement/santé publique » (…) « et saisir l’opportunité de revendiquer une place de choix pour la profession dans les comités scientifiques où elle a été oubliée ». (…)« Seule une éthique professionnelle et écocitoyenne irréprochable permettra le maintien durable de la profession au niveau socio-économique que nous lui connaissons. »
DENIS AVIGNON (A 84)
« (…) accompagnons l’ensemble de la profession dans les bouleversements inévitables qu’engendrera la directive “services” » (…) « éclairons les confrères dans la grande mutation de la communication » (…) « justifions d’une connaissance pointue en droit des sociétés » (…) « veillons à l’épineux dossier de la délégation d’actes » (…) « proposons une attitude cohérente vis-à-vis de la prescription-délivrance de médicaments » (…) « prenons clairement position dans le dossier de la formation médicale continue ».
PHILIPPE BARALON (T 84)
« Il est possible d’assurer le développement et la réussite économique des entreprises vétérinaires dans le respect, non seulement des clients, des associés, des collaborateurs et de la réglementation, mais aussi de l’éthique et de la confraternité. »
MICHEL BAUSSIER (A 75)
« (…) des stratégies offensives vont s’imposer » (…) « poursuivre et achever la clarification du domaine réservé du vétérinaire » (…) « défendre la compétence pharmaceutique du vétérinaire » (…) « C’est le temps d’une nécessaire refonte radicale de notre Ordre » (…) « continuons à promouvoir en Europe une formation initiale de haut niveau » (…) « affirmons que le CSO et son président sont les représentants d’une profession au service de la santé animale et de la santé publique ».
PHILIPPE BONARELLI (T 85)
« Mettons en place un outil de communication qui permettra de sonder en direct, en temps réel, quantitativement et qualitativement, les opinions des acteurs du monde vétérinaire, praticiens essentiellement, mais aussi étudiants et autres intervenants, sur tous les sujets qui concernent la profession » (…) « développons l’usage de l’outil Internet ».
DIDIER-NOËL CARLOTTI (T 75)
Quatre axes : « 1. spécialisation vétérinaire, (…) tenir rigoureusement à jour le registre des spécialistes officiels » (…) « 2. formation continue vétérinaire, (…) promouvoir et encourager la FCV dans tous les domaines, à tous les niveaux » (…) « 3. l’Europe des vétérinaires, (…) établir des liens plus étroits avec toutes les instances vétérinaires appropriées » (…) « 4. participation aux dossiers en cours, (…) travaux sur les DPE et le statut des jeunes confrères en formation dans les grosses structures privées (…). »
FRANCK CHADUC (L 86)
« Nous pouvons encore nous battre pour que notre rôle médical soit reconnu et défendu par nos plus hautes instances. » (…) « De grands enjeux nous attendent, sur le médicament, la délégation d’actes, ou encore l’organisation des soins vétérinaires dans la société, et les années à venir décideront d’une renaissance de la profession et de son image ou de sa marginalisation et de sa paupérisation. »
JEAN-PIERRE COTARD (A 73)
« Attentif aux prochains défis et mutations que doit relever notre profession tant dans le domaine de la formation (initiale, continue) que dans la pratique et l’organisation professionnelle (directive “services”), je suis conscient du rôle essentiel que devra jouer le CSO dans les décisions qui engageront notre avenir commun. »
PAUL-MARIE GADOT (A 78)
« Dessinons les nouveaux contours de l’exercice vétérinaire, afin de concilier développement économique, profitabilité, qualité et continuité des soins au service de la santé animale, car nous sommes avant tout une profession médicale » (…) « veillons à ce que les règles qui s’imposent aux vétérinaires installés en France ne soient pas plus contraignantes que celles appliquées aux confrères installés dans les autres pays de l’Union, mais venant y exercer ».
MAURICE HIGELIN (L 84)
« L’Ordre doit continuer à faire entendre sa voix contre l’emprise croissante des instances de l’Union européenne, il doit poursuivre une réflexion éthique et stratégique sur les effets du lobbying afin que les vétérinaires conservent un poids au moins égal à tous ceux qui veulent de plus en plus se prévaloir de l’animal et de sa santé. »
BERNARD HORGUE (T 74)
« D’une part représenter la part la plus importante de la profession : le vétérinaire libéral, qu’il soit mixte, canin ou rural, d’autre part défendre, voire faire progresser les prérogatives liées à notre diplôme, enfin œuvrer pour que les modalités permettant de se soumettre à l’obligation déontologique de formation continue soient compatibles avec l’exercice libéral de chacun. »
GHISLAINE JANÇON (L 79)
« La défense de la qualité du service rendu est essentielle pour la reconnaissance de notre diplôme et de notre monopole d’exercice » (…) « la réforme (…) doit être menée à bien et permettre aux vétérinaires de mieux communiquer, de mieux s’organiser, et de mieux valoriser leurs compétences » (…) « un des dossiers qui me préoccupe est la mauvaise perception qu’a le public du rôle du vétérinaire en tant que prescripteur et surtout dispensateur du médicament ».
MICHEL MARTIN-SISTERON (T 73)
« Gérons les affaires judiciaires et la lutte contre l’exercice illégal de la médecine vétérinaire » (…) « des progrès sont encore à apporter dans la communication » (…) « soyons à la hauteur des enjeux de notre profession dans le contexte européen » (…) « La défense des divers domaines de notre activité, notamment en matière d’actes professionnels et de pharmacie, (…) est aussi le gage de notre pérennité. »
FRANCK PÉRON (A 08)
« Mes compétences d’expert dans le domaine du comportement et du bien-être animal et mon implication dans l’enseignement supérieur témoignent de mon engagement à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour une approche intégrative de l’animal permettant de mieux le connaître et donc de mieux le soigner. »
BRUNO NAQUET (A 82)
« Continuons à affirmer la place prépondérante du vétérinaire dans le monde agricole » (…) « réaffirmons que le mandat sanitaire est un pivot central » (…) « affirmons que le médicament vétérinaire est vital pour nos entreprises » (…) « aidons à améliorer encore la communication » (…) « continuons et précisons avec les organismes de formation le travail de définition des actes ».
THIERRY PEETERS (LIÈGE 82)
« Travaillons de concert avec les pharmaciens » (…) « supprimons les conflits d’intérêts liés à la délivrance : il n’est pas acceptable d’être liés à un lieu de délivrance, lien qui nie l’indépendance imposée par notre Code de déontologie » (…) « travaillons avec les groupements et la DGAL pour obtenir un réel suivi vétérinaire » (…) « éduquons les éleveurs à l’utilisation des médicaments pour les amener à une nécessaire traçabilité ».
DIDIER SCHMIDT-MORAND (T 76)
« La directive “services” ouvre un avenir passionnant » (…), « je suis très motivé au développement de l’entreprise vétérinaire » (…) « je me sens très impliqué dans ce développement professionnel [la spécialisation] qui touche toutes les facettes techniques de notre métier » (…) « participer à une organisation élémentaire [de la formation continue] pour garantir la qualité des soins ».
MARC VEILLY (T 85)
« J’ai la volonté de m’investir différemment et bénévolement pour la profession » (…) « la volonté de mettre à la disposition de la profession mes différentes compétences professionnelles et mes réseaux relationnels dans la perspective de construire le futur ».
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